Armes françaises au Yémen: « Cartographie d’un mensonge d’Etat »

Yémen Six photos JF

 

Ci-dessus six photos prises en Septembre 1971, avec un simple « instamatic Kodak », dans la vielle ville de Sanaa, capitale du Yémen, un patrimoine extraordinaire aujourd’hui en danger.

Vous trouverez ci-dessous quelques éléments extraits d’une enquête de Disclose sur l’utilisation des armes françaises au Yémen, deux reportages de Arte Info et une vidéo francetvinfo.fr sur cette affaire qui a pris les caractéristiques et la dimension d’un « mensonge d’État ». Je donne les liens nécessaires pour aller aux originaux de ces documents.

Voir : https://made-in-france.disclose.ngo/fr/chapter/yemen-papers

« Une fuite inédite de documents secret défense révèle l’usage massif d’armes françaises dans la guerre au Yémen. Après plusieurs mois d’enquête, Disclose démontre que ces armes sont employées contre des civils. »

« Une note de la Direction du Renseignement Militaire révèle pour la première fois la liste des armes françaises utilisées dans la guerre au Yémen. »

POURQUOI PUBLIER DES DOCUMENTS SECRET DEFENSE ?.. selon Disclose.ngo :

« Certains secrets méritent d’être révélés. En octobre 2018, Disclose a été destinataire de documents classés « confidentiel défense ». Un rapport de 15 pages concernant des armes françaises vendues à l’Arabie saoudite et aux Émirats arabes unis, deux pays impliqués dans une guerre sans fin au Yémen. Les informations qu’il contient doivent être portées à la connaissance du public.

Nous considérons en effet que leur publication est commandée par la nécessité d’ouvrir un débat équilibré sur les contrats d’armements liant l’État français à l’Arabie saoudite et aux Émirats arabes unis. Une nécessité d’autant plus impérieuse que ces documents dévoilent une volonté de dissimulation de la part du pourvoir exécutif.

Rédigé le 25 septembre 2018 par la direction du renseignement militaire (DRM), ce rapport a été remis au président de la République à l’occasion d’un conseil restreint de défense qui s’est tenu à l’Élysée, le 3 octobre 2018. Intitulé « Yémen : situation sécuritaire », il liste et cartographie pour la première fois une partie des armes vendues par la France et utilisées dans le conflit yéménite ; il prouve que des centaines de milliers de civils vivent sous la menace d’armes « made in France » et livre des informations qui nous permettent de démontrer que cet armement pourrait être impliqué dans des crimes de guerre. L’exécutif français connaît aujourd’hui l’ampleur du risque.

Par souci de sécurité, Disclose a accédé à la demande d’anonymat de ses sources. La loi Sapin II sur la protection des lanceurs d’alerte « exclut du régime de l’alerte » les « faits, informations ou documents couverts par le secret de la défense nationale ». A ce jour, nos sources ne sont donc pas protégées, malgré le caractère d’intérêt public de ces révélations. Précision utile : le rapport ne dévoile pas d’opérations militaires françaises en cours, et il ne met aucun personnel français en danger.

Outre cette note de 15 pages, nous publions ici un second document classé. Il est daté du 8 octobre 2018. Il a donc été rédigé quelques jours après la version remise à l’Élysée. Mais cette fois, il a été réduit à six pages, avant d’être envoyé à une liste de destinataires bien plus longue, une quarantaine au total répartis dans différents services et ministères. Dans cette synthèse à la diffusion large, les informations les plus dérangeantes ont disparu. Exit les cartes militaires et la recension des armes françaises impliquées dans la guerre. 

La publication de ces informations peut avoir un impact concret sur le débat public. Depuis plusieurs mois, des parlementaires demandent la création d’une commission d’enquête sur les ventes d’armes à l’Arabie saoudite et aux Émirats arabes unis. En vain. En commission des affaires étrangères ou de la défense, les députés qui posent une question aux ministres sur une potentielle responsabilité française n’obtiennent que des réponses parcellaires, voire mensongères. Les documents de la DRM prouvent que la représentation nationale a été délibérément tenue éloignée d’informations pourtant nécessaires à l’exercice de sa mission : le contrôle de la politique du gouvernement.

Pour toutes ces raisons et parce que le rôle de Disclose est de dévoiler des informations d’intérêt public, nous publions l’intégralité de ces documents que le pouvoir a voulu cacher. »

Voir aussi :

https://www.arte.tv/fr/videos/082803-000-A/crimes-de-guerre-au-yemen-quand-les-armes-europeennes-tuent/

« Ce film dévoile les dessous d’un trafic opaque, le double-discours de nos démocraties et les manquements du personnel politique européen. Il pose enfin une question fondamentale : en poursuivant le commerce avec l’Arabie saoudite, sommes-nous complices de crimes de guerre ? »

https://www.arte.tv/fr/videos/086089-022-A/yemen-des-armes-made-in-france/

https://www.francetvinfo.fr/monde/proche-orient/yemen/video-quand-la-ministre-des-armees-niait-l-utilisation-d-armes-francaises-au-yemen_3399629.html

Algérie: le mouvement populaire en photos…

Voici une série de 24 photos des immenses rassemblements populaires en Algérie. Ces photos proviennent d’ami(e)s et de connaissances personnelles à Alger. Cette publication est un hommage et un soutien à ce soulèvement pacifique, combatif, unitaire et porteur d’avenir pour l’Algérie et pour l’ensemble du peuple algérien.

Ce grand mouvement populaire exprime clairement, explicitement, avec force, avec dignité, et non sans humour, des aspirations sociales, démocratiques et politiques contre le système et le pouvoir en place.

Après la révolte de 1988, après « l’avertissement » des élections de 1990/1991 (et la terrible décennie qui a suivi), ce mouvement apparaît comme une chance et un espoir pour l’Algérie. C’est ce que nous disent de nombreux citoyens algériens.

Dans ce contexte, le peuple algérien et le peuple français doivent renforcer leur solidarité en particulier contre toutes les tendances dangereuses et tous les acteurs de la régression sociale et politique, contre le sectarisme et contre le racisme qui se manifeste outrageusement en France. L’Algérie et la France ont besoin d’une amitié et d’une coopération nouvelles. Les autorités françaises ont encore un sérieux chemin à faire pour y contribuer effectivement. JF

« Israël vote pour l’apartheid. » par Gidéon Levy – Haaretz

Voici un texte critique et ironique de Gidéon Levy, journaliste connu du Haaretz, quotidien israélien de gauche. Cet article a été publié le 7 avril, c’est à dire avant le scrutin. Gidéon Levy n’épargne ni Netanyahou, ni Gantz, et pas non plus les travaillistes. Il confirme l’écrasante majorité attendue contre une solution à 2 États, pour un État d’apartheid, pour la poursuite de la colonisation et de l’occupation militaire. Le « processus de paix » encore curieusement évoqué parfois dans des médias français, est bel et bien fini, mais il est mort depuis le début des années 2000… Les « grandes » formations politiques israéliennes (celles qui ont formé des majorités) ont toutes, dans la durée, contribué à cet « assassinat ciblé », cette manipulation politique d’envergure qui a nourrit la droite israélienne, avec l’extrême droite et même des vocations explicitement fascistes. La victoire de Netanyahou traduit ce crime contre le peuple palestinien, cet effondrement idéologique et cette incroyable lâcheté politique qui a fait taire toutes les autorités en France et ailleurs en Europe. Quel gouvernement osera prendre une initiative pour faire mentir le désespoir ? JF

Gideon_Levy
Gidéon Levy, Haaretz, le 7 avril 2019 :

« L’élection de mardi aura un résultat certain : une centaine de membres de la prochaine Knesset seront des partisans de l’apartheid. Ce fait est sans précédent dans les États démocratiques. Cent législateurs sur 120, une majorité archi-absolue qui soutient la continuation de la situation actuelle, à savoir l’apartheid.

Avec une majorité pareille, il sera possible pour la prochaine Knesset de déclarer officiellement Israël comme État d’apartheid. Face à un tel soutien à l’apartheid et compte tenu du caractère durable de l’occupation, aucune propagande ne pourra réfuter cette vérité toute simple : presque tous les Israéliens souhaitent que l’apartheid continue. Leur culot – ce qu’on appelle chutzpah en yiddish – atteignant des sommets, ils qualifient cela de démocratie, alors même que plus de 4 millions de personnes qui vivent près d’eux et sous leur domination n’ont pas le droit de voter pour cette élection.

Bien sûr, personne n’en parle, mais sous aucun autre régime dans le monde on ne peut voir deux localités limitrophes dont l’une, appelée colonie cisjordanienne, abrite des habitants dotés du droit de vote alors que leurs voisins, habitants d’un village palestinien, ne peuvent exercer ce droit. On a là l’apartheid dans toute sa splendeur, et presque tous les citoyens juifs de ce pays souhaitent qu’il continue à exister.

Cent membres de la Knesset seront élus sur des listes dites de droite, de gauche ou centristes, mais ce qu’elles ont en commun l’emporte sur leurs différences : aucune n’a l’intention de mettre fin à l’occupation. La droite l’affirme avec fierté, alors que le centre-gauche a recours à des illusions futiles pour brouiller les cartes, lançant des propositions de « conférence régionale » ou de « séparation sécurisée ». La différence entre ces deux regroupements est négligeable. À l’unisson, droite et gauche chantent « dites oui à l’apartheid ».

Dans ces conditions, cette élection n’a guère d’importance ; elle est loin d’être cruciale. Dispensons-nous de toute hystérie ou déclarations pathétiques sur ses résultats. Ni la guerre civile ni même une scission ne sont en jeu. Le peuple est plus uni que jamais, et se prononce pour l’apartheid. Quels que soient les résultats de mardi, le pays de l’occupant restera le pays de l’occupant. Cela le définit mieux que toute autre question marginale, par exemple la campagne du parti Zehut pour légaliser la marijuana.

Il n’y a donc pas de raison pour que nous retenions notre souffle en attendant les résultats. L’élection est déjà perdue. Pour les Juifs de ce pays, elle donnera le ton, elle déterminera à quel degré de démocratie, de primauté de la loi, de corruption ils vont vivre, mais elle ne fera rien pour changer l’essence fondamentale d’Israël en tant que pays colonialiste.

L’extrême droite demande l’annexion de la Cisjordanie, ce qui doterait d’une permanence juridique une situation permanente depuis longtemps dans la pratique. Cette mesure présenterait un avantage attirant. Elle arracherait enfin du visage d’Israël le masque de la démocratie et finirait peut-être par susciter une opposition dans le pays et à l’étranger.

Mais aucune personne dotée d’une conscience ne peut voter pour la droite fasciste, qui compte dans ses rangs des partisans de l’expulsion des Palestiniens, de la construction d’un Troisième Temple sur le Mont du Temple, de la destruction des mosquées qui s’y trouvent, ou qui rêvent même d’extermination. Le parti Likud du Premier Ministre Benjamin Netanyahu, censé être plus modéré, souhaite simplement  perpétuer la situation actuelle, c’est-à-dire l’apartheid non déclaré.

Le centre-gauche entend mettre en œuvre une supercherie, sans que ni Kahol Lavan ni le Parti travailliste ne disent un mot sur l’occupation, ou même sur la fin du blocus de la Bande de Gaza. Le parti de Benny Gantz formule des plans ambitieux en vue d’une conférence régionale, qui aurait un caractère historique et « approfondirait le processus de séparation avec les Palestiniens tout en maintenant sans compromis … la liberté d’action de l’armée  israélienne en tout lieu ».

Il y avait longtemps qu’un document aussi honteux de blanchiment de l’occupation n’avait été publié. Et le Parti travailliste n’est pas à la traîne. La mesure la plus audacieuse de son catalogue est un référendum sur les camps de réfugiés avoisinant Jérusalem dans lequel voteraient les seuls électeurs israéliens, bien entendu.

Et tout cela s’ajoute à une série de déclarations banales sur les blocs de colonisation, Jérusalem, la vallée du Jourdain et l’interruption de la construction de colonies en dehors des blocs, c’est-à-dire que la construction de colonies continuerait à pleine puissance. Ce parti, fondateur vertueux de l’entreprise colonisatrice, parle de « chemins de la séparation ». Ce sont plutôt les chemins de la tromperie.

La paix ? Le retrait ? Le démantèlement des colonies ? La gauche sioniste en rit encore. Il ne reste pas grand monde, deux listes et demie, une frange : le Meretz et Hadash-Ta’al, qui soutiennent une solution à deux États — ce train défaillant qui a déjà quitté la gare — et puis Balad-Liste arabe unie, assez près de préconiser une solution à un État, la seule solution qui reste.

Votez pour l’apartheid. »

Traduction SM pour l’Agence Média Palestine

Source: Haaretz

Ce texte a été publié en français par l’Agence Média Palestine et par l’UJFP :

http://www.agencemediapalestine.fr/blog/2019/04/09/gideon-levy-israel-vote-pour-lapartheid/?fbclid=IwAR0LkDEFvJZP-SnalGoUbarWMW4QpQAd1IgxJupu4Zp_nXkK8A2_LSb3Yss

https://www.ujfp.org/spip.php?article7112