Arabie saoudite : Mélanie, domestique malgache, forcée à la prostitution et enterrée à la pelleteuse.

L’ ARABIE SAOUDITE : LE SEUL RÉGIME AU MONDE QUI SE PERMET DE PRENDRE UN PREMIER MINISTRE EN OTAGE, QUI PEUT DÉCOUPER UN JOURNALISTE EN MORCEAUX… ET QUI ENTERRE LES DOMESTIQUES A LA PELLETEUSE.

AU MOYEN-ORIENT, C’EST LE LE MEILLEUR AMI DE LA FRANCE ET DES PUISSANCES OCCIDENTALES….

Texte : Fatma Ben Hamad 05/04/2021 – Une enquête de France 24 et de Les Observateurs

https://observers.france24.com/fr/moyen-orient/20210405-arabie-saoudite-migrant-malgache-prostitution

Comme des centaines d’autres Malgaches, Mélanie, 22 ans, avait émigré en Arabie saoudite pour y travailler comme aide domestique. Le 15 mars, une vidéo montrant l’enterrement de la jeune femme, le corps recouvert à l’aide d’une pelleteuse, dans un cimetière non-musulman dans l’est du pays a choqué à Madagsacar, où les rites d’inhumation sont sacrés. Des associations dénoncent un trafic humain meurtrier des travailleuses d’Afrique de l’Est dans ce pays du Golfe.

Le 15 mars, une association franco-malgache a alerté notre rédaction à propos de cette vidéo, filmée le 11 mars à Al-Jubail, ville de la côte est saoudienne. On y voit une inhumation se déroulant au cimetière de Jubai, l’un des rares cimetières non-musulman du pays.

La vidéo, qui dure à peine une minute, a été tournée par l’une des femmes malgaches qui assistaient à l’enterrement. Sur un terrain de sable visiblement désert, une pelleteuse rabat de la terre sur le corps de Mélanie, enveloppée dans un kafan blanc, le tissu dans lequel est enveloppée la dépouille dans le rite islamique. On entend des cris de douleur de l’une des femmes malgaches, qui porte une abaya noire, tandis que celle qui filme tente de la calmer. Mélanie était travailleuse domestique, arrivée dans le pays en 2018. Elle est décédée de manière violente après qu’elle se soit échappée du logement de son employeur à Dammam (est).

Mélanie a prévenu ses amies que si elle ne rentrait pas ce soir-là, elle serait morte…

C’est l’association franco-malgache AZIG, qui apporte une aide administrative et psychologique aux travailleuses malgaches et africaines dans les pays considérés comme dangereux pour les travailleurs étrangers, qui a alerté la rédaction des Observateurs sur cette vidéo. Comme beaucoup de travailleuses malgaches dans les pays du Golfe, Mélanie était en contact avec Carrozza Heliarisoa, la coordinatrice de l’association basée en France.

Depuis 2019, elle aide à rapatrier des travailleuses domestiques du Koweït, d’Oman ou d’Arabie saoudite. Elle considère que Mélanie, qui s’est tournée vers la prostitution après s’être échappée de chez son employeur, est décédée dans des circonstances douteuses. Elle relate les évènements comme rapportés par des amies de la jeune femme:

Le jour où Mélanie a été tuée, un client l’avait appelée et a loué une chambre d’hôtel, il a dit être seul, mais lorsqu’elle l’a rejoint, il y avait plusieurs autres personnes. Mélanie a prévenu ses amies que si elle ne rentrait pas de ce rendez-vous, elle serait morte.

Elle avait une importante somme d’argent sur elle. Lorsque le rendez-vous s’est terminé, ils l’ont égorgée et ont certainement pris son argent. Son amie a reçu une photo extrêmement choquante, où on voit son corps mutilé et ensanglanté gisant sur un drap, avec un message : “Tenez, votre amie est morte”.

Ensuite, le corps a été retrouvé dans la brousse de Dammam en octobre 2020. J’ai prévenu l’ambassade malgache à Riyad, mais personne ne s’est mobilisé et son corps est resté dans la nature pendant deux ou trois mois. À ce moment-là, en octobre, l’aéroport de Riyad était fermé et environ 85 femmes malgaches avaient besoin de partir d’Arabie saoudite après avoir rompu leur contrat. Ce n’est que là que l’ambassade a récupéré son corps. La famille m’a donné une dérogation pour rapatrier sa dépouille.

Mélanie a finalement été enterrée sans cercueil. C’est intolérable. À Madagascar, les morts sont très respectés : les funérailles doivent se passer selon des rites très précis.

Elles touchent 400 à 500€ par client selon la couleur de peau de la fille : plus elle est claire, mieux elle est payée…

En 2019, une fille que j’étais censée rapatrier a été retrouvée enterrée là-bas. Dammam est un hub de prostitution. Il y a beaucoup de femmes malgaches qui sont proxénètes, elles travaillent souvent avec des proxénètes kényans et éthiopiens sur place. Les jeunes femmes envoient de l’argent à leur famille mais par le biais du proxénète qui n’envoie jamais la somme complète.

Il arrive que ces jeunes femmes soient tuées par leur propre chef, si elles ont gagné assez d’argent pour pouvoir se permettre de s’affranchir de leur proxénète. Selon les informations que nous avons pu collecter, c’est probablement ce qui est arrivé à Mélanie. Et la famille n’est pas au courant de ce qui se passe dans la vie de leur fille.

Beaucoup de femmes embauchées comme domestiques sont malmenées et ne supportent plus ce rythme et s’enfuient. Elles se retrouvent sans papiers, et des proxénètes les recrutent, souvent dans une maison reculée où elles elles sont gardées avec des armes a feu. Elles touchent 400 à 500 € par client selon la couleur de peau de la fille : plus elle est claire, mieux elle est payée.

Les filles recrutées ont entre 16 et 25 ans, quand elles partent de Madagascar elles mentent sur leur âge. Ces filles sont seules, si nous en tant qu’associations ne sommes pas là, c’est fini pour elles. J’ai déjà du intervenir par téléphone pour calmer des jeunes femmes qui voulaient se suicider.

Il y aussi des patrons qui les tabassent, les tuent et les enterrent quelque part, mais on n’a pas de moyen de vérifier. Combien de filles malgaches ont disparu ? Où sont leurs patrons, qu’en disent-ils ?

En 2013, Madagascar a mis en place un décret suspendant la migration des travailleuses malgaches vers les pays du Golfe, notamment le Koweït, le Liban et l’Arabie saoudite, classée parmi les dix pires pays au monde pour les travailleurs et les travailleuses par l’indice de la confédération syndicale internationale (CSI) des droits dans le monde en 2019. Pourtant le pays compte plus de 10 millions de travailleurs migrants, soit presque un tiers de la population nationale, parmi lesquels 1,3 millions de femmes, dont près de 80 % sont travailleuses domestiques.

Le royaume wahhabite a émis en 2009 une loi de lutte contre la traite humaine, qui punit ce délit d’une peine d’emprisonnement pouvant aller jusqu’à 15 ans et d’une amende jusqu’à d’un million de riyals (226 779 euros).

Pourtant, des plaintes pour trafic humain sont rarement déposées et les enquêtes rarement menées à bout, estime Rima Kalush, coordinatrice au centre de recherche Migrants Rights, qui recense les abus des droits des travailleurs migrants dans les pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG) et tente de leur apporter de l’aide humanitaire et juridique.

Nos réseaux sont plus étendus au Bahreïn, au Koweït ou au Qatar, donc ce n’est pas évident d’apporter de l’aide aux travailleuses en Arabie Saoudite par exemple. Parfois, dans un geste désespéré, nous lançons des appels à l’aide sur les réseaux sociaux, mais cela porte rarement ses fruits. Nous tentons aussi de contacter les ambassades. Nous savons par exemple que plusieurs ambassades africaines n’ont pas d’attaché qui s’occupe de la diaspora, donc nous essayons de voir qui nous connaissons sur place, de cette communauté, qui peut aider immédiatement.

En général, les travailleuses domestiques sont exclues des réformes du travail car pour le gouvernement, elles ne font pas “activement” partie du système de travail, donc personne ne priorise leur intérêt. Cela s’explique par l’importance pour les citoyens saoudiens d’avoir une main d’œuvre abordable. Car les services publics saoudiens (notamment la garde d’enfants) sont médiocres voire inexistants et ces travailleurs permettent aux citoyens de profiter d’un luxe et de garder le contrôle dessus.

Il existe des refuges pour celles qui s’échappent de chez leur employeur, mais très peu de pays du CCG en ont : le Bahreïn ou le Koweït par exemple, mais pas les Émirats arabes unis. Même quand c’est le cas, il faut être accompagnée d’un local pour porter plainte et accélérer les procédures. Souvent, après une plainte pour maltraitance, les autorités tentent une médiation entre les deux parties. Mais les travailleuses qui fuient leurs employeurs sont souvent traumatisées par leur expérience et perdues face à la bureaucratie complexe et veulent simplement quitter le pays.

Les travailleuses n’ont pas le choix de l’employeur, et ne peuvent pas rentrer dans leurs pays…

Me Taha Hadji est un avocat saoudien spécialisé dans les droits de l’Homme. Il milite pour les droits de plusieurs centaines de travailleurs et travailleuses migrants dans son pays, malgré de nombreuses restrictions légales, comme l’impossibilité de s’organiser dans des associations ou des syndicats. Il rappelle que les étrangers sont soumis au système de la kafala, un “parrainage” qui prévoit que leur passeport soit confisqué par leur “parrain”, ce qui rend toute fuite ou plainte impossible. Des réformes de ce système sont entrées en vigueur le 14 mars dernier, mais c’est sans espoir pour les travailleurs les plus vulnérables:

Ces nouvelles lois ne protègent pas ces travailleuses : elles n’ont pas le choix de l’employeur, ni ne peuvent rentrer dans leurs pays d’origine.

Les travailleuses domestiques logent souvent chez leur employeur et toute leur vie se passe derrière des portes closes, et on ne sait pas ce qui peut leur arriver. Beaucoup de cas d’abus sexuel, de torture physique et de maltraitance en témoignent.

Beaucoup de travailleuses s’échappent de chez leur employeur et finissent par recourir à la prostitution ou à la mendicité. Après leur fuite, elles sont obligées d’être sous la houlette d’une personne tierce pour pouvoir travailler. Là, le chantage devient plus sévère. C’est à partir de là qu’une personne entre dans des cercles vicieux et dangereux : maltraitance, addiction, trafic sexuel… Et ne peut pas se diriger vers des institutions gouvernementales de peur d’être rendue à son kafil et potentiellement d’être incarcérée.

Une enquête de France 24 et Les Observateurs

Hommage à Jacques Couland

J’apprends aujourd’hui, 29 juin 2021, le décès de Jacques Couland, intervenu le 8 mai dernier. Jacques était un universitaire reconnu et un spécialiste éminent du Monde arabe. J’avais eu le plaisir, au cours des années 80, et plus tard encore, de travailler avec lui dans le cadre du Secteur de politique extérieure du PCF. Je veux lui rendre hommage, et je publie ci-dessous sa biographie telle qu’elle apparaît dans le Maitron. Jacques était un homme de très grandes qualités, avec une élégance morale et politique et toujours beaucoup de hauteur de vue. On ne l’oubliera pas.

Né le 26 janvier 1928 à Toulon (Var) ; professeur, universitaire spécialiste du monde arabe ; secrétaire de la fédération des Basses-Alpes [Alpes-de-Haute-Provence] de l’Union progressiste ; militant communiste des Basses-Alpes et de Paris.

Son père, officier d’artillerie coloniale, décéda au front, le 18 mai 1940 ; sa mère, issue d’une famille française d’Algérie d’origine espagnole, devint la déléguée des Alpes-Maritimes d’un mouvement de veuves de guerre. Jacques Couland reçut les premiers sacrements catholiques. Aîné de trois enfants, pupille de la Nation, élève du lycée français de Beyrouth, des Frères maristes de Damas, du Petit collège catholique du Caousou à Toulouse (Haute-Garonne), il effectua sa scolarité secondaire au lycée Lamoricière à Oran, à l’école militaire préparatoire d’Hammam-Rhigha (1943-1945) en Algérie, au prytanée militaire de La Flèche (Sarthe) en 1945-1946, puis à Vence (Alpes-Maritimes). Bachelier (1947), il commença en 1948 à préparer une licence de philosophie à la Faculté des Lettres d’Aix-en-Provence (1952). Maître d’internat de 1948 à 1953 dans des établissements de l’académie d’Aix (Grasse, Brignoles, Aix), il fit partie en 1951-1952 de la commission de travail des maîtres d’internat dans la section académique (S3) du Syndicat national de l’enseignement secondaire.

Couland entretenait alors des contacts étroits avec les milieux littéraires et artistiques régionaux (Cahiers du Sud notamment). Par la suite, il conserva un grand intérêt pour la démarche esthétique. Membre du bureau départemental du Mouvement de la paix (1953-1955) à Digne, il était le secrétaire de la fédération bas-alpine de l’Union progressiste en 1954. Très tôt partisan de l’indépendance des peuples coloniaux, hostile à la politique gouvernementale en Algérie, il adhéra au Parti communiste français à Digne en février 1955.

Licencié ès lettres (1952), Jacques Couland devint adjoint d’enseignement à Digne (Basses-Alpes), à Mont-de-Marsan (Landes) de 1953 à 1956, puis au Lycée Louis-Le-Grand à Paris (1956-1975). Dès son arrivée à Paris, il suivit des cours pour la licence d’Arabe à l’École des Langues orientales, puis comme auditeur libre à l’Institut des Études Islamiques. Secrétaire adjoint de la cellule communiste de son lycée, puis membre du comité de la section communiste du Ve arrondissement (1957), il entra au secrétariat collectif de la section (fin de l’été 1958), puis de l’arrondissement (premier secrétaire de 1959 à 1962). Il suivit les cours de l’école centrale du PCF en juillet 1961.

Jacques Couland s’était marié civilement en mars 1957 à Paris (Ve arr.) avec Diana Duporges, née le 23 février 1929 à Paris (VIIIe arr.), communiste, alors sténo-dactylo, plus tard secrétaire d’administration universitaire. Ils habitaient le VIe arr. puis Arcueil (Val-de-Marne). Son épouse milita activement dans le Mouvement de la paix dans le Ve arr., puis à l’Association des locataires et à l’Union des femmes françaises à Arcueil.

Jacques Couland entra au comité de la fédération communiste de Paris en mai 1959. Il ne fut pas réélu lors de la conférence fédérale de 1962. En effet, Raymond Guyot lui avait proposé, ce qu’il avait accepté en octobre 1961, de le mettre à la disposition de la section de politique extérieure du comité central. En raison de ses responsabilités locales, cette décision ne prit pas immédiatement effet. À partir de la fin de l’été 1962, il exerça des responsabilités dans le secrétariat du Centre d’études et de recherches marxistes tout en continuant ses recherches sur le monde arabe dont il était devenu un des meilleurs connaisseurs du PCF. Il participa à partir du printemps 1962 à la section de politique extérieure, qui avait besoin de mieux connaître la réalité des pays de langue arabe, et plus largement des pays étrangers, pour ne pas être dépendant des analyses initiées par le Parti communiste d’Union soviétique. En charge des collectifs « Maghreb et Moyen-Orient », il fut membre du bureau de cette section de 1962 jusqu’à sa disparition en 2000. Dans ce cadre, Jacques Couland participa à la rédaction d’un ouvrage pour un programme cubain (1964), au comité de rédaction de Démocratie nouvelle (1963-1968), aux diverses productions communistes sur les questions du monde arabe, de la Palestine. Il représenta la section auprès du collectif « énergie » de la section économique. Intervenant dans les écoles du PCF et dans de nombreuses conférences et colloques internationaux, il prenait part aussi aux analyses de Mouvement de la paix, au Groupe de recherche et d’action pour le règlement du problème palestinien, à l’association France-Palestine, au comité de défense du peuple irakien notamment.

Docteur de troisième cycle en histoire à la Sorbonne (1968), Couland préparait une thèse d’État qu’il soutint sous la forme d’une habilitation à la direction de recherches en 1988 à l’Université de Paris VIII. Chargé de cours au Centre universitaire de Vincennes à partir de 1969 en Études arabes et en histoire, il devint assistant (1975), maître-assistant (1976), puis maître de conférences à l’Université de Paris VIII où il fut directeur du département d’arabe (1984-1985), membre du conseil d’Université (1976-1979) élu sur la liste du Syndicat national de l’enseignement supérieur. Il figurait comme directeur de recherches doctorales dans diverses formations des universités parisiennes et du Centre national de la recherche scientifique jusqu’à sa retraite en 1993.

Jusqu’au transfert de l’Université de Vincennes à Saint-Denis (1980), Jacques Couland resta membre du comité de la section communiste du XIIe arrondissement à laquelle appartenaient les cellules de l’Université de Vincennes. Il faisait partie de la commission des relations avec les milieux croyants du comité central du PCF depuis les années 1980, du conseil de rédaction des Cahiers d’Histoire à partir de 1986 et du comité de rédaction de La Pensée à partir de 2000.

POUR CITER CET ARTICLE : https://maitron.fr/spip.php?article20843 – notice COULAND Jacques, Louis par Jacques Girault, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 24 novembre 2008

USA: sur le budget défense 2022…

Le 28 mai dernier, le Ministère de la défense des États-Unis (Department of Défense – DoD) a rendu publique sa proposition de budget défense pour l’année fiscale 2022. Il demande au Congrès 715 milliards de dollars (Mds $) pour l’exercice 2022 du Pentagone. Il faut ajouter à cela un montant de 38 milliards de dollars, hors Pentagone, pour des programmes liés à la défense, notamment au Ministère de l’énergie, et plus précisément pour la National Nuclear Security Administration, agence semi-autonome du Ministère de l’énergie chargée de la gestion des armes nucléaires. Et pour d’autres agences. Ce qui porte le total des dépenses de défense à 753 milliards de dollars.

Cette proposition de budget enregistre une hausse qualifiée de « faible » ou « modérée », de 1,7 milliards $. Avec un tel budget, les États-Unis conservent cependant des dépenses militaires à un niveau supérieur à celui de l’ensemble réuni des 10 plus grandes armées du monde.

La demande de financement de l’Administration Biden, compte tenu de l’inflation, équivaudrait à une légère diminution pour le Pentagone. Il faut aussi la comparer au projet envisagé hier par l’Administration Trump. Celle-ci se montait à 722 milliards $.

Il faut noter que ce budget intervient alors que l’Administration Biden a décidé un retrait d’Afghanistan, et manifesté (après Obama et Trump) une volonté de ne plus accorder au Moyen-Orient l’investissement stratégique majeur que les États-Unis lui a accordé durant des décennies. Mais on ne peut mesurer aujourd’hui ni la capacité réelle à réaliser (totalement) ces objectifs, ni leurs effets réels sur les dépenses de défense.

Des réactions d’opposition se sont immédiatement manifestées chez les Républicains du Congrès. Certains ont qualifié la proposition de « totalement inadéquate ». Le sénateur de l’Oklahoma, Jim Inhofe, membre important de la Commission des services de la défense du Sénat, et le Représentant de l’Alabama à la Chambre des représentants, Mike Rogers, qui a le même type de responsabilité, ont ainsi déclaré dans une déclaration commune, « qu’un budget comme celui-ci envoie à la Chine et à nos autres adversaires potentiels, un mauvais signal, que nous ne sommes pas disposés à faire ce qu’il faut pour nous défendre et défendre nos alliés et partenaires ».

Cette proposition de budget pour la défense, soit 1700 pages de tableaux, graphiques et textes, traduit aussi les nouvelles orientations annoncées par Biden : volonté de travailler avec les alliés, réinvestissement dans la diplomatie et l’aide internationale, notamment l’aide multilatérale, l’aide à la sécurité internationale (contrôle des stupéfiants, formation militaire, opérations de « maintien de la paix).

A noter : 5,1 Mds $ alloués à « l’initiative de dissuasion » dans le Pacifique créée contre la Chine, dans une stratégie pour l’Indo-Pacifique, avec des financement pour des systèmes de missiles, des satellites, des radars…

Voici quelques détails sur la distribution des fonds :

– 27,7 Mds $ pour la modernisation nucléaire

– 52,4 pour « la force létale aérienne » dont 85 F-35, avions ravitailleurs, hélicoptères…

– 34,6 pour les forces navales, y compris un nouveau sous-marin lanceur de missiles balistiques, un porte-avions…

– 12,3 pour les forces terrestres dont 3799 véhicules tactiques légers

– 20,6 pour les système spatiaux

– 10,4 pour la cyberdéfense

– 133,1 pour la préparation des forces

Cette proposition de projet de budget pour la défense 2022 comprend plus de 112 Mds $ pour la recherche, le développement et les tests d’évaluation (RDT-E), soit une augmentation d’environ 5 % par rapport à 2021. C’est la demande de RDT-E la plus élevée jamais enregistrée. Cela concerne en particulier l’hypersonique, l’intelligence artificielle, la robotique et les capacités en matière d’autonomie, la micro-électronique, le spatial, le cybernétique, le soldat augmenté. La volonté exprimée est de développer ces « capacités critiques » pour les futures opérations de combat, afin de concurrencer la Chine.

Calendrier :

1) printemps/été 2021 : débats au Congrès

2) été/automne 2021 :

– Les Commissions des crédits des 2 chambres du Congrès travaillent sur le projet de loi pour l’exercice 2022.

– Chambre des représentants et Sénat adoptent leur version et négocient les différends

3) novembre/décembre 2021 : la Chambre et le Sénat travaillent à une version finale

4) décembre 2021 : promulgation du projet de loi

JF. 30 05 2021