La bénédiction de Trump pour la Wilayat al-Faqih afin d’assurer la reconstruction du Temple de Jérusalem du Cèdre du Liban

On a le droit de se détendre…par Antonios Abou Kasm

Le Président américain Donald Trump a réussi une manœuvre grâce à laquelle il a pu atteindre plusieurs objectifs : il s’est érigé en grand protecteur de la sécurité internationale à la place du Conseil de sécurité, et en arbitre inspiré pour la paix. Il a dépassé la MAGA (Make America Great Again) dans un discours bénissant le cessez-le-feu entre Israël et l’Iran, s’élevant ainsi à la MIIGA (Make Israel and Iran Great Again). Trump a fait de l’Imam Khamenei un nouveau Shah après avoir protégé son régime de la chute, le mettant à l’abri de tous les ennemis intérieurs et extérieurs qui conspiraient pour le renverser. L’Ayatollah Khamenei a été libéré de l’obligation de futurs accords sur l’enrichissement de l’uranium. L’exploit remporté avec l’opération des bombardiers furtifs B2 a conduit à la sortie officielle de l’Iran du Traité de non-prolifération des armes nucléaires, et par conséquent au succès de l’Amérique dans la subversion des effets de ce traité, à l’instar de la réussite obtenue dans le torpillage du Statut de Rome établissant la Cour Pénale Internationale.

La libéralisation de l’armement nucléaire des règles du droit international

La désactivation du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, que l’Iran avait ratifié en 1970, a légitimé le statut nucléaire israélien. Israël, en effet, n’avait pas adhéré à cet accord malgré ses activités nucléaires à des fins militaires. La généralisation de l’agonie du droit international initiée par la MIIGA a été précédée par plusieurs étapes, dont la plus notable est la complaisance de l’Iran face aux crimes d’Israël à Gaza. Pour l’Iran, il ne reste du droit international que son invocation du principe de légitime défense, et rien d’autre ! Le dénominateur commun entre les États-Unis d’Amérique, Israël et l’Iran est l’échec du rôle du Conseil de sécurité, avec ses affrontements et l’entrave à l’exécution de ses résolutions. La MIIGA a conduit à la neutralisation du rôle européen au Conseil de sécurité et à la mise à l’écart des États européens hors des affaires du Moyen-Orient. L’Amérique a mené des attaques contre le nucléaire iranien sans l’approbation du Conseil de sécurité et sans former de coalition avec certaines puissances européennes, à l’exemple des comportements américains pendant les guerres en Irak et en Syrie. L’Amérique de Trump a légitimé son intervention unilatérale sous les auspices du principe de la responsabilité de protéger (R2P), et la protection de la sécurité internationale du Nucléaire. Ces nouveaux comportements pourraient annoncer des aventures unilatérales américaines, et celles-ci pourraient servir de prétexte à la Chine et à la Russie pour s’affranchir en toute légitimité des règles du droit international.

L’Iran : un nouveau bras armé américain ?

Il est établi que le régime iranien – en tant que phénomène mythologique moderne – répond à un besoin stratégique pour les États-Unis, pour faire chanter leurs alliés et pour que les États-Unis s’imposent comme un recours urgent et permanent pour les régimes du Moyen-Orient, et spécifiquement pour les États du Golfe. Ces derniers, avant l’arrivée de Trump, commençaient à s’orienter vers l’Extrême-Orient en coordination avec le Tsar de Russie en pleine agression contre l’Ukraine. Les États-Unis d’Amérique ne laisseront pas aux Arabes le plaisir du contrôle unilatéral des détroits maritimes et de l’exportation du pétrole. Trump a donc choisi de briser l’excédent de puissance dont jouissent les régimes du Moyen-Orient, en imposant l’élargissement de la portée des Accords d’Abraham par un nouveau statu quo, la « MIIGA », sous les auspices de la MAGA.

Les comportements défensifs cryptés de l’Iran

L’exercice par l’Iran du droit de légitime défense n’a jamais été absolu. Il a respecté un ensemble de règles d’engagement avec Israël qui ne peuvent s’expliquer que par le cryptage des secrets enfouis sous le Temple de Jérusalem. Malgré le bombardement des installations nucléaires iraniennes par Israël, puis par l’Amérique, l’Iran n’a ni riposté réciproquement, ni bombardé les installations israéliennes de Dimona, qui produisent également du plutonium. De même, l’Iran n’a pas utilisé son aviation de combat, et personne n’a pu voir la vertu des « Kowsar » (1) au-dessus de la Sainte Jérusalem ou au-dessus du ciel de Gaza. Ce n’est pas la première fois que le monde s’interroge sur le silence iranien ou sur l’engagement de ne pas riposter malgré une atteinte à sa puissance, et l’assassinat de ses hautes figures de la sécurité. Il y a des précédents iraniens en tant que modèle d’absence de riposte : premièrement, quant aux massacres dans la bande de Gaza ; deuxièmement, quant à l’opération des « Pager » à Beyrouth ; troisièmement, quant à l’assassinat de Sayyed Hassan Nasrallah. L’Iran a observé la guerre de soutien qui semble l’avoir embarrassé. Le Hezbollah a été trompé jusqu’à le faire entrer dans une guerre de soutien à Gaza. Cela l’a conduit à sa quasi-disparition militaire et au démantèlement de ses capacités de renseignement avec l’augmentation des agents « technologiques »2. La mutation du Hezbollah est l’une des conditions de la MIIGA, basée sur le principe de l’abandon non public des bras armés, les proxys de l’Iran.

Le Hezbollah, avait acquis une envergure régionale. Aucune des ailes du régime révolutionnaire iranien n’a pu accepter qu’il prenne une telle ampleur, au milieu d’une concurrence secrète dont la Syrie était le théâtre. Il faut ajouter le succès du Hezbollah à édifier une indépendance financière hors des dons et du soutien des États alliés ou parrains, mais provenant d’une activité d’investissement dynamique sur tous les continents. Après la chute du régime d’Assad et la défaite iranienne avec la bénédiction implicite de la Russie, l’intérêt du régime iranien est devenu celui d’un retrait tactique afin de s’épargner une guerre en défense du Hezbollah, que ce soit aux frontières syriennes ou aux frontières de la Palestine occupée.

Le Liban dans l’équation MIIGA

En contrepartie, l’autre aile de la MIIGA, « Israël », après la bénédiction de Trump pour la quasi-défaite représentée par la destruction de Tel Aviv, n’est pas en mesure de riposter à l’Iran, sauf en attaquant les bras armés de l’Iran qui sont à portée de main. La riposte consistera-t-elle à s’en prendre au Hezbollah en exploitant la faiblesse du système libanais et son incapacité à trouver une solution pour contrôler ses armes ? Les règles d’engagement entre Israël et l’Iran, en présence d’un arbitrage américain tellement avisé, placent le pouvoir au Liban dans un état de peur et de grande confusion, allant du sentiment d’impuissance à celui de culpabilité, en passant par le déni. Le dialogue avec le “duo chiite”(Mouvement Amal et Hezbollah) n’a pas dépassé le seuil de la question de la reconstruction des régions détruites par Israël. L’armement au-delà du sud du Litani (notamment la région du nord) n’est pas à l’ordre du jour du Parti de Dieu, qui le considère en dehors du champ d’application de la résolution 1701 du Conseil de sécurité. L’armement palestinien à l’intérieur des camps des réfugiés palestiniens au Liban est une “ligne rouge” (selon les propos de feu Sayed Hassan Nasrallah) qui n’a pas changé depuis l’opération de démilitarisation du camp de Nahr el-Bared en 2007. Et avant d’examiner toute question au-delà du sud du Litani, le retrait israélien est une condition essentielle au déploiement de l’armée libanaise, dont le commandement est soumis à l’autorité collective du Conseil des ministres. Et qui ne peut donc agir de manière indépendante ou de façon contraire à la politique du gouvernement en respect du principe de légalité constitutionnelle.

Toute agression israélienne contre le Liban n’entraînera absolument pas l’Iran à riposter aux attaques contre ses proxys. Après que l’Iran se soit abstenu de défendre ses alliés participant à la guerre de soutien, il ne se soucie plus que d’une chose, gagner le Liban officiel en participant aux investissements de reconstruction des régions “chiites” comme tentative d’embrasser le public de la résistance, et pour affirmer une présence par le biais des relations culturelles et commerciales. Il s’agit de compenser la perte de sa présence en Syrie. Le Hezbollah est devenu un fardeau pour l’Iran. Bien que la loyauté du Parti de Dieu et de son public envers le Wilayat al-Faqih se soit imposée comme une dette envers le régime des Gardiens de la Révolution. Cela s’applique également à l’autre bras armé palestinien libanisé, représenté par le mouvement Hamas – qui est en train de devenir l’un des proxys du Hezbollah3. La question demeure : pourquoi l’Iran n’est-il pas intervenu militairement contre le blocus de Gaza ? Et, au moins, pourquoi la question de Gaza n’a-t-elle pas été soulevée comme un point de l’accord de cessez-le-feu entre Israël et l’Iran ?

La théorie du “renforcement du Hezbollah et de ses alliés grâce à l’Iran” est tombée. Quant au renforcement par Israël, même indirectement avec les résultats de ses agressions flagrantes, il ne produira pas une nouvelle autorité politique libanaise, car la nouvelle autorité ne peut être le résultat d’une victoire d’Israël – jusqu’à présent déclaré officiellement l’ennemi du Liban. Les leçons de la guerre libanaise confirment l’échec de l’équation vainqueur-vaincu dans le processus de gouvernement du pays, d’autant plus que les partis libanais ne maîtrisent pas la bonne gouvernance, mais excellent dans l’art d’exercer le pouvoir par tous les moyens disponibles, qu’ils soient illicites… ou qu’ils deviennent licites.

Espérons que le Temple de Salomon ne sera pas à nouveau construit avec le bois des Cèdres libanais, d’autant plus que les Cèdres de Dieu au Liban sont devenus rares car ils symbolisent la chevalerie, la noblesse et l’élévation de l’âme.

1) Avions de chasse de l’armée de l’air iranienne.

2 Beaucoup d’officiers de Hezbollah ont été déclarés espions pour le compte d’Israël. Ils communiquaient à Israël des informations sensibles relatives aux réseaux télécom du Hezbollah, et des données strictement confidentielles des centres militaires ou des bureaux de renseignement, avec des moyens de haute technologie.

3 Le Hezbollah assure un soutien militaire et financier au Hamas, et les chefs militaires de Hamas exécutent les plans opérationnels après discussion avec les chefs militaires de Hezbollah. A Beyrouth, l’été passé, Israël a tué des officiers de Hamas qui étaient en réunion avec des officiers de Hezbollah à la banlieue sud. Le Hezbollah, gouverne une partie des camps palestiniens au Liban à travers Hamas.


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