Dis moi quel est ton budget… je te dirai qui tu es.
Avec Donald Trump, on est jamais déçu (si j’ose dire) quant à la signification de ses actes. Il a rendu public son projet du budget pour 2020. Celui-ci prévoit des coupes fédérales très importantes dans les dépenses publiques et sociales, tandis qu’il définit des dotations financières en hausse forte pour 3 priorités : défense, sécurité intérieure et anciens combattants. Un budget centré explicitement sur la « compétition entre grandes puissances ».
Voici, en quelques pourcentages, l’évolution des grandes options de ce projet de budget. Il n’est guère nécessaire de traduire, tellement la nature antisociale et militariste des choix proposés est évidente.
-31% Environmental Protection Agency
-24% State and USAID
-19% Transportation
-16% Housing and Urban Development
-15% Agriculture
-14% Interior
-12 % Health and Human Services
-12% Education
-11% Energy
-10% Labor
-2% Justice
-2% NASA
-2% Treasury
+5% Defense
+7% Homeland Security
+8% Veterans Affairs
Dans ce projet, avec 718,3 milliards de dollars, la défense (= le Department of Defense ou DoD) serait augmentée de 33 milliards par rapport à 2019. En réalité, le budget militaire total des Etats-Unis pour 2020 s’élève officiellement à 750 milliards de dollars. Il comprend, en effet, 32 milliards du Ministère de l’énergie correspondant aux dépenses relatives aux forces nucléaires. Dans ce total figurent 173,8 milliards pour les opérations extérieures et le fond d’urgence. Et près de 9 milliards (8,6) seraient alloués à la construction du mur sur la frontière avec le Mexique.
Dans les coupes drastiques annoncées, on constate, par exemple, pour les 10 années à venir, l’amputation de 845 milliards de dollars du budget Medicare (assurance de santé pour les personnes âgées), 241 milliards du budget Medicaid (programme pour les plus démunis), 220 milliards du programme d’assistance alimentaire…
Ce projet de budget n’a en réalité aucune chance d’être adopté en l’état. Il sera l’objet d’une vive confrontation au Congrès lors des débats en octobre. Il exprime cependant une certaine vision des États-Unis, de leur avenir et de leurs responsabilités. Une vision dans laquelle, on le savait déjà, la santé, le social, l’éducation, les transports, la science… doivent s’effacer devant des politiques de défense et de sécurité particulièrement agressives et à finalités dominatrice. Ce qui n’empêche pas nombre d’experts et de commentateurs de parler encore d’un « isolationnisme » étasunien…
Nul doute que tout cela pèsera négativement dans les débats en Europe et en France. L’exacerbation manifeste des désaccords euro-américains et des rivalités de puissance n’empêche pas l’engrenage antisocial et les visées hégémoniques. Au moins, sur ces choix-là, des deux côtés de l’Atlantique, ils ne jouent pas dans la même division… mais, sur le fond, ils sont bien d’accord.