Penser l’après…Essai sur la guerre, la sécurité internationale, la puissance et la paix dans le nouvel état du monde.
Jacques Fath
Synopsis
Ce livre est une réflexion sur le monde, sur la guerre, les conflits, les résistances sociales et politiques, sur les stratégies à l’œuvre et leurs impasses. Il cherche à prendre le recul nécessaire, à renverser les analyses traditionnelles pour comprendre ce qu’est réellement l’ordre international actuel. Il a été écrit avant les attentats terroristes de Paris et Montrouge en janvier 2015. Il permet de mieux saisir certains des processus complexes qui peuvent expliquer, dans le contexte d’aujourd’hui, la nature de la conflictualité, de la violence politique et du terrorisme. Son argumentation et son approche générale aident aussi à éclairer le sens des crises internationales : la crise ukrainienne et celles qui touchent le continent africain ou le monde arabe, notamment au Proche-Orient. L’interprétation de ces crises fait en soi l’objet d’une confrontation politique à la hauteur des enjeux stratégiques dans un contexte totalement transformé. Ce livre est donc pleinement dans les débats de l’actualité, mais il traite celle-ci tout à fait autrement, loin des conventions médiatiques et des thématiques idéologiques dominantes.
Les enjeux de la sécurité internationale et la guerre elle-même n’ont plus grand-chose à voir avec ce qui caractérisa le 20ᵉ siècle et ses deux grands conflits mondiaux. La longue période « westphalienne » est terminée. La violence et la conflictualité sont maintenant d’abord le fruit des crises issues d’un type de développement et de croissance dont on mesure quotidiennement la brutalité pour les être humains et pour les sociétés. Les réponses sécuritaires et militaires, les logiques de force et les interventions militaires conduisent à des impasses politiques majeures. Pour certains, la solution serait une stratégie de « sécurité globale » face aux menaces, dans le prolongement et le renforcement des politiques actuelles. Il faut au contraire (ré)inventer une réponse à la question « comment construire de la sécurité pour les peuples aujourd’hui ? », ou comment sécuriser un développement humain ?.. La question de Palestine, dans sa spécificité historique permet d’identifier ce que devrait être une responsabilité collective assumée, dans une récusation active des politiques d’occupation militaire et de guerre.
Le paradigme de la puissance est aujourd’hui légitimement mis en cause alors qu’il se situe, comme moyen et comme finalité, au cœur des choix stratégiques néo-impérialistes effectués tant dans les domaines de la politique internationale et de la défense que dans l’économie et dans bien d’autres domaines civils. La crise de la pensée stratégique – thématique d’actualité et miroir des inquiétudes – traduit l’impasse des politiques appliquées et des réponses fondées sur la puissance et sur l’exercice de la force. C’est ce que montrent les échecs de la guerre de l’OTAN en Afghanistan ou ceux des guerres américaines en Irak, ou encore le désastre issu de la guerre en Libye. Mais ce n’est pas qu’une crise touchant à la légitimité et aux conséquences du choix militaire : c’est l’épuisement des réponses à la crise systémique du capitalisme.
Les armes nucléaires et la dissuasion – expression et moyen de la puissance – ont singulièrement perdu de leur pertinence stratégique. Ces armes appellent, de par leur nature un traitement politique multilatéral particulier et un engagement résolu contre leur prolifération, pour leur élimination et leur interdiction.
La fin de la guerre froide fut une rupture majeure dans les relations internationales. C’est la globalité de l’ordre mondial dans l’ensemble de ses dimensions qui a été profondément bouleversé. Nous vivons un changement de paradigme historique avec l’épuisement d’un certain ordre international. Nous avons changé de monde. Et dans ce monde-là, ce qui domine ce sont de lourdes interrogations sur l’avenir, sur notre civilisation et sur le sens même de l’action politique. Ce sont des incertitudes quant à l’exercice du pouvoir. Ceux qui le détiennent ne savent plus comment résoudre les problèmes sans susciter de profondes déstabilisations, sans aggraver tous les problèmes. Les politiques mises en œuvre ne permettent pas de « penser l’après…».
Un autre ordre international est à construire dans l’exigence de la responsabilité collective, du multilatéralisme, du désarmement et de la sécurité humaine. Construire un monde de paix n’est pas une utopie mais une exigence sociale, une ambition politique et une forme de révolution dans la pensée.