Quand l’Allemagne verse des pensions aux fascistes espagnols de la Wehrmacht…

Quand l’Allemagne qui refuse de dédommager les Grecs victimes de la Wehrmacht, verse des pensions aux fascistes Espagnols de cette même Wehrmacht !!!

« Entre les lignes, entre les mots » , le 6 décembre 2015

https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2015/12/06/quand-lallemagne-qui-refuse-de-dedommager-les-grecs-victimes-de-la-wehrmacht-verse-des-pensions-aux-fascistes-espagnols-de-cette-meme-wehrmacht/

C’était la deuxième semaine d’Octobre passé quand la nouvelle est tombée en Espagne comme une bombe : L’Allemagne paye – encore aujourd’hui (!) – des pensions aux fascistes Espagnols qui ont combattu aux cotes de la Wehrmacht à Stalingrad ! A la suite de cette révélation, l’un après l’autre presque tous les journaux espagnols déterraient des semaines durant le passé douloureux et consacraient nombre d’articles à l’infâme Division Azul (Division Azure) et ses 37.000 volontaires qui, avec la bénédiction du dictateur Franco, se sont trouvés il y a 73-74 ans en Russie pour prêter main forte à l’Allemagne nazie et à sa tentative d’écraser le… bolchevisme !

Le protagoniste mais aussi le responsable de ce retour inattendu à un passé qu’on croyait définitivement exorcisé, est Andrej Hunko, le député de Die Linke, qui a révélé le scandale par son initiative de demander des explications à la Chancelière Merkel. Connaissant les combats de l’ami Andrej pour la défense des droits du peuple grec, nous osons dire que la motivation première de ses questions parlementaires au gouvernement allemand n’était pas de faire révéler au grand public un, mais plutôt deux scandales : celui bien visible du paiement par l’Etat Allemand des pensions aux fascistes Espagnols mais aussi d’un autre moins visible, celui du refus permanent de l’Etat Allemand de dédommager les citoyens Grecs victimes des atrocités nazies !

Malheureusement, la nouvelle que le gouvernement allemand paie les fascistes Espagnols qui se sont battus aux cotés de l’armée nazie1 en même temps qu’il refuse obstinément de payer des dédommagements aux victimes Grecques de la même armée nazie, ne semble pas avoir provoqué l’émoi tant des autorités que des medias grecs. Aucune réaction, et pire, absolument rien pour informer l’opinion publique grecque. Seulement un silence total et assourdissant….

Pourtant, ce scandale des scandales ne peut pas rester sans suite. Alors, puisqu’il concentre et combine en lui tous les problèmes de nos temps, le passé cauchemardesque avec un présent et un avenir non moins menaçants, c’est à tous ceux citoyens Grecs, Allemands et Espagnols qui se sentent directement intéressés, de lui donner la suite qu’il mérite. Et le premier pas vers cette direction est l’interview qui suit. En donnant la parole à Andrej Hunko nous espérons que, cette fois, le mur du silence sera brisé et les réactions seront à la hauteur des circonstances si critiques…

Interview de Andrej Hunko, député de Die Linke, qui a révélé ce scandale

Yorgos Mitralias : Quelles ont été les questions parlementaires que tu as adressé au Gouvernement allemand concernant les pensions qu’il continue de payer aux vétérans Espagnols de la Division Azul et quelle a été la réponse officielle de ce gouvernement ?

Andrej Hunko : Nos questions au Gouvernement Allemand sur les paiements à des anciens membres de la Division Azul concernaient la somme versée et le nombre des gens qui en ont bénéficié. Nous voulions savoir la somme d’argent que l’Allemagne paye à ces collaborateurs des Nazis et quelle a été l’évolution de cette somme depuis que l’accord bilatéral relatif à cette affaire ait été signé en 1962 et ratifié en 1965.

Les réponses ont mis en lumière le fait que l’Allemagne continue jusqu’à aujourd’hui à payer plus de 100.000 euros par an à 41 anciens membres de la Division Azul ainsi qu’à neuf survivants de leurs familles. Il est très probable que cette somme a été plus bien plus importante dans le passé, puisque la Division Azul a existé il y a plus de 70 ans et plusieurs de ces guerriers sont depuis morts. Pourtant, le Gouvernement ne nous a pas donné les sommes précises pour toute cette période. Il va falloir faire des recherches dans les archives publiques pour pouvoir connaitre les sommes exactes.

Le Gouvernement Allemand nous a dit aussi qu’il ne compte pas mettre fin à ces paiements.

Y. M. : Nous savons maintenant que l’accord concernant l’attribution des pensions aux vétérans de la Division Azul a été conclu en 1962 entre l’Allemagne Fédérale du chancelier Adenauer et le gouvernement du dictateur Franco lequel, en échange, a accepté de faire de même, c’est-à-dire a payer des pensions aux vétérans de la Légion Condor nazie, responsable de plusieurs crimes de guerre durant la guerre civile espagnole, dont la destruction de la ville basque de Guernica. Maintenant, c’est-à-dire seulement quelques jours après le 40eme anniversaire de la mort de Franco (20 novembre 1975), il serait utile de se rappeler que le même régime de Franco qui a signé cet accord avec l’Allemagne Fédérale en 1962, a offert l’asile à des Nazis notoires comme p. ex. Otto Skorzeny ou Léon Degrelle2 jusqu’à leur mort. Crois-tu que l’accord de 1962 est emblématique des « affinités éclectiques » existant entre le régime de Franco et l’Allemagne Fédérale d’après-guerre ?

Andrej Hunko : Je crois que cette hypothèse est juste. Cependant, ça ne reflète pas seulement les rapports de l’Allemagne d’après-guerre avec le régime fasciste de Franco. Je pense qu’on peut y voir la preuve de la continuité du personnel nazi dans l’administration publique, les forces armées, et les services secrets de l’Allemagne d’après-guerre. Dans de nombreux cas la dénazification a été soit inexistante soit très limitée et plusieurs postes ont été occupés par des Nazis notoires dans certains cas. Pour donner un exemple, un de ces cas le plus célèbre a été celui de Reinhard Gehlen qui a fondé le service secret BND de l’Allemagne Fédérale. 

Vu sous cet angle, ce n’est pas une surprise que l’Allemagne du gouvernement Adenauer ait signé un tel accord avec l’Espagne de Franco. Naturellement, ceci ne le rend pas moins nauséabonde.

Y. M. : Quel a été en Allemagne l’impact de vos questions parlementaires et de la réponse du Gouvernement Allemand ? Est-ce qu’il y a eu des réactions faisant le rapprochement entre cette affaire scandaleuse et le refus permanent des gouvernements allemands de payer des réparations et des dédommagements l’Etat Grec et aux citoyens Grecs victimes des atrocités nazies ?

Andrej Hunko : Evidemment, nous avons essayé de faire ce rapprochement dans nos commentaires aux réponses du Gouvernement Allemand. Pour moi c’est un scandale que l’Allemagne d’aujourd’hui refuse de payer des dédommagements et des réparations aux victimes. Elle n’a même pas remboursé l’emprunt forcé que l’Allemagne a imposé à la Grèce durant l’occupation. Il suffit un coup d’œil aux arguments utilisés par le ministère allemand des affaires étrangères pour justifier le non remboursement, pour constater qu’ils sont scandaleux.

De l’autre côté, des gens qui se sont battus volontairement aux cotés de la Wehrmacht dans la guerre d’extermination qu’elle menait en Europe de l’Est  continuent encore aujourd’hui d’être payés par l’Allemagne. Ceci m’est incompréhensible.

Pourtant, les réactions des médias allemands ont été bien limitées. On a parlé des réponses du Gouvernement mais il n’y a pas eu de débats autour de cette question. Je crois que la réaction des médias espagnols a été bien plus importante. Une raison pourrait être que la dictature fasciste en Espagne soit terminée beaucoup plus récemment que celle en Allemagne.

Y. M. : Que dirais-tu si des activistes et des mouvements sociaux Grecs, espagnols et Allemands donnent suite à cette affaire scandaleuse ? Est-ce que tu crois qu’il serait utile et possible d’entreprendre une telle initiative ?

Andrej Hunko : Oui, certainement. Nous avons fait un pas au niveau parlementaire en posant cette question au Parlement Européen en collaboration avec Josu Juaristi Abaunz du Pays Basque, qui est membre du groupe parlementaire de La Gauche Unie Européenne-Gauche Verte Nordique (CUE/NGL). Nous travaillons toujours actuellement pour recueillir plus d’éléments concernant les paiements à des volontaires fascistes et l’absence des dédommagements aux victimes de la guerre et de l’occupation. Je crois pourtant ferme que l’association des activistes à cette affaire serait non seulement un important symbole de solidarité internationaliste, mais qu’elle pourrait finalement contribuer à ce que justice soit rendue à tous ceux qui ont souffert de la tyrannie fasciste ou qu’ils se sont battus contre elle.

Yorgos Mitralias

Voir l’article (en grec) : http://contra-xreos.gr/arthra/928-1936-2015.html

Otto Scorzeny était un officier des SS connu pour ses missions audacieuses, dont la libération de Mussolini en 1943. Léon Degrelle était le fondateur et le chef du mouvement fasciste belge Rex, avant de prendre la tête de la Division SS Wallonie sur le front de l’Est

Inacceptable.

Etiquetage des produits : La Grèce défie l’ordonnance de l’UE – Un jour après que le Premier ministre grec se soit rendu à Jérusalem, une lettre est envoyée à Netanyahu l’informant de la décision d’Athènes

Raphael Ahren 1 décembre 2015 correspondant diplomatique du Times of Israel

PARIS – Au lendemain de la visite du Premier ministre grec, Alexis Tsipras à Jérusalem, son ministre des Affaires étrangères Nikos Kotzias a envoyé une lettre au Premier ministre Benjamin Netanyahu, l’informant qu’Athènes s’oppose aux directives de l’UE, a appris le Times of Israël.

Selon les lignes directrices publiées plus tôt ce mois-ci par la Commission européenne, les produits manufacturés au-delà des lignes d’avant 1967 ne peuvent être étiquetés « Made in Israël ». Au contraire, ils doivent l’être avec une formulation telle que « Produit de Cisjordanie (colonies israéliennes) », a suggéré la Commission. « La Commission européenne s’attend à ce que tous les Etats membres se conforment à la législation de l’UE », a déclaré un fonctionnaire de la délégation d’Israël de l’Union, au Times of Israel la semaine dernière.

Un autre pays européen, cependant, a déjà déclaré son intention de défier les instructions de Bruxelles quant à l’étiquetage. « Nous ne soutenons pas cette décision », a annoncé plus tôt ce mois-ci le ministre des Affaires étrangères hongrois Péter Szijjártó, lors d’un événement du Conseil d’Israël sur les relations étrangères. « C’est un outil inefficace. Il est irrationnel et ne contribue pas à une solution [au conflit israélo-palestinien], au contraire, il cause des dégâts.  »

Plus tôt ce mois-ci, la faction Bundestag du parti CDU de la chancelière allemande Angela Merkel a rejeté l’initiative européenne sur l’étiquetage qu’elle qualifie de « mauvaise », faisant valoir également qu’il serait probablement utilisé à mauvais escient par les ennemis d’Israël et qu’il ne promeut pas la réconciliation israélo-palestinienne. Toutefois, Berlin n’a jusqu’à présent pas annoncé si elle appliquera ou pas les directives de l’Union.

Dimanche, en réponse aux nouvelles lignes directrices sur l’étiquetage, Netanyahu a annoncé que Jérusalem suspendait ses liens avec l’UE concernant les efforts de négociation pour un accord de paix entre Israël et les Palestiniens.

Le ministère des Affaires étrangères a déclaré que l’interruption des liens sur les pourparlers de paix sera en vigueur « jusqu’à ce que la reconsidération soit terminée ».

Tandis que les relations avec les pays européens individuels continueront, le dialogue avec les organisations de l’Union européenne sur le processus de paix est hors de portée.

Toutefois, en dépit de l’annonce d’Israël, un porte-parole diplomatique de l’UE a soutenu que l’Union « continuera à travailler sur le processus de paix au Moyen-Orient, dans le Quartet, avec ses partenaires arabes, et avec les deux parties, la paix au Moyen-Orient étant une question d’intérêt pour l’ensemble de la communauté internationale et aussi pour tous les Européens ».

Le porte-parole a déclaré que « les relations UE-Israël sont bonnes, immenses et profondes, et cela continuera. 

« Une logique de guerre… » La Marseillaise, 26 11 2015

Entretien réalisé par Claude Gauthier (La Marseillaise, le 27 novembre 2015)

Le spécialiste des relations internationales déplore les stratégies d’alliances fondées sur « les intérêts de puissance », dont celle de la France. Il craint en outre les dégâts collatéraux de l’état d’urgence.

Jacques Fath, ancien responsable des Relations internationales du PCF (2006-2013), reste un observateur assidu de l’évolution de la politique étrangère française qu’il continue de commenter dans ses ouvrages(*).

La Marseillaise. Le vote quasi unanime des Députés pour l’état d’urgence est-il « un droit à la guerre » ?

Jacques Fath. Il y a un discours de guerre et une logique de guerre… Mais la France ne fait que contribuer aux politiques de puissance et aux rivalités qui dominent comme jamais le contexte géopolitique au Proche-Orient. Elle n’a cessé de pousser à la confrontation au lieu d’être à l’initiative pour des processus politiques là où c’est nécessaire et possible, même dans les situations si complexes d’aujourd’hui. Sa politique étrangère est, de fait, structurée sur trois axes qui lui donne une cohérence très problématique. Premièrement, la France cherche à justifier un rôle de puissance qui compte, membre permanent de Conseil de Sécurité, en montrant une capacité à l’intervention militaire et à faire la guerre. La crispation officielle sur la dissuasion nucléaire relève d’ailleurs de la même obsession qui lui fait surjouer une partition néoconservatrice très négative. Deuxièmement, les autorités de notre pays défendent des intérêts économiques et stratégiques bien identifiés en Afrique et dans le monde arabe. Par exemple l’uranium au Niger (pour Areva), ou bien la vente d’armements, notamment de Rafale, à quelques pétro-dictatures de la péninsule arabique… C’est la prédation de ressources et le commerce des armes avant toute vision politique porteuse d’avenir et de chances de paix. Enfin, troisièmement, il y a aussi des raisons de politique intérieure avec la volonté d’apparaître comme un pouvoir susceptible d’assurer la sécurité par une politique militarisée et ultra sécuritaire. C’était clair dès 2012 puisque François Hollande a fait sa campagne présidentielle en montrant clairement qu’il n’y aura pas d’opposition avec la droite, ni sur la dissuasion nucléaire, ni sur l’OTAN. Cela dit, il y a bien souvent loin de la coupe aux lèvres, et F. Hollande n’a pas obtenu à Washington, le soutien qu’il espérait auprès d’Obama. La grande coalition internationale contre l’Organisation de l’État Islamique (OEI ou Daesh), qu’il dit vouloir obtenir semble bien mal partie.

La Marseillaise. Les efforts de François Hollande pour élargir son champ allié dans l’action militaire sont-ils de bonne politique ?

Jacques Fath. On comprend aisément aujourd’hui qu’il ne peut y avoir de solution en Syrie et plus largement au Proche-Orient, sans l’ouverture d’un processus de rapprochement et de concertation de tous les acteurs, y compris la Russie et l’Iran. La difficulté vient d’intérêts politiques différents ou de stratégies divergentes, par exemple sur le sort de Bachar al Assad… A l’évidence, et contre le point de vue français, l’éviction de ce dernier –et avec lui son régime– ne peuvent être qu’un aboutissement et non un préalable. La politique agressive de la Turquie est aussi un sérieux obstacle et une source de tensions notamment avec la Russie. Le régime d’Ankara, dont la dérive anti-démocratique est de plus en plus criante, prétend combattre Daesh mais il a en permanence aidé les groupes armés djihadistes, facilité leur circulation, le fonctionnement de leurs réseaux de financement, la vente de leur pétrole contre le régime de Damas… et il n’a cessé de frapper les kurdes. Si la politique turque ne changeait pas de façon substantielle ne faudrait-il pas, alors, que des sanctions soient votées à l’ONU ? La question se pose. Et puis oui, il y a des raisons plus générales qui, encore une fois, tiennent aux intérêts de puissance. Tout est lié. On peut supposer que les États-Unis ne tiennent pas vraiment à intégrer la Russie dans une grande coalition stratégiquement convergente, ce qui les obligerait, par exemple, à assouplir leur politique d’opposition frontale à Moscou sur l’Ukraine. Et plusieurs états de l’Union européenne, surtout ceux de l’Est de l’UE comme la Pologne et d’autres, s’opposeraient vraisemblablement à un tel assouplissement, ce qui complique les initiatives de F. Hollande. En outre, n’oublions pas qu’Obama est tenu à Washington par des majorités républicaines peu soucieuses de négociation et de compromis avec les Russes. La question syrienne est maintenant aussi, et peut-être d’abord, un grand enjeu stratégique et politique dont les règles relèvent d’une logique globale compliquée.

La Marseillaise. L’ONU a voté une résolution désignant Daesh comme l’ennemi à abattre. est-ce suffisant ?

Jacques Fath. Le vote de l’ONU constitue tout de même une nouveauté et un pas en avant. Enfin, l’ONU, seule organisation universelle légitime, est remise dans le jeu ! Mais la résolution de l’ONU, effectivement, ne dicte pas la nature d’une solution et ne fait pas référence au chapitre 7 de la Charte. Il n’y a donc pas d’obligation d’action. La résolution demande simplement aux États membres de prendre « toutes les mesures nécessaires »… C’est ce que fait généralement le Conseil de Sécurité dans ce type de situation. Ce qui laisse à certains États membres –c’est à dire ceux qui ont les moyens d’agir, y compris militairement– la possibilité de décider unilatéralement. Cela témoigne de la difficulté à définir les conditions d’une responsabilité collective -fondement des Nations-Unies- lorsque tant d’intérêts opposés et de stratégies différentes se confrontent. Le recul général du multilatéralisme et du rôle de l’ONU, à cause des politiques de puissance, s’exprime ici encore.

La Marseillaise. L’état d’urgence induit de nombreuses dispositions restrictives. Est-il une menace pour le fonctionnement démocratique général de notre pays et dans quelle mesure ?

Jacques Fath. Cette question suscite un trouble et de vives controverses même si le tout sécuritaire du gouvernement fait logiquement problème à gauche. Mais le Front de Gauche n’est pas unanime. Sur la prorogation de l’état d’urgence les députés communistes ont globalement voté pour tandis que les sénateurs du PCF se sont globalement abstenus. Les écologistes se sont divisés. Il est vrai que la situation est particulièrement grave et inédite. L’immense émotion suscitée légitimement par les attaques terroristes d’un niveau inconnu jusqu’ici en France, ont déclenché un profond traumatisme dans notre pays. Remarquons d’abord que le projet de loi autorisant l’état d’urgence vise les comportements constituant une menace pour la sécurité et l’ordre public. C’est une formulation trop générale. Il y a donc des risques surtout lorsque la justice est écartée de la décision. On voit déjà des dérapages dans l’application de cet état d’urgence… Il y a donc problème. Et pourquoi faut-il mettre en place un état d’urgence alors que les dispositifs législatif et judiciaire sécuritaires et anti-terroriste apparaissent aux yeux de bien des spécialistes et de juristes comme largement suffisants ? La sécurité doit être garantie dans un état de droit, pas dans un état d’exception. Ce débat doit rester ouvert. Il y a une exigence de sécurité, c’est l’évidence. Mais pouvoir installer des états d’exception au prix d’un recul de l’état de droit, relève d’un autre enjeu, celui de notre modèle républicain, avec nos libertés, notre système politique, institutionnel et social. Beaucoup de vigilance s’avère nécessaire, et un vrai débat national s’impose sur les causes, les racines du terrorisme et sur les moyens de le combattre.

 

(*)« Penser l’après…Essai sur la guerre, la sécurité internationale, la puissance et la paix dans le nouvel état du monde », ED. Arcane 17, 2015