« Tunisie : décret du 22 septembre 2021, état d’exception et constitution. »

« Des conceptions de Carl Schmitt à celles de Kaïs Sayed ». Un article de Mohamed Chérif FERJANI, Professeur Honoraire de l’Université Lyon2, Président du Haut Conseil Scientifique de Timbuktu Institute, African Center for Peace Studies.

En annexe: le texte intégral du décret présidentiel

Le 22 septembre 2021, près de deux mois après les décisions exceptionnelles concernant la dissolution du gouvernement, la suspension des activités du parlement et la levée de l’immunité dont avaient abusé les députés, le Président de la République, Kaïs Saied, a franchi un nouveau pas dans le sens de l’instauration de la « dictature » de « l’Etat d’exception ». Le décret présidentiel relatif à de nouvelles « mesures exceptionnelles » qu’il vient de promulguer, sans aucune consultation préalable avec les forces sociales et politiques attachées à la démocratie et objectifs de la révolution, met tout le monde devant le fait accompli, et compris celles et ceux qui ont soutenu les décisions du 25 juillet 2021. Certains, moins nombreux qu’il y a deux mois, continuent à applaudir « l’homme providentiel » voyant dans les nouvelles mesures un coup de main « du destin » pour tourner la page de la « fausse démocratie» et jeter les bases de « la vraie démocratie ». D’autres voient là une confirmation de leurs craintes inspirées tout autant par les discours et les conceptions affichées par Kaïs Saied, avant et après les dernières élections présidentielles, que par sa manière autocratique d’exercer le pouvoir. En effet, sa façon de gérer le pouvoir n’est pas rassurante quant à l’avenir de la démocratie et des aspirations qui avaient porté la révolution de 2010-2011, trahies par les islamistes et leurs alliés successifs depuis 2011. Le décret présidentiel se veut rassurant en annonçant que le préambule de la constitution, les chapitres 1 et 2 (principes généraux et droits et libertés) sont maintenus. Ces assurances sont destinées à faire croire qu’on est encore dans la légalité constitutionnelle, d’une part, et, d’autre part, que les conditions internationales concernant l’état d’exception sont respectées. En effet, lors de l’adoption des lois exceptionnelles concernant la lutte contre le terrorisme après les attentats du 11 septembre 2001, des garanties ont été demandées aux pays proclamant « l’état d’exception » pour éradiquer la menace terroriste. En raison des risques que fait peser l’état d’exception, sur les droits humains et sur les démocraties, le Pacte international relatif aux droits civils et politiques (article 4), la Convention européenne des droits humains, (article 15, « Dérogation à l’état d’urgence »), la Convention américaine relative aux droits humains (article 27, « Suspension des garanties »), la Charte arabe des droits humains (révisée en 2004), entre autres, disposent que « les États Parties qui veulent déroger à certains droits garantis doivent notifier aux autres les dispositions auxquelles ils ont dérogé, leurs motifs et la durée ou la date de fin de la dérogation ». Cependant, certains droits fondamentaux (appelés « droits intangibles ») demeurent non susceptibles de dérogation, en toute circonstance : droit à la reconnaissance de la personnalité juridique (dans la loi américaine), droit à la vie, droit à l’intégrité de la personne, interdiction de l’esclavage et de la servitude, pincipes de légalité et de non rétroactivité en matière pénale, liberté de conscience et de religion, protection de la famille, droit à un nom, droits de l’enfant, droit à une nationalité, droits politiques, garanties procédurales indispensables à la protection de ces droits, droit à un procès équitable, droit d’introduire un recours en cas d’arrestation ou de détention, protection contre la torture et contre toute autre forme de traitement inhumain ou dégradant, etc.

Ce qui est grave dans le décret présidentiel c’est l’inversion de la hiérarchie des normes lorsqu’il stipule que l’ensemble des dispositions constitutionnelles qui ne s’opposent pas à ces mesures exceptionnelles restent en vigueur : C’est le décret présidentiel qui détermine ce qui reste, ou non, en vigueur de la Constitution.

Par ailleurs, tous les pouvoirs sont désormais entre les mains du Président de la République, qui « se charge » lui-même, et dans le cadre de ce décret, de l’élaboration de projets d’amendements relatifs aux réformes politiques, avec le concours d’une commission qui sera créée par décret présidentiel » ; les décrets-lois et autres décrets présidentiels que le chef de l’Etat édicte, en tant que seul législateur, ne sont pas susceptibles de recours en annulation (Art. 7) et ils concernent des domaines très vastes ; l’approbation des traités, l’organisation de la justice et de la magistrature, l’organisation de l’information, de la presse et de l’édition, l’organisation des partis politiques, des syndicats, des associations, des organisations et des ordres professionnels ainsi que leur financement, l’organisation de l’Armée nationale, l’organisation des forces de sécurité intérieure et de la douane, la loi électorale, les libertés et les droits humains, le statut personnel, les modalités générales d’application de la Constitution, les devoirs fondamentaux de la citoyenneté, le pouvoir local, l’organisation des instances constitutionnelles, la loi organique du budget, la création de catégories d’établissements publics et d’entreprises publiques, la nationalité, les obligations civiles et commerciales, les procédures devant les différentes catégories de juridictions, la détermination des crimes et délits et des peines qui leur sont applicables, ainsi que les contraventions sanctionnées par une peine privative de liberté, l’amnistie générale, la détermination de l’assiette des impôts et le régime d’émission de la monnaie, les emprunts et les engagements financiers de l’Etat, la détermination des emplois supérieurs, la déclaration du patrimoine, les garanties fondamentales accordées aux fonctionnaires civils et militaires, le régime de ratification des traités, les lois de finances, le règlement du budget et l’approbation des plans de développement, les principes fondamentaux du régime de la propriété et des droits réels, l’enseignement, la recherche scientifique, la culture, la santé publique, l’environnement, l’aménagement du territoire et de l’urbanisme, l’énergie, le droit du travail et de la sécurité sociale. D’autres domaines relevant du pouvoir réglementaire général peuvent être régis par des décrets Présidentiels.

Pour éviter d’éventuels recours contre les décrets en question, l’Instance provisoire de contrôle de la constitutionnalité des projets de loi est supprimée (Art. 21). Il exerce le pouvoir exécutif avec l’aide d’un gouvernement dont les membres sont désignés par lui et qui sont responsables devant lui.

Avec la promulgation de ce décret, on n’est plus dans le cadre de la Constitution, ni même dans celui de l’article 80 au nom duquel les mesures du 25 juillet ont été prises. L’article 80 prévoit un retour à la Constitution dès la fin des dangers à l’origine de mesures exceptionnelles, et l’obligation de maintenir le statuquo institutionnel jusqu’à l’adoption, par la voie prévue par la même Constitution, des modifications qui s’imposent pour instaurer un fonctionnement démocratique des institutions. Ainsi, nous sommes passés du pouvoir « constitutionnel » au pouvoir « constituant », selon la terminologie de Carl Schmitt dont les conceptions politiques et juridiques ne diffèrent en rien de celles de Kaïs Saied, comme je l’ai signalé à plusieurs reprises depuis 2019. J’aurais préféré voir l’exercice du pouvoir par le chef de l’Etat démentir mes craintes et donner raison à mes ami(e)s qui ne partageaient pas mes rapprochements, qu’ils trouvaient hasardeux, et qui faisaient confiance à la « droiture » de Kaïs Saied. Malheureusement, tout semble indiquer que nous avons à faire à un processus de mise en place graduelle de conceptions politiques qui ressemblent à celles du grand constitutionnaliste de la « révolution conservatrice ». Certains amis, qui avaient connu Kaïs Saied comme collègue, affirment qu’il ne connaissait pas Carl Schmitt et qu’il ne l’avait jamais lu. Je pense qu’ils se trompent et qu’ils sous-estiment sa culture juridique ; mais peu importe qu’il ait lu ou non l’auteur de La dictature (1920), de Théologie politique (publié en 1922), de Théorie de la constitution, (paru en 1928), de La notion de politique (publié en1932), de Légalité et légitimité (paru en 1932), et d’autres ouvrages traitant de « l’Etat d’exception » ou « de nécessité » ou des rapports entre droit et politique. Kaïs Saied ne cesse d’opposer, comme Carl Schmitt « légalité-légitimité », « parlementarisme et démocratie », « principe de souveraineté » et « procédures relatives à son application » en insistant sur « la prééminence du principe sur les formes et les procédures », comme on peut le lire dans le décret présidentiel par lequel il s’institue dépositaire des prérogatives du « souverain » et s’arroge tous les pouvoirs. En cela, nous avons comme une application à la lettre des conceptions de Carl Schmitt pour qui « la nécessité n’a pas de loi » et l’état d’exception exige une redéfinition du rapport entre droit et pouvoir afin de penser la règle à partir de l’exception. Son œuvre majeure ou il parle de l’état « d’exception », Théologie politique, commence par une phrase qui ne laisse place à aucun doute : « Est souverain celui qui décide de la situation exceptionnelle. »  Pour lui c’est la puissance du prince qui crée les conditions d’application du droit : « Il est impossible d’établir avec une clarté intégrale les moments où l’on se trouve devant un cas de nécessité ni de prédire, dans son contenu, ce à quoi il faut s’attendre dans ce cas », précise C. Schmitt. Le droit ne permet pas de distinguer une situation exceptionnelle de la situation normale. Il revient au souverain, titulaire du pouvoir suprême, de trancher. Il est encore plus clair quand il dit : « Il n’existe pas de norme que l’on puisse appliquer à un chaos. Il faut que l’ordre soit établi pour que l’ordre juridique ait un sens. Il faut qu’une situation normale soit créée, et celui-là est souverain qui décide définitivement si cette situation existe réellement (…). Là réside l’essence de la souveraineté de l’Etat… ». L’état d’exception, selon C. Schmitt « révèle avec la plus grande clarté l’essence de l’autorité de l’Etat. C’est là que la décision se sépare de la norme juridique, et là que l’autorité démontre que, pour créer le droit, il n’est nul besoin d’être dans son bon droit. »

Sur la base de ces conceptions, C. Schmitt a salué le tournant totalitaire du régime fasciste, renonçant au libéralisme, en 1925, pour devenir franchement un État totalitaire et « corporatif ». Il y voit une confirmation de l’idée centrale développée dans sa Théorie de la constitution où il insiste sur la nécessité de distinguer l’État de droit « bourgeois », sous la forme de l’État libéral, de la démocratie. « Que le fascisme renonce au vote, haïsse et méprise tout l’“elezionismo” n’est nullement antidémocratique, mais antilibéral ». Il précise que la conception électorale plébiscitaire adoptée par Mussolini, n’est pas« antidémocratique » en ajoutant qu’un : «plébiscite n’a pourtant rien d’antidémocratique. De surcroît, que le peuple se contente d’acclamer, ou ne puisse dire que oui ou non, n’exclut pas la démocratie la plus radicale et la plus directe.»

Ainsi, le fascisme serait une forme authentique de démocratie, radicale et directe, tirant sa légitimité de l’acclamation du peuple. La démocratie plébiscitaire fasciste montre le vrai sens de la représentation incarnée par un chef qui devient le « vrai représentant » de « la communauté organique que constitue le peuple, incarnant de façon vivante le principe national, alors que le parlement n’est qu’une représentation abstraite et déformée. » La supériorité de ce mode de représentation est illustrée, pour C. Schmitt, aussi bien par le fascisme que par la dictature de Staline ; dans ce sens il dit : « Il est très étonnant que deux États comme la Russie bolchevique et l’Italie fasciste soient les seuls qui aient fait l’expérience de rompre avec les clichés constitutionnels traditionnels du dix-neuvième siècle et d’exprimer également, dans l’organisation étatique et une constitution écrite, les grandes transformations dans la structure économique et sociale du pays. »

C’est aussi sur la base des mêmes conceptions qu’il a justifié, en juillet 1934, les assassinats de la Nuit des Longs Couteaux visant les SA en y voyant la « forme suprême de justice administrative » et en disant : « Le Führer met vraiment à exécution les enseignements tirés de l’histoire allemande. Cela lui donne le droit et la force pour fonder un nouvel Etat et un ordre nouveau. »

Depuis bien avant son adhésion au parti nazi en 1933, il a affiché sa préférence pour une « démocratie plébiscitaire » et pour une « dictature politique légitime ». La crise dans laquelle s’enlisait le République de Weimar était pour lui un motif pour rejeter le parlementarisme et pour développer une théorie centrée sur les pouvoirs étendus d’un « homme providentiel », un homme fort à la tête d’un Etat fort, capable de prendre des décisions et de les imposer.

Ces conceptions continuent à inspirer de nos jours les populismes de droite comme de gauche, les premiers retenant sa fascination pour Mussolini et Hitler, les seconds pensant à son admiration pour Staline, les deux reprenant ses critiques à l’égard du libéralisme et de la démocratie parlementaire, son « décisionnisme » fondé sur une ferme distinction, par le souverain, et en fonction de son appréciation du contexte, entre l’ami et l’ennemi.

Par delà le contenu des conceptions de Kaïs Saied, qui ne sont pas plus réactionnaires ni plus conservatrices que celles de ses adversaires islamistes et de leurs alliés, le problème avec les orientations qui président au décret du 22 septembre n’est pas seulement l’absence du volet social et économique que déplore, à raison, l’UGTT, mais leur inscription dans une logique annoncée dès le départ et qui peut conduire très loin sur une voie qui tourne le dos à la démocratie et à l’Etat de droit au nom de « la démocratie la plus radicale et la plus directe» capable de « rompre avec les clichés constitutionnels traditionnels du dix-neuvième siècle », sous la conduite d’un « homme providentiel » qui a tous les pouvoirs, selon les termes de C. Schmitt que nos juristes feraient mieux de lire et d’enseigner à leurs étudiants pour comprendre ce qui risque de nous arriver.

Il n’est jamais trop tard pour se mobiliser pour dire non à la réalisation d’un tel projet autrement que par le retour à l’avant 25 juillet 2021 ou par le retour à l’avant 2011. Celles et ceux qui veulent se battre de façon crédible contre le projet de Kaïs Saied ne doivent tendre la main ni aux islamistes et à leurs alliés, ni aux nostalgiques de la dictature d’avant 2011. Le salut de la Tunisie dépend de la mobilisation des forces sociales et politiques attachées à la démocratie et à la réalisation des objectifs de la révolution oubliés et trahis par toutes les coalitions gouvernementales, souvent dominées par les islamistes depuis 2011.

ANNEXE :

Décret Présidentiel n° 2021-117 du 22 septembre 2021, relatif aux mesures exceptionnelles. Texte intégral.

Le Président de la République,

Vu la Constitution, notamment son article 80,

Vu le décret Présidentiel n° 2021- 69 du 26 juillet 2021, portant cessation de fonctions du Chef du Gouvernement et de membres du Gouvernement,

Vu le décret Présidentiel n° 2021-80 du 29 juillet 2021, relatif à la suspension des compétences de l’Assemblée des représentants du peuple.

Vu le décret Présidentiel n° 2021-109 du 24 août 2021, relatif à la prorogation des mesures exceptionnelles relatives à la suspension des compétences de l’Assemblée des représentants du peuple,

Considérant que la Constitution dispose que le peuple est le titulaire de la souveraineté tel que prévu par son préambule et mentionné dans son article 3,

Considérant que, si le peuple n’étant pas en mesure d’exprimer sa volonté et d’exercer sa souveraineté en vertu des dispositions constitutionnelles en vigueur, la souveraineté prévaut sur les dispositions relatives à son exercice,

Considérant que le peuple tunisien a exprimé à plusieurs reprises son rejet des mécanismes relatives à l’exercice de la souveraineté,

Considérant que le fonctionnement des pouvoirs publics a été entravé, et que le péril est devenu non pas imminent, mais réel, notamment au sein de l’Assemblée des représentants du peuple,

Considérant que le principe est que la souveraineté appartient au peuple, et que si le principe s’oppose aux procédures relatives à son application, la prééminence du principe sur les formes et les procédures s’impose.

Prend le décret Présidentiel dont la teneur suit :

CHAPITRE PREMIER

Dispositions générales

Article premier – Les compétences de l’Assemblée des représentants du peuple demeurent suspendues.

Art. 2 – L’immunité parlementaire de tous les membres de l’Assemblée des représentants du peuple demeure levée.

Art. 3 – Il est mis fin à toutes les primes et tous les avantages octroyés au Président et aux membres de l’Assemblée des représentants du peuple.

CHAPITRE II

Les mesures relatives à l’exercice du pouvoir législatif

Art. 4 – Les textes législatifs sont pris sous forme de décret-loi, ils sont promulgués par le Président de la République qui ordonne leur publication au Journal officiel de la République tunisienne, et ce, après délibération du Conseil des ministres. Lors de l’édiction de décrets-lois, il ne peut être porté atteinte aux acquis en matière de droits de l’Homme et de libertés garantis par le système juridique national et international.

Art. 5 – Sont pris sous forme de décret-loi, les textes relatifs :

– à l’approbation des traités,

– à l’organisation de la justice et de la magistrature,

– à l’organisation de l’information, de la presse et de l’édition,

– à l’organisation des partis politiques, des syndicats, des associations, des organisations et des ordres professionnels ainsi que leur financement, – à l’organisation de l’Armée nationale,

– à l’organisation des forces de sécurité intérieure et de la douane,

– à la loi électorale, – aux libertés et aux droits de l’Homme,

– au statut personnel,

– aux modalités générales d’application de la Constitution,

– aux devoirs fondamentaux de la citoyenneté,

– au pouvoir local,

– à l’organisation des instances constitutionnelles,

– à la loi organique du budget,

– à la création de catégories d’établissements publics et d’entreprises publiques,

– à la nationalité,

– aux obligations civiles et commerciales,

– aux procédures devant les différentes catégories de juridictions,

– à la détermination des crimes et délits et aux peines qui leur sont applicables, ainsi qu’aux contraventions sanctionnées par une peine privative de liberté,

– à l’amnistie générale,

– à la détermination de l’assiette des impôts et contributions, de leurs taux et des procédures de leur recouvrement,

– au régime d’émission de la monnaie,

– aux emprunts et aux engagements financiers de l’Etat,

– à la détermination des emplois supérieurs,

– à la déclaration du patrimoine,

– aux garanties fondamentales accordées aux fonctionnaires civils et militaires,

– au régime de ratification des traités,

– aux lois de finances, de règlement du budget et d’approbation des plans de développement,

– aux principes fondamentaux du régime de la propriété et des droits réels et de l’enseignement, de la recherche scientifique, de la culture, de la santé publique, de l’environnement, de l’aménagement du territoire et de l’urbanisme, de l’énergie, du droit du travail et de la sécurité sociale.

Les matières autres que celles qui sont des domaines ci-dessus mentionnés, relèvent du pouvoir réglementaire général et sont prises sous forme de décret Présidentiel.

Art. 6 – Les projets de décret-loi et les décrets Présidentiels à caractère réglementaire sont délibérés en Conseil des ministres. Les décrets Présidentiels à caractère réglementaire sont contresignés par le Chef du Gouvernement et le membre du Gouvernement intéressé.

Art. 7 – Les décrets-lois ne sont pas susceptibles de recours en annulation.

CHAPITRE III

Les mesures relatives à l’exercice du pouvoir exécutif

Art. 8 – Le pouvoir exécutif est exercé par le Président de la République assisté d’un Gouvernement dirigé par un Chef du Gouvernement.

Section première – Le Président de la République

Art. 9 – Le Président de la République représente l’Etat et oriente sa politique générale et ses choix fondamentaux.

Art. 10 – Le Président de la République préside le Conseil des ministres et il peut déléguer sa présidence au Chef du Gouvernement.

Art. 11 – Le Président de la République veille à l’exécution des lois, exerce le pouvoir réglementaire général et il peut déléguer tout ou partie de ce pouvoir au Chef du Gouvernement.

Art. 12 – Le Président de la République exerce notamment les fonctions suivantes :

– assurer le haut commandement des forces armées,

– déclarer la guerre et conclure la paix après délibération du Conseil des ministres,

– la création, la modification, la suppression des ministères et secrétariats d’Etat, la détermination de leurs compétences et de leurs attributions,

– la création, la modification ou la suppression des établissements publics et d’entreprises publiques et services administratifs, ainsi que la détermination de leurs compétences et de leurs attributions,

– la cessation de fonctions d’un ou de plusieurs membres du Gouvernement ou l’examen de sa démission, – l’accréditation des diplomates de l’Etat à l’étranger et l’acceptation de l’accréditation des représentants des Etats étrangers,

– la nomination aux emplois supérieurs et leurs cessations,

– la ratification des traités,

– accorder la grâce.

Art. 13 – En cas d’empêchement provisoire, le Président de la République peut déléguer, par décret Présidentiel, ses pouvoirs au Chef du Gouvernement. Au cours de l’empêchement provisoire du Président de la République, le Gouvernement reste en place jusqu’à ce que cet empêchement cesse d’exister.

Art. 14 – En cas de vacance de la Présidence de la République pour cause de décès, de démission ou d’empêchement absolu, le Chef du Gouvernement est immédiatement investi des fonctions de la Présidence de la République, jusqu’ à ce que soit assuré le retour au fonctionnement régulier des pouvoirs publics. Et il prête le serment constitutionnel devant le Conseil des ministres.

Si en même temps le Chef du Gouvernement se trouve empêché pour l’une des raisons prévues à l’alinéa précédent, le ministre de justice est investi des fonctions de la Présidence de la République par intérim.

Dans ces deux derniers cas, des élections sont organisées pour élire le Président de la République dans un délai de quarante-cinq jours au moins et de quatre-vingt-dix jours au plus à compter la date de la vacance.

Le Président de la République par intérim prête le serment constitutionnel prévu dans l’article 76 de la Constitution.

Art. 15 – Le Président de la République peut soumettre au référendum tout projet de décret-loi. Lorsque le référendum a conclu à l’adoption du projet, le Président de la République le promulgue dans un délai maximum de quinze jours à compter de la date de proclamation des résultats du référendum.

Section 2 – Le Gouvernement

Art. 16 – Le Gouvernement se compose du Chef du Gouvernement, de ministres et de secrétaires d’Etat nommés par le Président de la République.

Le Chef du Gouvernement et les membres du Gouvernement prêtent devant le Président de la République le serment prévu par le dernier alinéa de l’article 89 de la Constitution.

Art. 17 – Le Gouvernement veille à l’exécution de la politique générale de l’Etat, conformément aux directives et aux choix définis par le Président de la République.

Art. 18 – Le Gouvernement est responsable de ses actes devant le Président de la République.

Art. 19 – Le Chef du Gouvernement dirige et coordonne l’action du Gouvernement. Il dispose de l’administration aux fins de l’exécution des orientations et choix définis par le Président de la République. Il supplée, le cas échéant, le Président de la République dans la présidence du Conseil des ministres ou de tout autre conseil.

CHAPITRE IV

Dispositions finales

Art. 20 – Le préambule de la Constitution, ses premier et deuxième chapitres et toutes les dispositions constitutionnelles qui ne sont pas contraires aux dispositions du présent décret Présidentiel, continuent à être appliquées.

Art. 21 – L’Instance provisoire de contrôle de la constitutionnalité des projets de loi est supprimée.

Art. 22 – Le Président de la République élabore les projets de révisions relatives aux réformes politiques avec l’assistance d’une commission dont l’organisation est fixée par décret Présidentiel.

Ces projets de révisions doivent avoir pour objet l’établissement d’un véritable régime démocratique dans lequel le peuple est effectivement le titulaire de la souveraineté et la source des pouvoirs qui les exerce à travers des représentants élus ou par voie de référendum.

Ce régime repose sur la séparation des pouvoirs et l’équilibre réel entre eux, il consacre l’Etat de droit et garantit les droits et les libertés publiques et individuelles et la réalisation des objectifs de la révolution du 17 décembre 2010 relatifs au travail, à la liberté et à la dignité nationale.

Ces projets de révisions sont soumis par le Président de la République au référendum pour approbation.

Art. 23 – Le présent décret Présidentiel sera publié au Journal officiel de la République tunisienne et il est immédiatement exécutoire.

Tunis, le 15 Safar al Khayr 1443.

Le 22 septembre 2021. Le Président de la République Kaïs Saïed

« Terrorisme…Réalités, causes et mystifications idéologiques »

Avec l’ouverture du procès concernant les attentats du 13 novembre en France, et le 20è anniversaire du 11 septembre 2001, la question du terrorisme est en ce moment, et fortement, dans les médias, dans les mémoires, dans les émotions… ce qui est normal. Mais est-elle suffisamment dans les analyses, dans les interrogations et les débats nécessaires ? Certainement pas. Pourtant, lutter contre cette violence criminelle mondialisée devrait imposer d’aller au fond des enjeux sociaux, économiques, politiques, stratégiques, historiques… Ce livre, sorti en 2019, aborde en particulier les questions de la définition du terrorisme, de ses causes (parce qu’il y a des causes, n’en déplaise à Manuel Valls et à quelques autres), et de ses instrumentalisations idéologiques. A lire ou à relire pour mieux appréhender les enjeux, pour aller au-delà des apparences, des « fakes news » ou infox, et des mensonges.

A commander (172 pages – 12 euros) en librairie, ou aller sur le site des éditions du Croquant :

https://editions-croquant.org/

Afghanistan: de quelle défaite parle-t-on ? افغانستان: سخن از کدام شکست است؟

Cet article tente de donner de premières hypothèses sur le sens des événements d’Afghanistan. Il est évidemment trop tôt pour traiter de leurs conséquences, mais il est vraiment nécessaire, dans le flot médiatique actuel, de proposer un début d’analyse. Ce texte vise à comprendre les aspects géopolitiques essentiels. Il ne cherche pas à être exhaustif. Il est loin de l’être. Il essaie de suggérer quelques questions et quelques pistes pour l’avenir (1).

Je publie ci-dessous, pour celles et ceux qui en auront usage, la traduction de cet article en langue persane (le farsi) qui est une des deux langues officielles en Afghanistan. Le farsi parlé en Afghanistan est appelé le dari.

Je dois cette traduction à un ami iranien, Bernard Arefi que je remercie vivement.

افغانستان: سخن از کدام شکست است؟

ژاک فات*

برگردان بهروز عارفی

22 اوت 2021

در این نوشته تلاش می کنیم به نخستین فرضیه ها درباره رویداهای افغانستان بپردازیم. هنوز برای تحلیل پیامدها خیلی زود است، اما واقعا ضروری است که در میان انبوه سردرگمی رسانه ای کنونی، سرخطِ تحلیل را بگشاییم. در این نوشته، کوشش می کنیم به جنبه های اساسیِ ژئوپولیتیکی اشاره کنیم. طبیعتاً این متن، فراگیر نیست. چنین هدفی هم ندارد. منظور طرح چند پرسش و راهیابی برای آینده است1.

همان گونه که می بینیم، 20 سال پس از «جنگ با تروریسم» که جورج والکِر بوش در پیِ حمله های تروریستی در 11 سپتامبر 2001 علیه طالبان و القاعده به راه انداخت، افغانستان، در چند روز به دست طالبان سقوط کرد (واژه سقوط بسیار معنی دار است). در برابر پیشروی برق آسای روزهای اخیر، نیروهای افغان یا فروریختند و یا بدون جنگ، تسلیم شدند. تشدید حمله های هوائی آمریکا چیزی را در محل تغییر نداد. طالبان هنگامی وارد کابل شدند که نیروهای واشینگتن هنوز در آن شهر بودند. طالبان ورودی های فرودگاه را کنترل می کنند و در نتیجه دسترسی به آن برای کسانی که می خواهند افغانستان را ترک کنند، نامعلوم و پرمخاطره است. هزاران افغانی برای فرار از کشور به آنجا روی می آورند. بایدن در مقابل این فروپاشی گفت که قادر نیست نتیجه نهایی این عملیات را تضمین کند.

در هرجی و مرجی وصف ناپذیر، سیاست عقب نشینی که بایدن فرمانش را صادر کرد و دولت آمریکا راه و روش آن و نیز تقویم آن را معین کرد، باوجود تقویت قابل ملاحظه ی نیروهای آمریکا از سوی پنتاگون (از 2500 تا 6000 سرباز) جهت تضمین امنیت، این عقب نشینی یک شکست کامل است. آمریکا حتی نیروهایی در قطر و کویت مستقر کرد. اما، ایالات متحده کنترل اوضاع را از دست داده است. این امر، به نوبه خود، برای بزرگترین قدرت نظامی جهان اهانت آمیز است. چرا که بیست سال پیش، جورج دبلیو بوش از جاه طلبیِ قدرتی با گستردگی بین المللی صحبت کرد2 و اینکه هیچ چیزی نمی تواند این وضعیت را برهم زند. چهل و سومین رئیس جمهور آمریکا اظهار داشت «جنگ ما علیه تروریسم با القاعده شروع می شود ولی با آن متوقف نخواهد شد. این جنگ تا زمانی که همه گروه های تروریستی را در جهان یافته، دستگیر کرده و شکست دهیم» ادامه خواهد یافت. این بلندپروازی که با شروعِ جنگی جهانی با تروریسم به نام ارزش های امریکا، به نام ملتی «استثنایی» و «صاحبِ تقدیر»، به نام مسیحایی دموکراتیک آغازشد، امروز – ودر واقع از مدت ها پیش- دور از دسترس است. این ایده برخاسته از مبالغه ای دراز مدت است که برای ایالات متحده و نیز منحدانش بسیار گران تمام شده است. اما، این دروغ که آشکارا در رسانه ها نیز بازتاب یافته است، بی دلیل نبود: تثبیت حضور سلطه گرانه ی آمریکا در جهان و به ویژه در منطقه ای که منافع استراتژیکی و حوزه های نفوذ بسیاری به هم می‌رسند.

آرشیو امنیت ملی (آمریکا)3در 19 اوت مجموعه ای از اسناد تاریخی را منتشر کرد که از رده بندی سری خارج شده بود. این اسناد نشان می‌دهد که «به مدت نزدیک به بیست سال، دولت آمریکا تا چه حدی مردم آمریکا را در مورد پیشرفت ها در افغانستان فریب داد. در حالی که همزمان، واقعیت های آزاردهنده درباره ی شکست های جاری را با سرپوشِ محرمانه مخفی می کردند…» درنتیجه، واشینگتن درباره ی توهم و دروغ بافی برپایه ی اسطوره های ایدئولوژیکی بنیادگذار ایالات متحده و همچنین در مورد واقعیت تناسب قوا شکست خورده است…

پیروزی طالبان همراه با تصویرهای دهشتناک، تراژدی انسانی و پرسش های بی شمار درباره ی آینده، به عنوانِ یک رویداد بااهمیت تلقی می شود. با لحظه ی بهت آور و تاریخ دراماتیک روبرو هستیم. ولی اگر اوضاع چنین ابعادی پیدا کرده، به ویژه به سبب مفهوم سیاسی اساسی آن است. به هر حال، این پیروزی و پیامدهای آن درسی کلی تر و هشداری است ازجمله برای فرانسه که مجبوراست برای سازگاری و شکلی از عقب نشینی در جنگ ساحل آفریقا و کش و قوس های آن آماده شود.

عقب نشینی از افغانستان که جو بایدن به رغم دودلی های موجود در بین جمهوری خواهان و نیز در میان نظامیان، تصمیم آن را گرفت و بدان متعهد شد، در واقع طرحی است که بسیار پیش از آن ریخته و پرداخته شده بود. ابتدا، در سال 2012، باراک اوباما تصمیم گرفت تا نخستین گروه از سربازان امریکائی را بازگرداند. با این وجود، او مجبور شد که در تقویم بازگشت سربازان تجدید نظر کند و حتی به خاطر وخامت اوضاع، نیروهای جدیدی به افغانستان گسیل دارد. این انطباق جدید موجب بروز تردیدهای طولانی بین دو خواست شد یعنی بین عقب نشینی که کم کم تحمیل می شد و آنچه که در آن زمان برای پاسخ به ضروریات ایمنی «الزامی» به نظر می آمد.

سپس، دونالد ترامپ بود که متعهد شد به «این جنگ بی پایان» پایان دهد و «حداکثر تا سال 2021» نیروها رابرگرداند. او در فوریه 2020 در دوحه با طالبان بر سر توافقی برای خروج نیروها در تاریخ یادشده مذاکره کرد و پیش از انتخابات ریاست جمهوری نوامبر 2020، به این فرایند شتاب داد. استقبال مردم از چنین عقب نشینی آن چنان زیاد بود که تابوی گفتگوی مستقیم با دشمنی که تا دیروز غیرقابل معاشرت ارزیابی می شد، شکست. گفتگو بر سر خروج نیروهای آمریکایی تا پایان مه 2020 در مقابل تعهد طالبان برای تامین امنیت و مذاکره مستقیم با حکومت کابل انجام شد. اما خشونت ها تا میزان بالاتری ادامه یافت، اختلاف ها تداوم یافته و چشم انداز خروج کامل با مقاومت هایی در کنگره و پنتاگون [وزارت دفاع] روبرو شد.

سرانجام، جوبایدن تصمیم گرفت تا کار را تمام کند. از آن پس، او بود که با انتقادهای تُند جمهوری خواهان، دونالد ترامپ و برخی از متحدان آمریکا (از جمله آالمان و بریتانیا) و نیز چند رسانه روبرو شد که این تصمیم را «فاجعه کامل» خواندند، امری که در عمل ایالات متحده را بی اعتبار می کند. روزنامه « وال استریت جورنال » بیانات بایدن را «ننگین»، «تسلیم» و «دغل کاری» نامید. این واقعیتی است که استفاده از نیروهای نظامی چنان در ذات اصلی نقش آمریکا و هویتِ امپریالیستی ایالات متحده ثبت شده که هر گُزینشِ دیگری ، غیرعادی و نسنجیده تلقی می شود. این نکته را اوباما خوب به یاد دارد، چون او که نپذیرفت در سال 2013 سوریه را بمباران کند، به شدت مورد سرزنش قرار گرفت و از جمله در فرانسه. در نتیجه‌ی از دست دادن کنترل، بلبشوی امنیتی، نکوهش ملی… بدون تردید روز 15 اوت آثار عمیقی در حافظه ی سیاسی آمریکا برجاخواهد گذاشت. اما باید فراتر از آن را نگریست.

شکست تاریخی

عقب نشینی آمریکا و فروپاشی رژیم وابسته به واشینگتنِ افغانستان، ابتدا برای ایالات متحده یک شکست تاریخی است: شکست جنگ آمریکا با تروریسم، شکستِ «دولت سازی»4 در حالی که کلِ سیاست خارجی ایالات متحده و مجموعه ی جنگ های آن ها به نام دموکراسی به مثابه کسبِ حقانیتِ نهایی و حقانیت شیوه کار، هدایت شده است. با این وجود، نباید به رغم شدت تصویرها، میان سقوط کابل در 2021 و سقوط سایگون در 1975، شباهت قائل شد.

در ویتنام، با نماد کسب اسقلال یک ملت در موقعیت سخت و دهشتناک جنگ سرد روبرو بودیم. تحقق هدفی که لازم و عادلانه بود که در پایان یک جنگ آزادی بخش طولانی، به دست آمد. بدین ترتیب، مردم یک کشور در نظم نوینی جایگاه خود را می یافت تا دولتی مستقل ایجاد کند. در افغانستان، با بیانِ فروپاشی و درماندگی روبرو هستیم. فروپاشی یک رژیم بدون حقانیت زیر فشار اسلامِ سیاسیِ مسلح. درماندگی دراز مدت یک منطق قدرت مسلط در منطقه ای که رقابت ها و تقسیم حوزه های نفوذ، بی وقفه، وضعیت بین المللی درگیری های استراتژیکی، ناامنی دائمی و بی ثباتی تروریستی را رقم می زنند.

مسلماً در افغانستان، ایالات متحده با دومین شکست تاریخی حود پس از ویتنام مواجه است. اما، معنای این دو شکست یکی نیست. امروز، برای مردم افغانستان، «تحقق لازم و عادلانه» وجود ندارد. برعکس، قدمی تازه در وضعیتی متفاوت، در فاجعه ای سیاسی، اجتماعی، ایدئولوژیکی و امنیتی می گذارند… نباید به تبلیغات حساب شده ی «میانه رویِ» برخی رهبران طالبان، برای مثال در مورد حقوق زنان وقعی گذاشت. ذبیح الله مجاهد، سخنگوی طالبان تلاش کرد درباره نیت های قدرت جدید اطمینان دهد. او گفت «ما می خواهیم بر پایه ی اصول دیپلماتیک و احترام با همه کشورهای جهان رابطه داشته باشیم. ما می خواهیم اقتصاد خوبی داشته باشیم. ما بازرگانی می خواهیم، ما دیپلماسی خوب می خواهیم …». بااین وجود، وحشیگری سرکوب، پیگردِ مخالفان سیاسی و قتل ها نگرانی های برحق و تردیدهای زیاد ایجاد کرده، هرچند هنوز با خشونت های بی حد و اندازه ی طالبان سال های دهه 1990 فاصله داریم.

یادآوری کنیم که مجله پژوهشی The Intercept (که اسناد National Security Agency را منتشر کرده بود که ادوارد اِسنودِن از سال 2013 برملاکرد)، در 18 اوت فاش کرد که طالبان به مجموعه ی مشخصاتِ بیومتریک آمریکایی ها دست یافته اند. این مشخصات هویتی بیومتری می تواند به شناسایی افغان هائی کمک کند که برای نیروهای ائتلاف زیر رهبری واشینگتن کار کرده بودند. به نوشته ی این مجله، کار پیچیده شناسایی افراد از طریق این روش تشخیص هویت تکنولوژیکی می تواند با کمک ISI «سازمان مخفی اطلاعاتی» عمده ی پاکستان انجام گیرد … این سازمان دائماً به دو دوده بازی کردن سیاسی شهرت دارد.

می توان نسبت به سازوکارهای منفیِ ممکن و هراسناکی نگران بود (باید هم!) که طالبان می توانند به راه اندازند: تشویقی برای اسلامیسم سیاسی و جهادیسم، فرصتی برای القاعده (متحد نزدیک طالبان)، انحطاط فزاینده ی نقش دولت های خلیج فارس. به خاطر داریم که عربستان سعودی و امارات متحده عربی، در کنار پاکستان تنها کشورهایی بودند که رژیم طالبان (در قدرت از 1996 تا 2001) را به رسمیت شناختند. اکنون، این دومین «امارت اسلامی افغانستان» از چه حمایتی برخوردار خواهد شد؟ بین پشتیبانی کامل و طرد، بحث و جدل سیاسی-رسانه ای ممکن است داغ باشد. اما، آیا مسئله هنوز به این گونه مطرح می شود؟

در زمینه طرح سوال ها، شایسته است که موضع گیری ها و گزینش های چین و روسیه را که عموماً به پشتیبانی از طالبان شهرت دارند، مورد بررسی قرار دهیم. واقعیت بسیار پیچیده تر است، خواهیم دید، اما انتخابِ پکن و مسکو آشکارا، رویه ی مثبت نسبت به افغانستان پساآمریکا و رژیمِ در حال استقرار است. شکست ایالات متحده که به طور کلی تر، شکست قدرت های غربی و ناتو نیز است، فضای برد و باخت (و مسئله های جدید) را باز می کند. این اوضاع فرصت های استراتژیکی و اقتصادی فراهم می کند. این وضع امکان می دهد تا شکل بندی منطقه ای جدیدی را در نظر گرفت.

چین و روسیه چه می خواهند

در این وضعیت دگرگون شده، چین و روسیه، همزمان رقیب و مکمل یکدیگرند. رقابت میان این دو، واقعی است. هر کدام چارچوب و راهکار منطقه ای و چندجانبه ی مناسب با منافع خود طرح می کنند. این دو بازیگر، میدان نفوذ و قدرت خاص خود را دارند. اما، در منطقه ای که تاریخ را ، هم میراث شوروی دیروز و هم بلندپروازی های چینِ پیروزمند امروز تعیین می کند ، این میدان ها را می توان کاملاً روی هم گذاشت. با این همه، اکنون مشارکت چین/روسیه از این رقابت رنج نمی برد. پکن و مسکو می توانند مشترکاً یا به موازاتِ هم، از موقعیت ژئوپولیتیکی افغانستان که از یوغ قدرت امریکا آزاد می شود و منطقه ای که می تواند بیشتر قابل دسترسی باشد، بهره ببرد. شکست آمریکا، از نظر استراتژیکی سنگین خواهد بود. اکنون، چین و روسیه می خواهند آشکارا تندتر به پیش روند تا بتوانند از ضعف هژمونی آمریکا و خرابی چشمگیر اعتبار آن کشور، بهره برداری کنند.

روسیه روی مناسبات با جمهوری های پیشینِ شوروی در آسیای مرکزی حساب می کند. این کشور نسبت به گفتگوهای در جریان میان واشینگتن و مقامات کشورهای مجاورِ افغانستان جهت یافتن شرایطی برای استقرار مجدد نیروهای آمریکا در منطقه نگران است. سرگئی لاوروف وزیر امورخارجه روسیه اظهار داشته که حضور نظامیان مسلحِ بیگانه در هرکدام از این کشورها که عضو «سازمان پیمان امنیت جمعی»5 هستند، به توافق همه ی اعضای این سازمان نیاز دارد. او افزود که استقرار پایگاه های نظامی جدید به امنیت در آسیای مرکزی کمکی نخواهد کرد. گویا در نشست سران در ژنو (16 ژوئن 2020) میان بایدن و پوتین، برسرِ این موضوع تبادل نظر شده است.

از سوی دیگر، روسیه، تاجیکستان و ازبکستان در 10 اوت امسال رزمایش نظامی مشترکی در ولایت ختلون در تاجیکستان و در 20 کیلومتری مرز افغانستان را به انجام رساندند. یک هفته بعد، در 17 اوت در شرایطی که اوضاع افغانستان به سرعت در حالِ فروپاشی بود، نیروهای روسیه یک رزمایش یک ماهه را در تاجیکستان آغاز کردند. روسیه پایگاه های دفاعی اش رامستحکم تر می کرد.

روز 9 اوت، چین و روسیه رزمایش بزرگی را در ایالت خودمختار چینیِ نینگسیا (با شرکت بیش از ده هزار سرباز، زره پوش و هواپیما) شروع کردند. برای نخستین بار، در این مانور نظامی، از سیستم فرماندهی مشترک و حضور نظامیان روسی در میان فرماندهان چینی استفاده شد. هدف از این آمادگی مشترک، بررسی وضعیت ثبات، امنیت و ضدتروریسم در آسیای مرکزی بود. جَدَل چشمگیری در تلویزیون آمریکائی سی اِن اِن در گرفت که بر تفاوت هدف های میان پکن و مسکو تأکید داشت، در حالی که یکی از هدف های این رزمایش ها، نشان دادن سطح همکاری امنیتی و مشارکت استراتژیکی چین-روسیه در اوضاع تنش های رو به فزون با واشینگتن بود.

پس، دست اندازیِ نگران کننده ی طالبان بر افغانستان یک « بازی بزرگ » استراتژیکی جاه طلبانه و تناسب قوا در سطح ملی و بین المللی است. و این « بازی بزرگ » نیز به نوبه ی خود با سهم سیاسی دیپلماتیک جهت جستجوی شرایط و چارچوب همکاری در نظمِ نوینِ منطقه ای همراه است. چین و روسیه روابط خود با طالبان را حفظ و تحکیم می کنند. نه پکن، و نه مسکو نمی خواهند موقعیت خوب خود را از دست بدهند. سفیر روسیه در کابل به تماس های رسمی ادامه می دهد. این سفارت، همچون سفارت پکن باز خواهد ماند.

در ماه ژوئیه، یک هیئت طالبان به ریاست ملا عبدالغنی برادر، فرد شماره 2 طالبان در مسکو با زمیر کابولُف فرستاده ویژه روسیه برای افغانستان ملاقات کرد. سپس این هیئت به چین رفت و در تیانجین با وانگ یی وزیر امورخارجه چین در فضایی مملو از تعارفات دیپلماتیک دیدار کرد. از نگاه روسیه ممکن است شناسایی رژیم جدید رخ دهد، ولی رسماً به منش طالبان مشروط شده است، یعنی به نگرش آن ها درباره چندمسئله، به ویژه در زمینه ی امنیت و تروریسم. این امر همچنین بستگی دارد که تا چه حد تشویق و ترغیب درباره ی گفتگوی سیاسی فراگیر داخلی مفید واقع شود تا بتواند به مناقشه طولانی افغانی ها پایان دهد. گفتمان چینی ها بسیار مشابه آن است. وانگ یی به مذاکره بین افغانی فراخوانده تا به یک مصالحه برسند. در واقعیت، این زبان رسمی موضع بسیاری در جهان است: از جمله شورای امنیت، اتحادیه اروپا، ناتو، فرانسه یا ترکیه. البته این کار به شرایطی مشابه به ویژه در مورد لزوم وجود حکومتی که نماینده مردم و فراگیر باشد، نیز بستگی دارد. از طالبان خواسته اند که به تعهدات خود احترام گذارند. ارزیابی اعتبار گفتمان طالبان برای آینده بسیار دشوار است. با این وجود، باید اهمیت حمایت روسیه و چین را از طالبان خوب ارزیابی کرد. به این معنی که باید اهمیت پاسخ طالبان به درخواست مکرر مسکو و پکن درباره برخی از مسئله ها و از جمله مسئله امنیتی را سنجید.

به ویژه، چین (مانند روسیه) به برخورد طالبان نسبت به تهدید تروریستی اهمیت بسیار قائل است. چین دارای 76 کیلومتر مرز مشترک با افغانستان است و این مرز با گزینگیانگ مجاور است. چینی ها نسبت به فعالیت های گروه جدایی طلب «حزب اسلامی شرق ترکستان» (ETIM) نگران هستند. این جنبش اسلامیِ ترکستان شرقی سازمانی است که عناصر فعالِ ازبک و اویغور را دربر می گیرد و گفته می شود که چندین سوءقصد مرگبار در چین مرتکب شده است. وانگ یی اظهار داشت «ما امیدواریم که طالبان افغان به روشنی با سازمان های تروریستی قطع رابطه کنند و از جمله با همین حزب ETIM و با جدیت و به طور موثر با آن ها مبارزه کنند تا مانع ها را از سر راه بردارند، نقشی مثبت ایفا کرده و شرایط لازم برای امنیت، ثبات، توسعه و همکاری در منطقه را فراهم آورند.».

چین مانند روسیه درپیِ مدیریتِ اوضاع با استفاده از چارچوب های نهادینه ای چندجانبه، مثل «سازمان همکاری شانگهای»6 است که دولت روسیه نیز در آن عضویت دارد. پکن باروحیه ی ضمنیِ مشارکت در ثبات و «بازسازی صلح آمیز» افغانستان، برای گروهِ امور افغانستانِ در این « سازمان » ارزش قائل است. در این رهگذر، از 12 تا 16 ژوئیه گذشته، وانگ یی از ترکمنستان، تاجیکستان و ازبکستان دیدار کرد. آخرسر، پکن جهت کمک به این بازساری، گسترش «راهرو اقتصادی چین-پاکستان»7 را تا افغانستان پیشنهاد کرده است.

از مبالغه تا تحقیر

گرچه هم سوئی چین و روسیه فارغ از رقابت نیست، اما می خواهد در پیکربندیِ جدید منطقه ای پس از شکست آمریکا جایی باز کند. این رویکردجدیدی را که نمایان شده، باید سنجید. ابتدا، باید شکست استراتژیکی ایالات متحده را در نظر گرفته و از آن بهره گیری کرد. یِنس اِستولِنبِرگ، دبیرکل ناتو در کنفرانس مطبوعاتی در 20 اوت، نشان داد که سَمت و سوی رویدادها را خوب درک کرده است. او اظهار داشت: «آمریکا و اروپای شمالی باید به همراهی با یکدیگر در درون ناتو ادامه دهند. رویدادهای جاری افغانستان چیزی را تغییر نمی دهد. وابستگی تناسب قوای کلیِ جهانی، عملکرد تهاجمی روسیه و تثبیت چین موجب شده که حفظ یک پیوند فراآتلانتیکی اهمیت بیشتری پیدا کند».

پس از ریاست جمهوری اندوه بار دونالد ترامپ، جو بایدن خود را برای بازسازی اعتبارِ بین المللی بر زمینه ی سلطه ی بازیافته و قدرتِ برتر آمریکا در شکل های «کلاسیک تر» آماده می کرد. شکست استراتژیکیِ اخیر همراه با بدبختیِ بِلبشو و ناتوانی جهت کنترل اوضاع… برای زمانی نامعلوم اعتبارِ ایالات متحده و توانایی واقعی آن ها را در سدکردن چین برباد داد. همان گونه که روزنامه مشهور واشینگتن پست نوشت، ایالات متحده از مبالغه به تحقیر رسید. خطایی برای چین و روسیه خواهد بودکه فراموش کنند که همان گونه که معروف است، تاریخ به یک شکل دوبار تکرار نمی شود. آخرسر، بلندپروازی روس ها و به ویژه چینی ها به طور ضمنی در تقویمِ دوگانه ای یادداشت می شود.

ابتدا، چنانچه دیدیم، ثبات و امنیت همچون دل نگرانی های مشخص، فوری و مُقَدَّم می باشند. نباید به این نگرانی کم بها داد. این حساسیت ها در نگرشی جای می گیرند که به عنوان بدیلِ کامل شمرده می شوند. این بدیل ها موجب پایان مناقشه افغانی و تأمینِ شرایط توسعه ی اقتصادی می شود. آیا این بینشی اراده گرا و اغراق آمیز است؟ امروز، تصور این که چه پیش خواهد آمد، غیرممکن است. به هیچ وجه نمی توان بخت چنین بدیل ها، مخاطره های جنگ داخلی، بی ثباتی ها و بحران های احتمالی، مقاومت سیاسی و اجتماعی داخلی در برابر رژیم طالبان را پیش بینی کرد… آینده بسیار ناروشن است.

مسئله دوم، کاربست یک استراتژی است که پایه های یک همکاری، بهره برداری از منابع و ثروت های زیرزمینی افغانستان، ایجاد زیرساختارها را میسر سازد و برای چین، به روشنی خواست پیوستن به این چشم انداز در طرح های جهانی Belt and Road Initiative [جاده ابریشم جدید] است. یادآوری می کنند که افغانستان اکنون از منابع انرژی، ثروت های معدنی مهم و حتی عناصر «خاک های نادر» که در تکنولوژی های پیشرفته مصرف دارد، برخوردار است: نظیر مس، آهن، طلا، جیوه، لیتیوم، کبالت، هیدروکربورها… به دلیل بدیهیِ ناامنی و مناقشه ی بی پایان، این ثروت ها در مرحله ی عدم امکان بهره برداری قرار دارند که برای مدتی دراز مانع از به راه انداختن طرح های بزرگ شده است.

آشکار است که خروج افغانستان، دولت در انحطاط از وضعیت تاریخی جنگی برای ورود آن در استراتژیِ طرح های اقتصادی و صنعتی، گسستی عظیم یعنی تغییر الگوی سیاسی ملی و بین المللی را الزامی می کند. بلندپروازی ای به این عظمت، چالشی بزرگ است. نخست، به این خاطر که با یکی از فقیرترین کشورهای جهان روبرو هستیم. و نه فقط. آیا چین می تواند از راه اقتصادی به آنچه آمریکا نتوانست با زور انجام دهد، برسد؟ … قطعی نیست که در وضعیت کنونی، با فاجعه ی مالی و بحران انسانی که تهدید می کند، باوجود تحریم های آمریکا و صندوق جهانی پول، ناروشنی ها درباره کمک های بانک جهانی، تنش های رو به فزون و رویارویی های قدرت ها امکان داشت تا به سادگی بتوان چنین دیدگاهی را پیاده کرد. تازه، این به معنی فراموش کردن بسیاری از مشکلات دیگر است. آخرسر، ضروری است که شرایط سیاسی داخلی نیز مساعد باشد. آیا شورشیانِ ایدئولوژیکیِ مسلحِ نخسین امارت اسلامی افغانستان، در سال های دهه 1990، قادر خواهند بود به طور کلی خود را به مسئولان سیاسی ، اداری، اجتماعی و دیپلماتیک با هدفِ استراتژی ملی و پیشرفت کلی بدل کنند؟ آنان مجبورند که حکومت کنند… اگر اکنون، منش سیاسی طالبان بیانِ خواست انطباق با اوضاع جدید و برتن کردن (یا نکردنِ) جامه ی مسئولیت … باشد، آیا قالبِ ایدئولوژیکی طالبان کاملاً تغییر کرده است؟ در این باره، تردید وجود دارد. ولی این پرسش را باید طرح کرد.

ستیز با نظمی که بر قدرت متکی است

هنوز یک به یک مسئله‌ی اساسی پیرامون درس اصلیِ نمادِ 15 اوت 2021 پاسخ داده نشده است. شکست آمریکا عبارت است از نمایش روشنگرِ بحرانی که اندیشه ی استراتژیکی مسلط می نامند و برپایه ی تثبیت قدرت و اِعمال زور متکی است. انتخاب نوعِ دفاع، گزینش سیاست خارجی، گزینش های برنامه های اقتصادی، پژوهشی … به این معنی است که انتخاب تعیین کننده ی سرمایه داری غربی و به ویژه ایالات متحده با این اندیشه ی استراتژیکی استوار و بنیاد شده و از آن حقانیت یافته است . اندیشه ای که سلسه مراتب قدرت ها، شکل بندی و تناقض های نظم بین المللی را تعیین می کند.

هر آنچه که از پایان قرن نوزدهم با روحیه و کاوُشی سخت برای یافتن بدیلی برای جنگ8 بناشده، با درجات مختلف و در نگرشی از چندجانبه گرائی، برابری در حقوق و مطابقت با قانون بین المللی، مسئولیتِ جمعی و امنیت جمعی… جای گرفته است. از این قبیل است: تأسیس سازمان ملل متحد، ممنوعیت استفاده از زور، کنترل تسلیحات و پیمان های خلعِ سلاح، راه حل مسالمت آمیز برای پایان دادن به کشمکش ها…مجموعه ی این متن های قضائی و سیاسی که در جستجوی وسیله ی مناسب برای پیشگیری از جنگ و مهار کردن نیرو تحت تاثیر منطق ها و قدرت ها، در حال متلاشی شدن هستند، یعنی با روحیه ی این اندیشه کهنه ی استراتژیکی مسلط که اکنون تلاش دارد بیش از پیش حود را تحمیل کند.

شکست ایالات متحده در افغانستان، حاکی از بن بستِ وحشتناکِ نظم بین المللی کنونی و برداشت استراتژیکیِ سلطه جویی که این نظم را آماده می کند، است. با بن بستِ عمده ی نوعی نگرش به جهان و روابط بین المللی و بهره برداری از منابع در گستاخی و بی مسئولیتی کامل روبرو هستیم. این پدیده در رده ی چالش های وجودیِ کلیِ دوران ماست.

به یقین به جنگ طولانی افغانستان و سرانجامِ آن نیازمند نبودیم – البته اگر واقعاً سرانجام باشد…- تا این بُن بَست تاریخی را به عنوان داو کلیِ امنیت و صلح برای خلق ها ارزیابی کنیم. اما، قدرت، کاربردِ زوری که همراه آن است، چنان در آدابِ سیاسی و اجتماعی [Social] (برای این که نگوئیم جامعه گی [Sociétale]) وارد شده اند، که شایسته است هربار که ممکن است، تاکید کنیم که قدرت نه یک نوع سمت و سوی مشترک جهانشمول و نه ثابتِ ملزومِ رفتارهای اجتماعی است.

مسلم است که قدرت پارامتری است اجتماعی و سیاسی که در دراز مدت مُهر ِخود را بر تاریخ می گذارد. به ویژه سرمایه داری بی وقفه از آن تغذیه کرده است. اما این یک پارامتر اتفاقی ونفرت انگیز است… و هرگز امروز به میزان کافی به عنوان اساسِ این امر مسئله ساز راهبری بین المللی مورد اعتراض قرار نگرفته است. چگونه می توان تصور کرد (یا بهتر بگوئیم، ما را مجبور به باور کنند) که امکان دارد از راه زور و جنگ، بتوان نهادها، دموکراسی، شرایط امنیت، ماندگاری اقتصادی و اجتماعی … را در دولتی ایجاد کرد که در درون آن بخش بسیار چشمگیری از جمعیت (36 درصد امروز) در زیر خط فقر و در ناتوانی پاسخگوئی به نیازهای اصلی خود به سر می برند؟

این مجموعه ی قضائی و سیاسی که اساساً در نیمه دوم قرن بیستم و با چشم انداز یک معماریِ هماهنگ با حقوق و مسئولیت جمعی ساخته شده، نسبی بودن مفهوم قدرت را نشان می دهد. کسب مالکیت و پیشرفت های متمدنانه برای رسیدن به نظم بین المللی متفاوت ممکن است.

نمی توان گفت – حتما نمی توان- که چین و روسیه عملکرد و برداشت های استراتژیکیِ بیگانه بامنطق قدرت ها و استفاده از زور دارند. واضح است که امروزه، این مُدل، روش بازیگران اصلی جهانی (به جز سازمان ملل متحد) است. حتی برای آنانی مثل اتحادیه اروپا که از این گفتمان استفاده می کنند، بی آنکه ابزار آن را داشته باشند، یک مدل است. بااین وجود، چند تفاوت وجود دارد. آیا کفایت خواهد کرد؟

مناقشه ی طولانیِ افغانستان، جنگی است با هزینه ی 2260 میلیارد دلار. دولت ورشکسته است. 83 میلیارد دلار برای آموزش ارتشی هزینه شده که در چند روز از هم پاشید. 100 هزار غیرنظامی و نیز 70 هزار ارتشی و پلیس افغان کشته شدند و بیش از 4000 سرباز غربی نیز در حالی که آنان را ناتو در یک ائتلاف از 31 کشور … بسیج کرده بود. پس، نتیجه 20 سال نبرد، قربانی و ویرانی است… در واقعیت، ابتدا برای مردم افغان، 40 سال اشغالِ بیگانه و رنج های فراوان. زیرا باید مداخله ی شوروی و پیامدهای تراژیک آن را نیز در ارزیابی گنجاند، ولی همچنین جنگ داخلی پس از آن را نیز باید درنظر گرفت. احتمالاً این جنگ به پایان خواهد رسید. امیدواریم که چنین باشد. اما، همه چیز امکان دارد. پس از چهل سال تباهی، شاید دشوار بتوان ، آری شاید… بدتر از این عمل کرد.

22 اوت 2021

* ژاک فات، Jacques FATH مسئول پیشین امور بین المللی حزب کمونیست فرانسه است و دارای تألیفات متعدد در زمینه امور بین المللی است.

لینک اصلی مقاله:

https://jacquesfath.international/

1 – منابع اصلی برای تهیه این مقاله: presse, instituts et médias français, euronews, Reuters, The New York Times, The Washington Post, Politico, les sites Défense One, Military Times, OTAN, Rand Corporation, International Institute for Strategic Studies (IISS), Council on Foreign Relations (CFR), National Security Archive, The Intercept, Global Times, South China Morning Post, RT-France, Sputniknews

2 – سخنرانی بوش در نشست مشترک کنگره، پنجشنبه 20 سپتامبر 2001.

3 –  https://nsarchive.gwu.edu/briefing-book/afghanistan/2021-08-19/afghanistan-2020-20-year-war-20-documents

NSA نهاد پژوهشی و غیردولتی مستقلی است که در دانشگاه جورج واشینگتن دارای یک کتابخانه است. این نهاد اسناد خارج شده طبقه بندی را بر پایه ی قانون های امریکا درباره آزادی و اطلاعات منتشر می کند.

4 – در متن فرانسه از اصطلاح «State building» استفاده شده است که می توان ایجاد یک دولت ترجمه کرد. اما مفهومِ ایدئولوژیکی آنبیشتر به معنای استقرار «حکومت»ی لیبرال به زور در ثباتی است که زیر سلطه ی غرب به دست امده است.

5 – این یک سازمان سیاسی-نظامی (بافعالیت محدود) بین دولت هاست.که در اکتبر 2002 تاسیس شده و شامل ارمنستان، بیلاروسیه، کازاخستان، قرقیزستان، روسیه و تاجیکستان است.

6 – سازمان همکاری شانگهای سازمانی اقتصادی-سیاسی بین دولتی است که 8 کشور (چین، هند، کازاخستان، قرقیزستان، روسیه، پاکستان، تاجیکستان و ازبکستان) در ان عضو هستند؛ 4 دولت به عنوان ناظر (افغانستان، بیِلاروسیه، ایران و مغولستان) و 6 کشور شریکِ گفتگو (ارمنستان، آذربایجان، کامبوج، سریلانکا و ترکیه) شرکت دارند.

7 – این راهرو مجموعه ای از طرح های اقتصادی، انرژی و زیرساختاری است که هدف آن مدرنیزاسیون و تحکیم اقتصاد پاکستان در چارچوب Belt and Road initiative و جاده ابریشم جدید است.

8 – به کتاب زیر مراجعه کنید: « Chaos. La Crise de l’ordre international libéral. La France et l’Europe dans l’ordre américain », Jacques FATH, Edition du Croquant, 2020, Pages 89 à 95.