Washington déploie six B-52 en Europe.

B-52Six bombardiers américains stratofortress B-52 envoyés en Europe… de quoi amplifier les risques et les tensions.

Voici le communiqué de l’OTAN du 14 mars dernier indiquant le déploiement, que l’on peut qualifier d’exceptionnel, de six bombardiers appartenant à l’ US Strategic Command, le « STRATCOM », qui assume la responsabilité militaire des forces nucléaires américaines.

« L’armée de l’air des États-Unis a envoyé six bombardiers B-52 à long rayon d’action au Royaume-Uni pour une série d’entraînements dans le ciel européen. Les aéronefs et plus de 450 personnels navigants ont décollé de la base aérienne de Barksdale en Louisiane pour rejoindre celle de la Royal Air Force à Fairford ce jeudi (14 mars 2019).

Se félicitant de ce déploiement, la porte-parole de l’OTAN, Mme Oana Lungescu, a déclaré : « Il s’agit d’un déploiement de routine, mais il prouve que le parapluie nucléaire américain protège l’Europe et met en évidence les moyens exceptionnels que les États-Unis pourraient mettre à contribution de l’Europe en cas de crise. Le déploiement des B-52 est une nouvelle manifestation du profond engagement des États-Unis à l’égard de l’OTAN. »

Les États-Unis ont déployé des bombardiers stratégiques en Europe au moins une fois par an depuis 2014. Tout au long de cette période, la base aérienne de Fairford a pu accueillir les trois modèles de bombardiers américains – B-1, B-2 et B-52 – venus participer à divers exercices avec les pays européens de l’Alliance, tels que les exercices Baltops et Sabre Strike.

Cela fait plusieurs décennies que Fairford sert de base avancée aux États-Unis pour les vols de bombardiers en Europe. Le déploiement en cours constitue le plus grand déploiement de bombardiers B-52 en Europe depuis l’opération Iraqi Freedom en 2003.  Il permettra de voir comment les bombardiers peuvent mener des missions à partir de Fairford et de familiariser les équipages avec les opérations dans le ciel européen, notamment au-dessus de la mer de Norvège, de la mer Baltique et de la Méditerranée.

Le Commandement stratégique des États-Unis supervise le dispositif de dissuasion nucléaire stratégique américain, y compris les déploiements de B-52. Les forces affectées au Commandement sont d’astreinte 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 pour décourager les attaques stratégiques contre les États-Unis et les pays de l’OTAN.

Utilisé par l’armée de l’air des États-Unis depuis les années 1950, le B-52 est capable de porter des armes conventionnelles ou nucléaires. »

https://www.nato.int/cps/fr/natohq/news_164725.htm

On remarque évidemment que ce déploiement intervient alors que les tensions restent fortes entre Moscou et Washington avec, notamment, à la vive confrontation sur le Traité relatif aux forces nucléaires intermédiaires, le Traité FNI de 1987 qui visait à l’élimination de l’ensemble des missiles d’une portée entre 500 et 5500 km. Nous vivons manifestement les dernières semaines de l’existence de ce traité.

Le site « Opex360 » confirme le but stratégique de la décision américaine en soulignant sa destination politique : lancer une sorte d’ avertissement à la Russie. « Selon les données recueillies par le site [russe] PlaneRadar, l’un de ces B-52H envoyés en Europe, portant l’immatriculation 61-0009, a fait un détour par la mer Baltique, où il mis le cap vers la frontière maritime de l’enclave russe de Kaliningrad. Puis, ayant gardé son transpondeur allumé, il fait un demi-tour pour ensuite se diriger vers les côtes britanniques. À une distance d’environ 120 km de la frontière maritime russe, l’avion s’est trouvé pendant quelques minutes dans la zone de l’action des DCA russe », a indiqué, plus tard, le site Sputnik. Ce vol d’un B-52H à distance de tir de la base navale de Kaliningrad est probablement un message envoyé en réponse à un raid simulé de l’aviation russe contre une station radar installée sur l’île norvégienne de Vardø, l’an passé ».

http://www.opex360.com/2019/03/16/lus-air-force-deploie-6-bombardiers-b-52h-stratofortress-en-europe-et-envoie-un-message-a-la-russie/

A noter le langage de guerre froide du communiqué de l’OTAN qui rappelle explicitement que ces bombardiers s’inscrivent dans « le parapluie nucléaire américain qui protège l’ Europe ». Il est pourtant question d’un « déploiement de routine »… comme si l’installation de six bombardiers de ce type, intégrés dans le dispositif stratégique et nucléaire des États-Unis pouvait relever du train-train quotidien. Cette décision américaine ne peut qu’exacerber les tensions, alimenter la course aux armements et nourrir les projets d’une Europe de la défense dans l’esprit d’une « Europe puissance ». C’est d’une toute autre conception de la sécurité internationale par la concertation, par le multilatéralisme, par le désarmement, par le règlement des différends et des conflits dont les Européens ont besoin. Loin de cet atlantisme militarisé qui constitue toujours le fondement de la politique officielle de la France.

« Du Déni de Palestine à l’apartheid. »

 

CVPR-PO Actes colloque 10 18

 

Actes du colloque qui s’est tenu au Sénat le 13 octobre 2018, organisé par le Comité de Vigilance pour une Paix Réelle au Proche-Orient (CVPR PO) et Maurice Buttin, en partenariat avec ORIENT XXI et Alain Gresh. Avec 17 textes qui permettent d’aller au fond des questions. A noter l’intervention remarquable de Mme Rima Khalaf, ancienne Secrétaire exécutive de la Commission économique et sociale des Nations-Unies pour l’Asie occidentale… et Leïla Shahid en clôture des débats.

10 euros, frais de port compris. Vous pouvez vous procurer ce livre en vous adressant à Maurice Buttin, 54, rue des Entrepreneurs, 75015, Paris   maurice.buttin@orange.fr

Trump et son budget 2020.

Trump Budget 2020

Dis moi quel est ton budget… je te dirai qui tu es.

Avec Donald Trump, on est jamais déçu (si j’ose dire) quant à la signification de ses actes. Il a rendu public son projet du budget pour 2020. Celui-ci prévoit des coupes fédérales très importantes dans les dépenses publiques et sociales, tandis qu’il définit des dotations financières en hausse forte pour 3 priorités : défense, sécurité intérieure et anciens combattants. Un budget centré explicitement sur la « compétition entre grandes puissances ».

Voici, en quelques pourcentages, l’évolution des grandes options de ce projet de budget. Il n’est guère nécessaire de traduire, tellement la nature antisociale et militariste des choix proposés est évidente.

-31% Environmental Protection Agency

-24% State and USAID

-19% Transportation

-16% Housing and Urban Development

-15% Agriculture

-14% Interior

-12 % Health and Human Services

-12% Education

-11% Energy

-10% Labor

-2% Justice

-2% NASA

-2% Treasury

+5% Defense

+7% Homeland Security

+8% Veterans Affairs

Dans ce projet, avec 718,3 milliards de dollars, la défense (= le Department of Defense ou DoD) serait augmentée de 33 milliards par rapport à 2019. En réalité, le budget militaire total des Etats-Unis pour 2020 s’élève officiellement à 750 milliards de dollars. Il comprend, en effet, 32 milliards du Ministère de l’énergie correspondant aux dépenses  relatives aux forces nucléaires. Dans ce total figurent 173,8 milliards pour les opérations extérieures et le fond d’urgence. Et près de 9 milliards (8,6) seraient alloués à la construction du mur sur la frontière avec le Mexique.

Dans les coupes drastiques annoncées, on constate, par exemple, pour les 10 années à venir, l’amputation de 845 milliards de dollars du budget Medicare (assurance de santé pour les personnes âgées), 241 milliards du budget Medicaid (programme pour les plus démunis), 220 milliards du programme d’assistance alimentaire…

Ce projet de budget n’a en réalité aucune chance d’être adopté en l’état. Il sera l’objet d’une vive confrontation au Congrès lors des débats en octobre. Il exprime cependant une certaine vision des États-Unis, de leur avenir et de leurs responsabilités. Une vision dans laquelle, on le savait déjà, la santé, le social, l’éducation, les transports, la science… doivent s’effacer devant des politiques de défense et de sécurité particulièrement agressives et à finalités dominatrice. Ce qui n’empêche pas nombre d’experts et de commentateurs de parler encore d’un « isolationnisme » étasunien…

Nul doute que tout cela pèsera négativement dans les débats en Europe et en France. L’exacerbation manifeste des désaccords euro-américains et des rivalités de puissance n’empêche pas l’engrenage antisocial et les visées hégémoniques. Au moins, sur ces choix-là, des deux côtés de l’Atlantique, ils ne jouent pas dans la même division… mais, sur le fond, ils sont bien d’accord.