Non, Mayotte, ce n’est pas la France.

A peine arrivé sur l’île de Mayotte le 22 octobre dernier, le Président de la République, Emmanuel Macron, s’est exclamé : « Mayotte, c’est la France ! ».

Non, Monsieur le Président, Mayotte ce n’est pas la France.

Vous ne pouvez pas dire cela. C’est une contre-vérité historique et juridique. C’est surtout le résultat d’une manipulation politique et d’un outrage aux grands principes qui fondent le droit international.

Mayotte devrait, en droit, être considéré comme une des quatre îles de l’Archipel des Comores. Ce n’est pas le cas aujourd’hui. Cette île a été intégrée comme région et comme département français en 2011, et comme région ultra-périphérique de l’Union européenne en 2014.

Pourquoi en est-il ainsi ?

Le 22 décembre 1974, les autorités françaises (Valéry Giscard d’Estaing et Jacques Chirac, alors son Premier Ministre), ont organisé un référendum d’autodétermination sur l’Archipel comorien, donc, évidemment, sur les quatre îles. Trois îles (Grande Comores, Anjouan et Mohéli) ont choisi l’indépendance à près de 95 % des votants, tandis que, pour des raisons politiques compliquées, Mayotte s’est prononcé à 63, 82 % en faveur d’un maintien dans la République française. Les autorités françaises ont ensuite fait revoter séparément les habitants de Mayotte pour pouvoir acter ce résultat et imposer ainsi le maintien d’un statut séparé et spécifique à une seule île sur les trois de l’ensemble territorial comoriens. Comme si l’on pouvait ainsi, selon son bon vouloir et ses propres intérêts, « charcuter » les réalités historiques et géographiques de tout un peuple.

Cette manipulation constitue une véritable forfaiture. Et pourtant elle a été acceptée en silence par tout les Présidents qui ont succédé à VGE (ou « à regret » par François Mitterrand). Mais qui, aujourd’hui, s’en préoccupe ?

Puisque la France permit à l’ensemble du peuple comorien, dans ses quatre îles, à exprimer un choix d’autodétermination, c’est (logiquement) le résultat sur l’ensemble des quatre îles qui devait être pris en compte et respecté. Évidemment. Un tel choix aurait été conforme au droit international, au droit inaliénable des peuples à l’autodétermination et aux pratiques les plus communément admises dans les relations internationales. Mais la France voulait conserver une « possession » coloniale dans l’Océan Indien. Pour les ressources à exploiter, pour l’intérêt stratégique, pour pouvoir triomphalement s’exclamer (encore) « la France est la deuxième puissance maritime mondiale ! » … Pour tout cela, et pour bien des raisons propres à la politique de puissance de la France, les autorités ont alors fait ce qu’il fallait contre la volonté majoritaire du peuple comorien pour imposer unilatéralement un choix illégal. Le peuple des Comores a été bafoué dans son unité et dans son intégrité. De scandaleuse façon.

Aujourd’hui, on oublie trop ces faits très graves. Malgré le nombre impressionnant des résolutions des Nations-Unies qui (comme l’Union africaine) n’ont pas accepté cette politique de force contre la souveraineté comorienne, et n’ont cessé d’en exprimer son inadmissibilité. La France est ainsi hors la loi depuis 1974.

Depuis, plusieurs dizaines d’années, des milliers de comoriens se sont noyés en cherchant à rejoindre Mayotte. Beaucoup voulaient pouvoir bénéficier (on les comprend) des services sociaux et de santé installés à Mayotte. Et les liens familiaux et culturels subsistent. D’ année en année, la France a durcit sa politique de répression et de refoulement en développant des moyens policiers et judiciaires importants pour empêcher l’accès à Mayotte. En traitant la question comme un enjeux de lutte contre « l’immigration clandestine ». C’est inacceptable. Ceux qui risquent leur vie sur les « kwassa-kwassa » ne sont pas des migrants mais des citoyens comoriens qui ont un droit imprescriptible de circulation sur tout leur territoire.

Le peuple comoriens est Un. C’est un seul peuple. Le processus colonial français ne peut pas être endossé comme un fait accompli malgré le temps qui passe, et malgré la lâcheté des responsables politiques : tous ceux qui ne disent rien et qui ne font rien depuis tant d’années. Il faut trouver une issue de justice et de dignité pour le peuple comorien… et aussi pour la France qui s’est déconsidérée au regard du droit et de l’éthique en politique.

Mayotte, aujourd’hui, c’est près de 180 années de colonialisme français. Il serait temps d’en sortir.  La France doit reconnaître et assumer clairement tout son passé colonial, et engager une politique volontariste afin de contribuer au développement des Comores dans l’intégrité de son territoire historique : celui des quatre îles qui le constituent. En coopération avec les autorités comoriennes, avec l’Union africaine et l’ONU. Avec l’aide de l’Union européenne et des institutions financières internationales. Il est nécessaire de construire ainsi, pour l’ensemble du peuple comorien, les conditions économiques, sociales, institutionnelles pour l’affirmation d’une unité comorienne dans la souveraineté, l’indépendance et l’égalité, dans le progrès social pour toutes et pour tous. Ce serait une forme de révolution contre les honteux héritages du colonialisme. Il faudra bien pour cela donner l’exemple. Il y a certainement diverses façons de dépasser les dominations et les prédations qui prolongent outrageusement le fait colonial. Il faut les inventer et les construire avec les peuples concernés. Ce qui est donc nécessaire, c’est un nouvel ordre international. Personne ne dit que c’est facile… C’est un défi énorme. Un défi de civilisation. Mais les peuples qui ont subi la colonisation y ont droit. Et quant on voit l’évolution de la situation internationale, les violences et les guerres d’ aujourd’hui, on se dit que c’est plutôt urgent…

Tunisie: communiqué de 17 organisations de défense des droits humains.

Tunisie Drapeau

« L’incitation à la violence et les agressions contre les journalistes ne servent, depuis 2011, que les adversaires d’une véritable réforme dans tous les domaines, y compris celui de l’information »

Tunis, le 21 octobre 2019

Les organisations de défense des droits humains soussignées expriment leur profonde préoccupation au sujet des incitations à la violence et des agressions dont la Tunisie est le théâtre, particulièrement depuis la proclamation des résultats des élections législatives et présidentielles et qui ciblent des journalistes et des commentateurs de stations de radio et de chaînes de télévision privées.

Tout en exprimant leur conviction que les médias sont tenus de respecter la déontologie journalistique et d’avoir une attitude positive à l’égard des décisions prises par les instances de régulation, les organisations soussignées soulignent que l’incitation à la violence et les agressions contre les journalistes ou les commentateurs – quel que soit leur manquement à la déontologie journalistique ou leur implication dans des campagnes de désinformation ou de diffamation à l’encontre de candidats aux élections – sont considérés comme une violation flagrante de la liberté d’expression et une menace pour la sécurité des travailleurs dans le secteur de l’information.

Par ailleurs, ils ne servent, en dernière analyse, que les intérêts des lobbys et des partis politiques qui ont entravé, depuis 2011, les efforts sérieux destinés à réformer tous les secteurs, dont celui de l’information, et à les protéger de la propagation de la corruption. Ces lobbys et ces partis ont également empêché, depuis des années, la mise en place de La Cour constitutionnelle.

Les organisations soussignées expriment, en outre, leur étonnement face aux déclarations vagues et pernicieuses du président du «Conseil de « la Choura » du Mouvement Ennahdha, Abdelkrim Harouni, recueillies récemment par Radio Diwan et relatives à la nécessité de faire du secteur de l’information, dans les délais les plus brefs, « l’un des instruments de la révolution » et de remplacer la HAICA par « une instance en phase avec les exigences de la prochaine étape » et avec « la volonté du peuple ». Cela n’est pas sans rappeler les slogans et les pratiques des régimes politiques qui sont les plus despotiques du monde et qui violent le plus la liberté d’expression et la liberté de presse.

La vague d’incitation à la violence et des agressions de ces derniers jours rappelle, à titre d’exemple, les faits survenus de 2012, quelques semaines après la constitution du gouvernement de la « troïka », jusqu’à la période antérieure aux dernières élections présidentielles et législatives parmi lesquels :

– l’orchestration de campagnes d’incitation à la violence et d’agressions à l’encontre des journalistes, les velléités hégémoniques visant les médias publics et plus particulièrement l’Établissement de la Télévision nationale et les menaces de vente de médias publics au secteur privé, brandies par le président du Mouvement Ennahdha Rached Ghannouchi dans une déclaration faite en 2012 à deux journaux du Golfe.

– La primauté accordée aux critères de l’allégeance et de l’obéissance au détriment des critères de la compétence et de l’indépendance d’opinion quand il s’agit de procéder à des nominations à la tête de médias publics ou de médias confisqués comme Dar Assabah et Radio Zitouna,

– Le refus de tenir compte des recommandations de l’Instance nationale de réforme de l’information et de la communication (INRIC) et les entraves à l’application des deux décrets-lois 115 et 116 publiés en 2011 et relatifs à la liberté de la presse écrite, de la presse électronique et de la communication audio-visuelle, dans le but de préparer le terrain à la création de stations de radio et des chaînes de télévisions appartenant à des partis dont la chaîne de TV Zitouna qui a fait, en violation à la loi, allégeance au Mouvement Ennahdha ,

– L’hégémonie permanente et indue du Mouvement Ennahdha sur la radio Zitouna confisquée en 2011,

– L’indifférence ou le soutien de gouvernements et de partis influents au sein de l’Assemblée constituante et ensuite au sein de l’Assemblée des représentants du peuple à des stations de radio et des chaînes de télévision hors-la loi et faisant fi des recommandations et des décisions de la HAICA (haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle).

– Les pressions accrues exercées par la Présidence du Gouvernement et de la Présidence de la République sur des médias publics, et particulièrement l’Établissement de la télévision tunisienne et l’Agence Tunis Afrique presse pour influencer leur ligne éditoriale sans compter le souci de placer l’intérêt de certaines stations de radio et chaînes de télévision privées au détriment de l’intérêt des médias nationaux, et le limogeage du Président Directeur général de l’Établissement de la télévision nationale en 2015 parce qu’il a défendu l’indépendance de la ligne éditoriale de ce média.

– La multiplication des parodies de consultations gouvernementales au sujet de questions fondamentales relatives à l’information et les tentatives menées depuis 2017 pour substituer, au décret-loi 116 relatif à la liberté de la communication audio-visuelle et à la création de la HAICA, une autre loi de régulation moins protectrice du paysage audiovisuel et une nouvelle instance de régulation qui place l’intérêt des patrons des radios et des chaînes de télévision privées et appartenant aux partis au- dessus de l’intérêt des médias audiovisuels publics et du droit des Tunisiennes et des Tunisiens à une information de meilleure qualité, plus respectueuse de leur intelligence ainsi que des normes de la profession journalistique et de sa déontologie.

Les organisations des droits humains soussignées appellent toutes les composantes de la société civile à davantage de vigilance et à œuvrer en commun pour préserver les acquis dans le domaine de la liberté d’expression, de la liberté d’information et des libertés académiques considérées comme un pilier fondamental dans toute société démocratique, et pour les protéger contre les pratiques de partis qui ont entravé, dans le passé, toutes les tentatives sérieuses de réforme de l’information et qui ont remporté, au début du mois courant, des élections législatives boycottées par la majorité des citoyennes et des citoyens inscrits sur les registres de l’Instance supérieure indépendante pour les élections.

Organisation signataires :

– Association tunisienne de défense des libertés individuelles

– Association tunisienne de défense des valeurs universitaires

– Association des femmes tunisienne pour la recherche sur le développement

– Association Free Sight

– Association Lam Echaml

– Association tunisienne de prévention positive

– Association pour la promotion du droit à la différence

– Association tunisienne de soutien des minorités

– Association Vigilance pour la démocratie et l’État civique

– Centre de Tunis pour la liberté de la presse

– Comité pour le respect des libertés et des droits de l’homme en Tunisie

– Coalition tunisienne pour l’abolition de la peine de mort

– Fédération des Tunisiens citoyens des deux rives

– Forum des femmes tunisiennes

– Fondation Ahmed Tlili pour la culture démocratique

– Ligue tunisienne de défense des droits de l’homme

Pour plus de renseignements, prière contacter

Association Vigilance pour la démocratie et l’État civique

Taoufik Yacoub, Mob 95037894, Mail tayacoub@yahoo.fr

Cherbib Mouhieddine              0033650520416              0021623021802

Gaza, la vie… malgré tout.

Merci à Ziad Medoukh, professeur de français à Gaza, pour ce beau texte combatif, intelligent et optimiste, et pour ces photos qui nous en disent beaucoup sur le courage et la détermination de tout le Peuple palestinien, malgré la politique israélienne de blocus permanent, malgré la violence de l’occupation militaire illégale, malgré le processus continuel de la colonisation, malgré la répression brutale et criminelle, malgré la destruction des maisons et des cultures… Malgré tout, le Peuple palestinien vit. Il résiste.

 

« Gaza , une ville enfermée mais une ville qui impressionne ! »

Ziad Medoukh

Il est difficile pour un observateur étranger de comprendre la situation actuelle dans la bande de Gaza, une région en souffrance permanente, mais une région qui continue à s’accrocher à la vie malgré tout.

Souvent les médias étrangers parlent de la bande de Gaza comme d’une région liée à la violence, aux bombardements, aux morts, aux blessés, aux roquettes, à la division, et récemment, à la marche du retour. Mais, ils évoquent rarement la vie à Gaza et la volonté de sa population civile.

Ce territoire de 41 km de long sur la côte orientale de la mer Méditerranée, d’une largeur de 6 à 12 km et d’une superficie de 365 km2 souffre depuis plus de treize ans d’un blocus israélien mortel. Et pourtant ses deux millions d’habitants existent et persistent. Ils vivent!

En plus du blocus israélien inhumain qui paralyse la vie économique et sociale, la population civile de cette région enfermée subit au quotidien des agressions , des incursions et des bombardements israéliens.

Malgré l’absence de perspectives pour les Palestiniens de Gaza, du fait notamment de la conjoncture actuelle, et malgré le silence complice d’un monde officiel muet, ces Palestiniens donnent à chaque instant une leçon de courage , de volonté et de détermination. Une leçon de vie qui mérite qu’on s’y arrête et qu’on valorise.

Oui, la bande de Gaza est devenue une prison à ciel ouvert. Oui à la situation insupportable et injuste! Cependant, elle impressionne le monde entier par sa résilience, sa capacité à vivre et à exister.

On constate souvent ,chez les habitants de Gaza , un double sentiment: la population se sent abandonnée par la communauté internationale officielle, et en même temps elle se sait soutenue par des personnes solidaires de bonne volonté partout dans le monde.

Cette population n’ a rien, et en même temps elle a tout.

A Gaza, il y a la pénurie mais personne ne meurt de faim.

En cette fin 2019, il y a toujours des maisons détruites ou endommagées par les bombardements israéliens, et non rebâties du fait de l’interdiction israélienne de faire entrer les matériaux de construction. Pourtant personne ne dort dans la rue.

A Gaza, le taux de chômage dépasse les 57 % ,et celui de la pauvreté est en augmentation constante, mais le niveau de criminalité est le plus bas au monde et le nombre de délinquants en diminution,

La bande de Gaza impressionne le monde par sa capacité de création. Dans cette région sous blocus, la société civile est non seulement très active, mais elle résiste contre les mesures de l’occupation et la division inter palestinienne. Elle crée, elle a participé au développement de la résistance non-violente avec la naissance de la Marche du retour initiée le 30 mars 2018, et qui entre dans sa deuxième année. Une marche qui se poursuit malgré les pertes humaines et le bilan très lourd: plus de 320 morts et 32000 blessés en dix-huit mois.

Les Palestiniens de Gaza souffrent au quotidien, mais ils sont solidaires de leurs concitoyens et compatriotes de Jérusalem, de la Cisjordanie, des territoires de 1948; ils sont aussi solidaires du reste du monde via des manifestations et des rassemblements quand il y a des attentats, des incendies et autres catastrophes.

Ils citent les noms de chaque événement dramatique dans leur pays ou dans le monde lors des marches du retour du vendredi .

Certes, la situation dans la bande de Gaza est catastrophique avec le blocus, le chômage, les difficultés et le manque de moyens, mais les habitants ne se plaignent pas. Il y a une vie, une détermination, une volonté. Et surtout une dignité.

On trouve maints exemples de la résilience remarquable de cette population civile de Gaza qui espère et espère encore et toujours.

Gaza est une ville en mutation, en reconstruction permanente. Malgré le blocus et l’interdiction par les force d’occupation israéliennes de laisser entrer les matériaux de construction ,on y voit partout des tours, des bâtiments, des immeubles.

Plus de 900 usines, ateliers, et entreprises de 1050 existaient avant 2014 ont été détruits totalement, surtout lors de l’offensive israélienne de 2014, et malgré cela, Gaza consomme de ses produits et organise des expositions pour promouvoir les produits locaux.

A Gaza, ville moderne, on trouve tout : magasins, voitures récentes, boutiques modernes, grandes surfaces, banques, sociétés de communications, hôtels de luxe, cafés et restaurants branchés, chalets et résidences sur la plage, et centres commerciaux.

C’est à la fois une ville magnifique et triste , une ville contradictoire , avec des hôtels et des restaurants de luxe sur la côte, qui côtoient des camps de réfugiés avec ses habitations modestes et précaires. Et pourtant tout le monde vit!

A Gaza, il n’y a ni véritable port, ni aéroport, ni marchés financiers, mais c’est une ville merveilleuse par sa capacité à vivre , à créer, et à supporter l’insupportable.

Gaza voit chaque jour une partie de ses jeunes être tués ou blessés, parfois à vie, par les forces d’occupant. Elle sait qu’elle peut compter sur le courage de ces jeunes prêts à risquer leur vie et leur santé pour la patrie, et en même temps elle s’accroche à la vie !

C’est la seule ville au monde dont la population est continuellement frappée aussi durement dans toutes ses composantes: enfants, personnes âgées, handicapés, amputés, femmes, jeunes, intellectuels, ouvriers, sportifs, médecins, infirmiers, secouristes, journalistes, professeurs, étudiants, écoliers… Tous ses habitants sont certes prêts à mourir pour leur pays, mais ils adorent la vie!

A Gaza , il y a de la création, de la culture, de l’art, une adaptation à un contexte dur.

A chaque seconde, des bébés naissent dans cette ville bombardée presque au quotidien et abandonnée du reste du monde.

Chaque jour, un nouveau magasin ouvre ses portes, et pourtant les frontières sont fermées.

Gaza est un phénomène , Gaza n’est plus une bande ou une région, ni une enclave encerclée, Gaza est devenue un continent . Oui un continent!

Un continent qui exporte le courage, la bravoure, la constance, la patience et la ténacité au monde entier.

Un continent, car chaque jour l’armée israélienne invente de nouvelles façons de tuer les Gazaouis. Mais ces derniers inventent à leur tour de multiples moyens et formes pour vivre et résister ; même les pneus sont utilisés dans la résistance, sans oublier les cerfs-volants , les pierres, et les drapeaux…

Les soldats israéliens font couler à chaque instant le sang palestinien, et propagent la mort, mais les Palestiniens de Gaza font couler leur sueur qui propage la vie et l’espoir.

Gaza est plus grande qu’un pays, c’est une région dynamique et créatrice.

Si la Suisse a inventé les montres pour mesurer le temps, Gaza n’ a pas besoin de montres, car c’est elle qui crée et gère le temps.

A Gaza, il y cinq saisons et non plus quatre; la cinquième est la saison du blocus, créée et inventée par sa population, car treize ans de blocus israélien n’ont rien changé dans la détermination de cette population digne.

Des éléments forts caractérisent l’attitude de la population de Gaza :

La Solidarité. A Gaza, il y a une solidarité familiale et sociale remarquable ! Des personnes solidaires et des liens familiaux très forts, des actions de solidarité toujours et partout.

On ne laisse personne dormir dans la rue . Quand une famille est expulsée d’une maison car elle ne peut pas à payer son loyer, beaucoup d’autres familles viennent la recueillir pour l’héberger.

Pour information, le seul centre pour orphelins à Gaza abrite seulement 75 enfants, en majorité venus de Syrie, car à Gaza, les familles n’abandonnent jamais leurs enfants quelles que soient leurs difficultés économiques.

L’unique centre pour personnes âgées dans la bande de Gaza accueille seulement 40 personnes, qui sont là parce que leurs enfants ont été tués dans des attaques israéliennes. Car chez nous il est rare d’envoyer les parents dans tels centres.

La Générosité. Dans cette région, il y a une générosité remarquable, une réelle entraide entre les familles et entre les habitants. Les personnes aisées essaient d’aider les pauvres selon leurs moyens. Les habitants sont très accueillants, ils n’ont rien, mais ils donnent et ils peuvent donner tout . Souvent pendant les fêtes et les autres occasions, des colis alimentaires sont distribués aux pauvres, des cartables et des fournitures scolaires aux élèves dans le besoin.

La Volonté. Il y a ici une volonté remarquable de vivre, de construire et de reconstruire. Les trois dernières offensives israéliennes ont provoqué des destructions massives, mais à Gaza la reconstruction est une priorité: beaucoup d’ infrastructures civiles, d’écoles, de maisons, de routes, d’immeubles ont été reconstruits.

La Vitalité. La vie continue à Gaza malgré une situation catastrophique à tous les niveaux. On voit des paysans, des pécheurs qui continuent de travailler, malgré les menaces et les tirs israéliens. Les familles continuent d’envoyer leurs enfants à l’école, même si beaucoup d’élèves y vont sans argent de poche ni goûter. A Gaza, le un taux de scolarisation dépasse les 93 %.

Des mariages et des fêtes sont aussi organisés presque tous les jours, même en pleine attaque israélienne.

La Dignité. Gaza souffre mais résiste en toute dignité. On trouve des dizaines d’exemples de personnes de tous âges qui créent, travaillent , refusent de mendier à l’intérieur ou à l’extérieur. En septembre 2019, selon les statistiques du ministère des Affaires sociales. le nombre de mendiants ne dépassait pas les 150 pour toute la bande de Gaza .

A Gaza les gens souffrent certes, mais qui ils restent dignes et ne demandent jamais la charité. Ils cherchent du travail, montent des projets, essaient de créer leurs petites coopératives afin pour vivre dignement.

Beaucoup de femmes, jeunes ou âgées, travaillent pour aider leurs familles, vendent des produits artisanaux, des gâteaux sur commande qu’elles confectionnent chez elles afin de vivre dignement.

Gaza est presque la seule ville au monde où personne ne dort dans la rue. J’ai visité personnellement plus de quarante pays pour mes études, mon travail ou des conférences, et j’ai vu des gens dormir dans les stations de métro, y compris dans des grandes villes riches.

La Créativité. Dans la bande de Gaza, on trouve tout: les magasins modernes , les nouvelles technologies, internet, les téléphones portables. On utilise des groupes électrogènes ou des panneaux solaires pour faire face aux longues coupures d’électricité.

On a même créé un  » Festival de Cannes » en mai pour projeter des films dans les quartiers dévastés par les agressions israéliennes.

A Gaza, les groupes de musique donnent des concerts devant les immeubles détruits par l’aviation israélienne.

A Gaza, les amputés de la marche du retour organisent des championnats de football malgré leur handicap.

L’Adaptation. Les Palestiniens de Gaza s’adaptent facilement à leur contexte. Quand ils manquent de moyens, ils peuvent ne faire qu’un ou deux repas par jour. Imaginez-vous que presque tous les fonctionnaires de Gaza, qu’ils travaillent dans la fonction publique ou dans les universités, touchent seulement la moitié de leurs salaires. Depuis plus de deux ans l’Autorité palestinienne à Ramallah ne verse à ses 73.000 fonctionnaires que 30 à 50 0% de leurs salaires, et le Hamas ne paie que 40% à ses 45.000 fonctionnaires. Tout le monde s’adapte , ils laissent tomber quelques loisirs et la vie continue

Souvent les Palestiniens de Gaza n’ont droit qu’à trois ou quatre heures d’électricité par jour, mais ils s’adaptent à ces longues coupures d’électricité.

Les Initiatives. A Gaza, chaque jour, des jeunes, des femmes lancent des initiatives et des actions de bénévolat, par exemple pour aider les paysans dans les fermes et les coopératives. Des diplômés de français prélèvent des livres de leurs bibliothèques personnelles pour les distribuer aux écoliers qui apprennent le français, des étudiants en médecine collectent des médicaments qu’ils donnent aux plus pauvres.

La Patience. Il y a une patience extraordinaire chez ces Palestiniens. Ils ne se plaignent pas. Treize ans d’enfermement, et ils vivent toujours. Quand un habitant de Gaza est obligé de voyager pour se soigner ou pour étudier, il passe souvent trois jours d’ enfer, notamment à la frontière avec l’Egypte. Et malgré cela, il supporte cette situation avec patience et endurance.

L’Attachement. Malgré toutes les difficultés sur place, les Palestiniens de Gaza ont décidé de rester et ne pas partir .

Malgré trois offensives militaires en cinq ans, malgré l’absence de perspectives, et malgré les tentatives israéliennes de faire partir les habitants de Gaza , peu de personnes quittent Gaza chaque année. Depuis 2014, selon la direction du passage de Rafah , le seul qui relie la bande de Gaza à l’extérieur , sur les 32.000 Gazaouis qui se sont rendus à l’étranger en 2019, plus de 25000 sont revenus.

A Gaza, trois temps forts montrent la vitalité des habitants: la période scolaire, avec ses milliers d’élèves sur le chemin de l’école et un taux d’absentéisme très faible; l’été avec un monde fou sur la plage, seul lieu de détente des Gazaouis, et les moments de bombardements, lorsque les gens se rassemblent en masse sur le lieu attaqué pour aider les secours, sans craindre un nouveau bombardement possible ou l’explosion d’un missile au même endroit.

« Gaza la vie! » telle est la réponse de n’importe quel palestinien de Gaza pour qualifier la résilience de cette population civile qui souffre certes, mais qui vit.

Le slogan « Gaza la vie  » est d’ailleurs celui que l’on choisit dans la bande de Gaza pour beaucoup d’événements culturels, éducatifs, universitaires, associatifs et sportifs.

Pour bien vivre cette réalité, vous pourrez visionner les 300 vidéos en français réalisées en 2019 par la chaîne francophone gratuite  » Gaza la vie  » qui montre la continuité de la vie dans la bande de Gaza et la volonté de sa population civile courageuse et digne. La jeune équipe de « Gaza la vie », bénévole et motivée, est un exemple-type de la créativité et de la dignité des Palestiniens de Gaza.

Gaza ne se fatigue pas, elle n’abondera jamais son élan de vie et d’espoir. Elle restera toujours vivante.

Oui, Gaza résiste en toute dignité ! Elle sera toujours débout !

Les Palestiniens de Gaza essaient simplement de mener une vie aussi normale que possible dans des circonstances extrêmement anormales.

Une leçon de courage, de vie et de détermination

Gaza n’aime pas la mort, et en même temps elle n’a pas peur de la mort

Elle est toujours prête à donner et à sacrifier

Gaza a fait son choix depuis longtemps: la vie

Oui, Gaza la vie ! Et elle mérite la vie !