Violence et ignominie d’un « deal du siècle » sans avenir.

Palestine Drapeau

Ce qu’il y a de plus choquant dans ce soit-disant « deal du siècle », c’est sa violence.

La violence de l’acte colonial, c’est à dire l’officialisation de la dépossession territoriale des Palestiniens, avec même un élargissement de cette dépossession, en particulier à la Vallée du Jourdain.

La violence de l’humiliation et de l’écrasement de la légitimité nationale, de la dignité et des droits de tout un peuple.

La violence de l’éradication de facto de tout le corpus du droit international consacré depuis des dizaines d’années à l’établissement et à l’expression, aux yeux du monde, d’une réponse juste à la question de Palestine, dans le respect des buts et des principes des Nations-Unies.

Peut-on imaginer, aujourd’hui, ce que les Palestiniens peuvent ressentir et penser après la manifestation d’une telle violence ? Après une telle menace sur leur existence en tant que peuple ? Peut-on mesurer leur colère face à tant de mépris ? Peut-on mesurer l’immense et l’inévitable lassitude devant tant de lâcheté partagée par autant de chefs d’État et de gouvernement, en particulier en France, qui ont depuis longtemps choisi de soutenir unilatéralement l’inacceptable politique israélienne d’occupation militaire et de colonisation ?

Trump et Netanyahou viennent en quelque sorte de cracher à la figure des Palestiniens en les traitant comme quantité négligeable… Mais ils s’attaquent à plus grand qu’eux. Ils font semblant d’oublier une ineffaçable réalité : les Palestiniens sont un peuple. Ils ont une histoire. Ils ont une terre. Ils ont des droits inaliénables. Alors le « plan » de Donald Trump ne peut pas être qualifié « d’efforts » (selon l’incroyable formule d’Emmanuel Macron), de tentative ou de dernière chance de paix alors qu’avec leur peuple, toutes les forces politiques et sociales palestiniennes convergent vers son rejet total, parce qu’il s’agit d’abord d’une ignominie politique et morale. Cette ignominie est une menace, mais elle n’a aucun avenir. Sinon celui d’autres violences.

L’écrivain libanais Elias Khoury avait dit un jour que l’attention que l’on porte à la question de Palestine est « un indice de la moralité humaine ». Cette juste formule prend terriblement tout son sens aujourd’hui.

Il faut donc revenir à l’essentiel, c’est à dire au droit à l’autodétermination qui appartient en propre au peuple palestinien. Ce doit doit être respecté et réalisé. Les principes et les conditions de sa réalisation sont contenues dans l’ensemble des résolutions du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale des Nations-Unies, qui doivent donc être appliquées. Ce qui doit guider l’action c’est le droit avant tout chose, ce qui n’exclut aucune négociation pourvu qu’elle s’établisse dans le cadre de la légalité et de l’égalité. Dans ce cadre, il ne peut y avoir de solution juste sans la création, à côte de l’État d’Israël, d’un État palestinien complètement souverain, dans les frontières de 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale, avec le retour des réfugiés…

Si Israël ne veut pas de cette solution, alors il en reste une autre : celle d’un État unique, qui doit être démocratique, avec les mêmes droits pour tous, avec, inévitablement, une population palestinienne qui sera majoritaire… Il n’y a que ces deux solutions possibles qui peuvent assurer un avenir acceptable et commun à tous.

Quelle que soit la solution choisie il faudra bien, un jour, aller au-delà du règlement politique et commencer à travailler en faveur d’une paix vraiment juste et durable, qui permette d’assumer un si dur passé. Mais, après tant d’outrages, après tant d’humiliations, après tant d’agressions il ne pourra jamais y avoir de « réconciliation » humaine véritable tant que les dirigeants israéliens ne reconnaîtront pas l’injustice fondamentale qu’ils ont si longtemps imposée aux Palestiniens, et leur évidente responsabilité dans cette trop longue histoire de violence et de guerre contre tout un peuple. 

Jacques Fath, 30 Janvier 2020.