Liban : sur une crise majeure et sur la bien curieuse politique de la France…

Une interview d’Antonios Abou Kasm, avocat international, professeur de droit international. Antonios Abou Kasm a assuré la défense de la famille Haoui en sa qualité de Conseil principal – représentant légal des victimes au Tribunal spécial pour le Liban (TSL) lors du procès concernant l’assassinat de Georges Haoui, figure politique importante au Liban et ancien Secrétaire général du Parti communiste libanais. Ce procès n’aura pas lieu dans les circonstances actuelles, avec la fermeture du TSL à la fin de l’année 2023.

English translation below

JF :Après 15 ans d’une guerre civile commencée en 1975, et malgré les Accords de Taëf qui, en 1989, mirent fin à cette longue épreuve, il semble que le Liban ne soit jamais sorti d’une crise profonde touchant à la fois au contexte politique intérieur, et à la place singulière de ce pays au Proche-Orient. Mais aujourd’hui on a le sentiment que jamais la situation n’a été aussi grave, voire menaçante pour le pays lui-même… Êtes-vous d’accord avec cette appréciation ?

Antonios Abou Kasm : Plusieurs facteurs rendent la situation au Liban désastreuse. Évidemment, le Liban d’aujourd’hui ne ressemble plus à cette « Suisse de l’Orient » dont on parlait jadis. La mise en œuvre sélective et lacunaire de l’Accord de Taëf, a créé des usages politico-constitutionnels qui ont abouti à la destruction de l’État de droit, au partage du pouvoir sur des bases communautaires et féodales, par des interprétations dolosives de la Constitution. La corruption est devenue « monnaie courante ». Les deniers publics sont distribués entre les clans dominants. Le pouvoir judiciaire est transformé en une autorité au service de l’exécutif et des services. La démographie a été bouleversée avec l’arrivée de 2 millions et demi de réfugiés syriens sur le territoire, alors que la population libanaise n’atteint même plus les 4 millions du fait d’une émigration croissante des jeunes libanais. Les finances publiques connaissent un déficit insoutenable alors que la Banque centrale est accusée de conduire d’une politique suspecte en complicité avec le secteur bancaire. Les banques ont confisqué les avoirs des libanais faute de solvabilité. L’inflation monte jusqu’à des taux alarmants, aux alentours de 172%, avec une hausse de la valeur d’échange du dollar américain de 1500 livres libanaises (LL) pour atteindre les 150 000 LL en mars dernier ! Le prix du dollar, la panne d’électricité – devenue continuelle – et les prix très élevés du carburant ont entraîné la fermeture de nombreux hôpitaux, écoles et hôtels, et même d’industries. Les agents du secteur public ainsi que les juges et les enseignants des écoles publiques sont presque toujours en grève à cause de la diminution drastique des salaires. Ainsi, l’effondrement des institutions étatiques et la crise sociale majeure donnent à la crise libanaise une dimension « existentielle » exposant l’État lui-même à un danger imminent d’altération de sa pérennité.

JF : Quel est le rapport entre cette longue et dramatique évolution libanaise et, en août 2020, la gigantesque explosion au Port de Beyrouth (avec la détonation de 2750 tonnes de nitrate d’ammonium) qui fit 240 morts et détruisit une vaste partie de la ville ? Est-ce une catastrophe circonstancielle, ou bien est-ce un aspect de la crise générale au Liban ?

AAK : L’explosion du port de Beyrouth est le résultat de la corruption. La politique et celle du secteur public. A quoi s’ajoute un trafic mafieux d’armes illégales en relation avec le conflit armé en Syrie. Le Liban reste considéré comme une chasse privée pour certaines puissances régionales, là où elles installent et nourrissent des milices toujours disposées à mener leurs opérations dans le cadre de guerres que l’on appelle « proxy ». Juridiquement parlant, l’explosion du port de Beyrouth, pourrait être qualifiée de crime contre l’humanité. Un crime incontestablement commis dans le cadre d’une attaque généralisée et systématique contre la population civile, et bien sûr en toute connaissance de cause. L’ampleur de ce crime a poussé des puissances étrangères, en relations avec des dirigeants locaux, à orienter l’enquête afin de masquer les éléments de preuve pour pouvoir, selon une procédure illégale et en violation du Code de procédure pénale, bloquer l’accusation et laisser en liberté tous les vrais et les faux suspects pourtant déjà arrêtés.

JF : On sait que le Tribunal Spécial pour le Liban (TSL) créé par les Nations-Unies en février 2007 pour juger des attentats terroristes qui ont déstabilisé le Liban en 2005, ne sera pas en mesure d’aller au bout de son travail judiciaire. On se souvient en particulier de l’attentat majeur qui a tué l’ancien Premier ministre Rafic Hariri ainsi que 21 autres personnes en février 2005. En réalité, ce fut alors une suite d’attentats contre des personnalités publiques et politiques, par exemple Georges Haoui, ancien Secrétaire général du Parti communiste libanais, ou Gebran Tueni, directeur du grand quotidien An Nahar, et bien d’autres encore… En quoi ces attentats ont eux aussi traduit cette crise profonde du Liban, dans sa vie politique intérieure et dans son contexte régional ?

AAK : La perpétration de ces crimes visait plusieurs objectifs : limiter la liberté d’expression, assiéger la vie politique, tuer la démocratie au Liban, et terrifier la scène politique afin qu’elle devienne inactive et soumise au pouvoir. On a ainsi essayé de déposséder le Liban de ses atouts au sein d’un monde arabe dans lequel se sont installés des régimes autoritaires et religieux. Le modèle libanais initial se référant à la démocratie et à la diversité est effectivement un problème pour les régimes politiques du Moyen-Orient.

Le pire vient de ce que l’on appelle la « communauté internationale ». Celle-ci n’a pas réussi à ce que justice soit rendue aux victimes à travers le TSL (qui tient son existence d’une résolution du Conseil de Sécurité de l’ONU). Ce tribunal a jugé seulement, par défaut, 5 membres du Hezbollah accusés d’avoir tué le Premier ministre Rafic Hariri. Puis, il en a terminé avec ses activités en vertu d’un arrêt rendu par la Chambre d’appel confirmant la culpabilité de 3 desdits membres du Hezbollah. Cependant, le TSL (financé par des contributions facultatives) a été incapable de mener des procès dans les affaires connexes à l’attentat contre Rafic Hariri, à savoir l’assassinat de Monsieur Georges Haoui – ancien Secrétaire général du parti communiste libanais, et les attaques contre les anciens ministres Marwan Hamadé et Elias El-Murr. Sans notification préalable, cette « communauté internationale » a décidé subitement de ne plus financer le TSL… alors que le gouvernement libanais était incapable de continuer à assumer le financement de la Cour. Et le Secrétaire général de l’ONU n’a pas réussi à trouver des moyens alternatifs. On constate enfin que les autorités libanaises n’osent pas arrêter les condamnés du TSL, et que la justice libanaise n’ose pas non plus examiner les affaires relatives aux assassinats politiques survenus à la suite de l’attentat contre Hariri.

JF : Pour certains commentateurs français les causes de la crise libanaise se réduiraient à l’incapacité d’une « classe politique » dépassée et corrompue à faire face aux défis politiques et sociaux du pays. Il y a là certainement une grande part de vérité… Des mobilisations sociales importantes l’ont montré. Mais est-ce le seul paramètre explicatif de ce qui se passe au Liban depuis tant d’années ? Comment sortir de cette crise ?

AAK : Il faut rappeler qu’en vérité cette classe politique corrompue a été soutenue et financée par des puissances régionales et internationales. Le Liban après Taëf a été mis sous tutelle syrienne par compromis. Ce n’est qu’en 2004, que la politique occidentale a sérieusement changé, à la suite de l’importance que le Président Jacques Chirac avait consacré à la situation au Liban. Du fait de son amitié avec Rafic Hariri. La résolution 1559 a été adoptée en septembre 2004 par le Conseil de sécurité. Elle demandait le retrait des forces armées syriennes du territoire libanais et la démilitarisation des milices libanaises et non-libanaises. En application de cette résolution, les Syriens ont retiré leurs troupes du Liban début 2005. Mais le 14 février, une tonne de TNT explosait au passage du convoi du Premier ministre en tuant 21 autres personnes. La classe politique a alors profité du retrait syrien pour tisser de nouvelles alliances, parfois contradictoires, leur assurant une main-mise commune sur le pouvoir et sur le financement de leurs projets politiques.

La solution, c’est d’abord la dissolution de la Chambre des députés et l’élection de nouveaux parlementaires en suivant une nouvelle loi électorale qui soit conforme à la Constitution, et conforme aux critères d’égalité et d’équitable représentation. Le nouveau parlement, devra initier des réformes législatives radicales, dont principalement une garantie de l’indépendance de l’autorité judiciaire pour qu’elle devienne un vrai pouvoir indépendant. Des législations relatives à la restructuration des organes de contrôle de l’appareil administratif sont aussi nécessaires. Sur un autre plan, le pays a besoin de dispositions législatives qui comblent les lacunes constitutionnelles, par exemple afin d’empêcher un vide du pouvoir, comme c’est le cas pour la présidence actuellement, ou bien quant aux délais relatifs à la composition du gouvernement par le Premier ministre désigné. Le Liban a besoin d’un Chef d’État qui croit sérieusement à l’État de droit. Un Président qui assume le respect de la souveraineté libanaise dans le cadre de la légalité et de la légitimité internationale.

La récupération de la confiance dans le Liban comme nation viable exige une application non-sélective de la Constitution. Les réformes institutionnelles en application des accords de Taëf sont restées malheureusement lettre morte. Et le comité national pour la suppression du confessionnalisme politique exigé par ces accords Taëf, n’a pas été formé. La suppression du système confessionnel, l’un des objectifs de Taëf, ne pourra être atteinte qu’à travers l’établissement d’un Sénat (où seront représentées toutes les familles spirituelles) à la suite de l’élection de la Chambre des députés sur une base nationale et non confessionnelle. Cependant, la société civile au Liban, avec la gauche libanaise – faiblement représentée au Parlement – ne réussissent pas à prendre la relève des partis traditionnels progressistes et réformistes pionniers de la laïcité. Le combat contre le système confessionnel est sauvage, tellement certains partis politiques comptent sur leur appartenance confessionnelle pour prendre pouvoir.

Au surplus, le Liban ne dispose pas de frontières clairement définies avec la Syrie. Et Israël occupe une partie du territoire libanais en violant de façon permanente sa souveraineté nationale. A la suite de la décision de la gauche libanaise de se démilitariser en application de Taëf, une résistance militaire islamique (sous le nom Hezbollah) a réussi à s’emparer du rôle qui avait été gagné par le Front de la résistance nationale libanaise, la première résistance militaire contre l’occupation israélienne. Le Hezbollah s’est donc organisé afin de chasser l’armée israélienne des zones qu’elle occupe. La résistance islamique s’est par la suite développée – avec l’aide de l’Iran – en un groupe armé organisé à caractère régional.

JF : Comment analyser l’implication directe de certains États au Liban, en particulier l’Iran, à travers le Hezbollah, et l’Arabie Saoudite ? Le Hezbollah constitue une vraie force politique et militaire libanaise, militairement très engagée en Syrie au côté du régime de Bachar El Assad. Pourquoi en est-il ainsi ? Quant à l’Arabie Saoudite, comment ne pas rappeler ses pratiques politiques violentes, en particulier l’horrible assassinat du journaliste Jamal Kashoggi en 2018 ? On se souvient aussi qu’en novembre 2017, Saad Hariri, alors Premier ministre du Liban, a été pris en otage durant 18 jours par Mohamed Ben Salman, principal dirigeant du Royaume saoudien, afin de peser sur les choix internes du Liban et obliger Saad Hariri à démissionner. Le Liban est souvent qualifié de « caisse de résonance des contradictions régionales ». N’est-il pas en réalité un terrain d’affrontement régional et international direct sur lequel les États-Unis et la Russie ne sont jamais absents. Pouvez-vous nous expliquer de façon la plus pédagogique possible cette géopolitique très complexe ?

AAK : Le Liban, le maillon faible, fut hier choisi comme le territoire à travers lequel on exerce le « devoir de résistance » contre Israël, l’ennemi des États arabes auparavant… mais plus maintenant. On voit par exemple que la Syrie, malgré le fait qu’Israël occupe le Golan, n’a jamais ouvert la moindre bataille sur ses frontières afin de libérer les territoires occupés. Malgré les raids israéliens qui ciblent Damas et ses alliés iraniens presque chaque semaine, et sur tout le territoire syrien, on ne voit aucune réponse syrienne. Le conflit avec Israël se déroule dans une guerre de proxy menée principalement par l’Iran en accord avec son allié syrien. Le Hezbollah, dans ce rôle-là, et du fait de son idéologie, de sa discipline, a renforcé son pouvoir. Ce qui a contribué à élargir le champ d’action de Téhéran dans la majorité des pays arabes.

L’engagement du Hezbollah dans la guerre au Yémen et son soutien militaire aux attaques houthistes contre l’Arabie Saoudite, a fait de cette organisation un ennemi des saoudiens. Leur confrontation directe s’est déplacée à Beyrouth. En revanche, le Hezbollah a réussi à conclure une entente politique avec Saad Hariri, qui est en principe l’allié premier des saoudiens. La cohabitation politique positive entre Saad Hariri et le Hezbollah, accusé par le TSL à La Haye du meurtre de son père le Cheikh Rafic, a posé problème au régime saoudien. Celui-ci a effectivement voulu forcer Saad Hariri à démissionner de sa fonction de Premier ministre… du fait qu’il est d’origine saoudienne. Alors que Riyad s’attendait à ce que Saad Hariri exploite sa position officielle pour isoler le Hezbollah, Saad a cherché la paix avec la majorité chiite, pour assurer au moins une continuité au pouvoir.

Le Liban désigné comme « État-tampon », a ainsi servi de terrain de bataille pour le conflit irano-saoudien, et le pays s’est coupé en deux clans principaux, aboutissant à un blocage institutionnel. Les Chrétiens se sont à leur tour divisés entre pro-saoudiens et pro-iraniens. Une majorité chrétienne ne disposant pas de moyens, a ainsi décidé de rester à l’abri de cette bipolarisation. Le front régional et occidental anti-Hezbollah avait commencé à jouer la carte des réfugiés syriens au Liban – en majorité sunnites et hostiles au régime de Bachar Al-Assad – afin de changer la donne démographique au Liban.

Malgré l’entente embryonnaire saoudo-iranienne et saoudo-syrienne aujourd’hui, l’Iran ne cesse de jouer la carte du Hezbollah sur la table des négociations autour d’une paix lointaine au Yémen. Devenue d’abord hostile à la politique saoudienne dans la région, l’Administration Biden a cherché à accentuer ses pressions sur le régime syrien. Celui-ci a pourtant réussi à récupérer une légitimité arabe. Le facteur perturbateur américain complique la nouvelle politique saoudienne au Liban, et offre une chance au Hezbollah de rester une résistance face aux violations israéliennes de la « ligne bleue » au Liban-sud. Des violations qui deviennent fréquentes en suivant un rythme ascendant. La Russie a réussi à stabiliser le régime Bachar Al-Assad en l’inscrivant dans le nouveau « modèle » d’alliance conclu avec l’Arabie saoudite sur, si on peut dire, l’axe chinois. Les États-Unis sont encerclés au Moyen-Orient. La carte israélienne leur paraît la plus inflammable et la plus utile pour pouvoir briser les nouvelles alliances ou ententes, et acculer ainsi les États arabes à une bataille contre l’Iran.

JF : Quelle appréciation porter sur l’implication française ? En particulier sur les tentatives, jusqu’ici sans résultats, engagées par Emmanuel Macron pour dépasser les impasses politiques libanaises actuelles ? Pensez-vous que la France devrait jouer un rôle, dans quel esprit et pour quels objectifs ?

AAK : l’implication française n’a jamais été interprétée comme une interférence dans les affaires internes du Liban. Les Libanais ont toujours recours à la France pour leur venir en aide dans des circonstances difficiles. Mais la France, alliée historique des chrétiens du Liban et leur « tendre mère », a changé d’alliances… La France a engagé une ouverture vers d’autres composantes de la société libanaise. Elle avait tenté des alliances tantôt avec les Sunnites, tantôt avec les Chiites sans succès réel. En revanche, les nouvelles alliances françaises ont compliqué le rôle de Paris qui a réussi à établir des relations amicales avec le Hezbollah. Celui-ci devient ainsi, petit à petit, un allié stratégique pour la France. Cette entente avec le Hezbollah repose sur des intérêts commerciaux et pétroliers, en plus d’intérêts politiques dépassant le territoire du Liban pour concerner l’Iran, sponsor mondial du Hezbollah.

Historiquement, la France soutient la Présidence libanaise, la seule chrétienne dans le monde arabe. Le fait qu’Emmanuel Macron, pour la Présidence à élire, avait essayé de soutenir durant plusieurs mois la candidature de chrétiens, ceux choisis exclusivement par le Hezbollah, prouve que la France brise de facto la décision politique chrétienne. Le Président de la République constitue le dernier socle des chrétiens au Liban. C’est le garant de la Constitution, de la diversité et du dialogue islamo-chrétien. C’est le « médiateur » qui assure l’équilibre entre sunnites et chiites.

Le revirement de la politique française, au motif de l’ouverture politique, a coûté cher à la France. Les deux visites exceptionnelles du président Macron à la suite de l’explosion au Port de Beyrouth ont connu malheureusement des échecs impitoyables. Les promesses du Président français aux Libanais n’ont pas pu être réalisées à cause de la division bipolaire radicale de la scène politique libanaise.

Il est conseillé à la France de changer de politique au Liban afin de remédier à l’affaiblissement du rôle des chrétiens, de maintenir la diversité afin d’aboutir à un État de droit civil… sinon le Liban se transformera bientôt en république islamique. La France a cherché un allié fort au Liban. Elle a trouvé le Hezbollah. Mais ce type d’alliance porte le risque d’aboutir à un changement radical de l’identité culturelle du Liban. La France doit contribuer à l’intégration du Hezbollah dans la société libanaise, et non pas l’inverse.

La France, avec diligence, doit veiller à ne pas assurer le soutien politique à des personnalités politiques libanaises corrompues. Ce type de soutien à des businessmen libanais entache l’image de la France qui devrait penser le Liban futur avec des élites libanaises ne cherchant que l’intérêt de la nation. Le Liban c’est presque la seule empreinte francophone dans le monde arabe, grâce à des relations historiques basées sur des valeurs comme la liberté, la fraternité et l’égalité, qui sont contraires aux valeurs du fanatisme, aux discours de haine et à la discrimination religieuse et politique.

La France est invitée à initier un dialogue interlibanais, basé sur les principes de l’État de droit, de la démocratie et du règlement pacifique des différends, et sur une administration libanaise non-corrompue pour tout le monde. Malheureusement, le fonctionnement de la Constitution libanaise suivant les principes de Taëf exige toujours la présence d’un parrain extérieur exerçant un pouvoir « régulateur ». Ce rôle, avant 2005, a été amplement joué par le régime syrien. La protection du système politique libanais nécessite le courage d’amender la Constitution afin de clarifier le rôle des institutions et de mettre des limites claires à tous les pouvoirs discrétionnaires. La France devrait jouer un rôle de médiateur fort, afin de conforter la démocratie consensuelle consociative conforme au pacte national (ou pactiste) comme un atout du système multiculturel libanais. Contre tout projet de partition, de division ou d’application de la « démocratie du nombre » à des fins discriminatoires, éliminatoires et inégalitaires.

La visite exceptionnelle au Liban de l’ancien ministre Jean-Yves Le Drian, envoyé personnel du Président Macron, constitue une occasion inédite. Ce signal de l’Élysée manifeste une volonté française de mettre la situation au Liban sur les bons rails. L’impartialité et l’objectivité doivent constituer les deux piliers d’une mission réussie, qui puisse encourager les Libanais à résoudre leurs problèmes à travers le dialogue sur le futur de la nation, loin de la corruption et du fanatisme.

Lebanon: on a major crisis and France’s curious policy…

An interview with Antonios Abou Kasm, international lawyer and professor of international law. Antonios Abou Kasm defended the Haoui family in his capacity as Principal Counsel – legal representative of the victims at the Special Tribunal for Lebanon (STL) during the trial concerning the assassination of Georges Haoui, an important political figure in Lebanon and former Secretary General of the Lebanese Communist Party. This trial will not take place under current circumstances, with the closure of the TSL at the end of 2023.

JF : After 15 years of a civil war that began in 1975, and despite the Taif Accords that put an end to this long ordeal in 1989, it seems that Lebanon has never emerged from a deep crisis affecting both the domestic political context and the country’s unique place in the Middle East. Today, however, we have the feeling that the situation has never been so serious, even threatening for the country itself… Do you agree with this assessment?

Antonios Abou Kasm : The situation in Lebanon is disastrous for a number of reasons. Obviously, today’s Lebanon no longer resembles the « Switzerland of the Orient » we once spoke of. The selective and incomplete implementation of the Taif Agreement has created political and constitutional practices that have led to the destruction of the rule of law, power-sharing on a communal and feudal basis, and fraudulent interpretations of the Constitution. Corruption has become commonplace. Public funds are distributed among dominant clans. The judiciary has been transformed into an authority at the service of the executive and the services. Demographics have been turned upside down with the arrival of 2.5 million Syrian refugees, while the Lebanese population has shrunk to less than 4 million due to the increasing emigration of young Lebanese. Public finances are running an unsustainable deficit, while the Central Bank is accused of pursuing a suspicious policy in collusion with the banking sector. Banks have confiscated the assets of the Lebanese for lack of solvency. Inflation is rising to alarming levels, at around 172%, with the exchange value of the US dollar rising from 1,500 Lebanese pounds (LL) to 150,000 LL last March! The price of the dollar, the ongoing power cuts and the very high price of fuel have led to the closure of many hospitals, schools, hotels and even industries. Public sector workers, judges and public school teachers are almost always on strike because of the drastic reduction in salaries. Thus, the collapse of state institutions and the major social crisis give the Lebanese crisis an « existential » dimension, exposing the state itself to the imminent danger of altering its sustainability.

JF : What is the connection between this long and dramatic evolution in Lebanon and, in August 2020, the gigantic explosion at the Port of Beirut (involving the detonation of 2,750 tonnes of ammonium nitrate), which killed 240 people and destroyed a large part of the city? Was this a circumstantial catastrophe, or is it part of the general crisis in Lebanon?

AAK : The Beirut port explosion was the result of corruption. Political and public sector corruption. Added to this is a mafia-style traffic in illegal arms linked to the armed conflict in Syria. Lebanon is still considered a private hunting ground for certain regional powers, where they install and nurture militias always ready to carry out their operations within the framework of so-called « proxy » wars. Legally speaking, the explosion in the port of Beirut could be qualified as a crime against humanity. A crime unquestionably committed as part of a widespread and systematic attack against the civilian population, and of course with full knowledge of the facts. The scale of this crime has prompted foreign powers, with connections to local leaders, to steer the investigation in such a way as to conceal the evidence, so as to be able to block the prosecution, using illegal procedures and in violation of the Code of Criminal Procedure, and let all the real and false suspects go free, despite the fact that they had already been arrested.

JF : We know that the Special Tribunal for Lebanon (STL), set up by the United Nations in February 2007 to judge the terrorist attacks that destabilized Lebanon in 2005, will not be able to complete its judicial work. We remember in particular the major attack that killed former Prime Minister Rafic Hariri and 21 other people in February 2005. In reality, it was a series of attacks on public and political figures, such as Georges Haoui, former Secretary General of the Lebanese Communist Party, or Gebran Tueni, director of the leading daily An Nahar, and many others… In what way did these attacks also reflect this deep crisis in Lebanon, in its domestic political life and in its regional context?

AAK : The perpetration of these crimes had several aims: to limit freedom of expression, to lay siege to political life, to kill democracy in Lebanon, and to terrify the political scene so that it becomes inactive and subservient to power. The aim was to deprive Lebanon of its assets in an Arab world where authoritarian and religious regimes have taken over. The original Lebanese model of democracy and diversity is indeed a problem for political regimes in the Middle East.

The worst comes from the so-called « international community ». It has failed to deliver justice to the victims through the TSL (which owes its existence to a UN Security Council resolution). This tribunal only tried, in absentia, 5 members of Hezbollah accused of killing Prime Minister Rafik Hariri. It then ended its activities by virtue of a ruling by the Appeals Chamber confirming the guilt of 3 of the said Hezbollah members. However, the TSL (funded by voluntary contributions) has been unable to conduct trials in cases related to the attack on Rafik Hariri, namely the assassination of Mr Georges Haoui – former Secretary General of the Lebanese Communist Party, and the attacks on former ministers Marwan Hamadé and Elias El-Murr. Without prior notice, this « international community » suddenly decided to stop funding the TSL… while the Lebanese government was unable to continue financing the Court. And the UN Secretary-General was unable to find alternative means. Finally, we note that the Lebanese authorities do not dare arrest those convicted by the TSL, and that the Lebanese justice system does not dare examine the cases relating to the political assassinations that took place following the attack on Hariri.

JF : For some French commentators, the causes of the Lebanese crisis boil down to the inability of an outmoded and corrupt « political class » to face up to the country’s political and social challenges. There is certainly a great deal of truth in this… Major social mobilizations have demonstrated this. But is this the only explanation for what has been happening in Lebanon for so many years? How can we get out of this crisis?

AAK : We must remember that the corrupt political class has been supported and financed by regional and international powers. After Taif, Lebanon was placed under Syrian trusteeship as a compromise. It was only in 2004 that Western policy seriously changed, following President Jacques Chirac’s focus on the situation in Lebanon. Because of his friendship with Rafic Hariri. Resolution 1559 was adopted by the Security Council in September 2004. It called for the withdrawal of Syrian armed forces from Lebanese territory and the demilitarization of Lebanese and non-Lebanese militias. In application of this resolution, the Syrians withdrew their troops from Lebanon in early 2005. But on February 14, a ton of TNT exploded as the Prime Minister’s convoy passed, killing 21 other people. The political class then took advantage of the Syrian withdrawal to forge new, sometimes contradictory alliances, ensuring a shared hold on power and the financing of their political projects.

The solution lies first and foremost in dissolving the Chamber of Deputies and electing new members of parliament in accordance with a new electoral law that complies with the Constitution and the criteria of equality and fair representation. The new parliament will have to initiate radical legislative reforms, principally guaranteeing the independence of the judiciary so that it becomes a truly independent power. Legislation is also needed to restructure the supervisory bodies of the administrative apparatus. On another level, the country needs legislative provisions to fill constitutional gaps, for example to prevent a power vacuum, as is currently the case with the presidency, or with regard to deadlines for the composition of the government by the Prime Minister-designate. Lebanon needs a Head of State who seriously believes in the rule of law. A President who assumes respect for Lebanese sovereignty within the framework of international legality and legitimacy.

Recovering confidence in Lebanon as a viable nation requires a non-selective application of the Constitution. Institutional reforms in application of the Taif Accords have unfortunately remained a dead letter. And the national committee for the abolition of political confessionalism required by the Taëf agreements has not been formed. The abolition of the confessional system, one of the Taif objectives, can only be achieved through the establishment of a Senate (where all spiritual families will be represented) following the election of the Chamber of Deputies on a national and non-confessional basis. However, civil society in Lebanon, along with the Lebanese left – which is poorly represented in Parliament – has not succeeded in taking over from the traditional progressive and reformist parties that pioneered secularism. The battle against the denominational system is a savage one, with some political parties relying so heavily on their denominational affiliation to gain power.

Moreover, Lebanon has no clearly defined borders with Syria. And Israel occupies part of Lebanese territory, permanently violating its national sovereignty. Following the Lebanese left’s decision to demilitarize in application of Taif, an Islamic military resistance (under the name Hezbollah) succeeded in seizing the role that had been won by the Lebanese National Resistance Front, the first military resistance against Israeli occupation. Hezbollah organized itself to drive the Israeli army out of the areas it occupied. The Islamic resistance then developed – with the help of Iran – into an organized regional armed group.

JF : How do you analyze the direct involvement of certain states in Lebanon, in particular Iran, through Hezbollah, and Saudi Arabia? Hezbollah is a real Lebanese political and military force, militarily very much involved in Syria alongside Bashar El Assad’s regime. Why is this so? As for Saudi Arabia, how can we fail to recall its violent political practices, in particular the horrific murder of journalist Jamal Kashoggi in 2018? We also recall that in November 2017, Saad Hariri, then Prime Minister of Lebanon, was taken hostage for 18 days by Mohamed Ben Salman, the Saudi Kingdom’s top leader, in order to influence Lebanon’s internal choices and force Saad Hariri to resign. Lebanon is often described as a « sounding board for regional contradictions ». Is it not, in fact, an arena of direct regional and international confrontation in which the United States and Russia are never absent? Could you explain this highly complex geopolitics to us in the most educational way possible?

AAK : Lebanon, the weakest link, was chosen yesterday as the territory through which to exercise the « duty of resistance » against Israel, previously the enemy of the Arab states… but no longer. We can see, for example, that Syria, despite Israel’s occupation of the Golan Heights, has never opened the slightest battle on its borders to liberate the occupied territories. Despite Israeli raids targeting Damascus and its Iranian allies almost every week, and all over Syrian territory, there has been no Syrian response. The conflict with Israel is taking place in a proxy war waged mainly by Iran in agreement with its Syrian ally. In this role, Hezbollah’s ideology and discipline have strengthened its power. This has helped to expand Teheran’s sphere of action in most Arab countries.

Hezbollah’s involvement in the war in Yemen and its military support for the Houthist attacks on Saudi Arabia have made it an enemy of the Saudis. Their direct confrontation has moved to Beirut. On the other hand, Hezbollah has managed to reach a political agreement with Saad Hariri, who is in principle the Saudi’s main ally. The positive political cohabitation between Saad Hariri and Hezbollah, accused by the TSL in The Hague of the murder of his father Sheikh Rafic, posed a problem for the Saudi regime. The latter wanted to force Saad Hariri to resign as Prime Minister… because he is of Saudi origin. While Riyadh expected Saad Hariri to exploit his official position to isolate Hezbollah, Saad sought peace with the Shiite majority, to ensure at least continuity of power.

Lebanon, designated as a « buffer state », thus served as a battleground for the Iranian-Saudi conflict, and the country split into two main clans, leading to institutional deadlock. The Christians, in turn, were divided between pro-Saudi and pro-Iranian. A Christian majority, lacking the means to do so, decided to remain sheltered from this bipolarization. The regional and Western anti-Hezbollah front had begun to play the Syrian refugee card in Lebanon – mostly Sunni and hostile to Bashar Al-Assad’s regime – in order to change the demographic situation in Lebanon.

Despite the embryonic Saudi-Iranian and Saudi-Syrian entente today, Iran continues to play the Hezbollah card at the negotiating table for a distant peace in Yemen. Initially hostile to Saudi policy in the region, the Biden administration has sought to step up pressure on the Syrian regime. However, the Syrian regime has managed to regain Arab legitimacy. The American disruptive factor complicates the new Saudi policy in Lebanon, and offers Hezbollah a chance to maintain its resistance to Israeli violations of the « blue line » in southern Lebanon. Violations that are becoming more frequent as the pace increases. Russia has succeeded in stabilizing the Bashar Al-Assad regime by making it part of the new « model » alliance with Saudi Arabia on, so to speak, the Chinese axis. The United States is surrounded in the Middle East. The Israeli card seems to them the most inflammable and the most useful for breaking new alliances or agreements, and thus cornering the Arab states into a battle against Iran.

JF : How would you assess France’s involvement? In particular, how would you assess Emmanuel Macron’s so far fruitless attempts to overcome the current political impasse in Lebanon? Do you think France should play a role, in what spirit and for what objectives?

AAK : French involvement has never been interpreted as interference in Lebanon’s internal affairs. The Lebanese have always turned to France for help in difficult circumstances. But France, the historic ally of Lebanon’s Christians and their « tender mother », has changed alliances… France has opened up to other components of Lebanese society. It had tried alliances with both the Sunnis and the Shiites, without any real success. On the other hand, the new French alliances have complicated the role of Paris, which has succeeded in establishing friendly relations with Hezbollah. As a result, Hezbollah is gradually becoming a strategic ally for France. This entente with Hezbollah is based on commercial and oil interests, as well as political interests that extend beyond Lebanon to Iran, Hezbollah’s global sponsor.

Historically, France has supported the Lebanese Presidency, the only Christian one in the Arab world. The fact that Emmanuel Macron, for the Presidency to be elected, had tried for several months to support the candidacy of Christians, those chosen exclusively by Hezbollah, proves that France is de facto breaking the Christian political decision. The President of the Republic is the last base for Christians in Lebanon. He is the guarantor of the Constitution, of diversity and of Islamic-Christian dialogue. He is the « mediator » who ensures the balance between Sunnis and Shiites.

The reversal of French policy, on the grounds of political openness, has cost France dearly. President Macron’s two exceptional visits in the wake of the explosion in the Port of Beirut were, unfortunately, ruthless failures. The French President’s promises to the Lebanese could not be fulfilled due to the radical bipolar division of the Lebanese political scene.

France is advised to change its policy in Lebanon in order to remedy the weakening of the role of Christians, to maintain diversity in order to achieve a state based on civil law… otherwise Lebanon will soon turn into an Islamic republic. France sought a strong ally in Lebanon. It found Hezbollah. But this type of alliance carries the risk of leading to a radical change in Lebanon’s cultural identity. France must help integrate Hezbollah into Lebanese society, not the other way round.
France must be diligent in ensuring that it does not provide political support to corrupt Lebanese politicians. This type of support for Lebanese businessmen tarnishes the image of France, which should be thinking of Lebanon’s future with Lebanese elites seeking only the interests of the nation. Lebanon is almost the only French-speaking footprint in the Arab world, thanks to historical relations based on values such as liberty, fraternity and equality, which are contrary to the values of fanaticism, hate speech and religious and political discrimination.

France is invited to initiate an inter-Lebanese dialogue, based on the principles of the rule of law, democracy and the peaceful settlement of disputes, and on a non-corrupt Lebanese administration for all. Unfortunately, the operation of the Lebanese Constitution according to the Taif principles still requires the presence of an external sponsor exercising « regulatory » power. Prior to 2005, this role was amply fulfilled by the Syrian regime. Protecting Lebanon’s political system requires the courage to amend the Constitution in order to clarify the role of institutions and set clear limits to all discretionary powers. France should play a strong mediating role, in order to consolidate consensual consociative democracy in line with the national (or pactist) pact as an asset of the Lebanese multicultural system. Against any plans to partition, divide or apply « democracy of numbers » for discriminatory, eliminatory and unequal purposes.

The exceptional visit to Lebanon by former minister Jean-Yves Le Drian, President Macron’s personal envoy, represents an unprecedented opportunity. This signal from the Élysée demonstrates France’s determination to put the situation in Lebanon on the right track. Impartiality and objectivity must be the two pillars of a successful mission, which can encourage the Lebanese to solve their problems through dialogue on the nation’s future, away from corruption and fanaticism.

DOCUMENT – Afghanistan : une sombre situation…

Selon un rapport au Conseil de sécurité de l’ONU, le pays connaît « la plus grande crise humanitaire du monde ». Elle s’est aggravée au fur et à mesure que l’année 2023 avançait, le nombre de personnes nécessitant une assistance humanitaire passant de 28,3 millions au début de l’année à 28,8 millions à la fin du mois de mai. Soit plus de la moitié de la population totale du pays (41 millions d’habitants).

Ce document d’information issu du Secrétariat des Nations-Unies donne une idée de la situation dramatique de l’Afghanistan d’aujourd’hui.

https://www.securitycouncilreport.org/whatsinblue/2023/06/afghanistan-briefing-and-consultations-6.php?utm_medium=email&utm_campaign=20%20june%202023%20campaign%20ii&utm_content=20%20june%202023%20campaign%20ii+CID_add79fec9e20a5ab54825ae98b4f0f14&utm_source=Email%20Newsletter&utm_term=Afghanistan%20Briefing%20and%20Consultations
What’s In Blue – Posted Tuesday 20 Jun. 2023 – Security Council Report

Texte intégral du rapport :

Demain (21 juin), le Conseil de sécurité se réunira pour une séance d’information publique, suivie de consultations à huis clos, sur l’Afghanistan. La représentante spéciale du Secrétaire général et chef de la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA), Roza Otunbayeva, et une représentante de la société civile afghane sont attendues. Le chef et représentant de l’OCHA (Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations-Unies) à Genève et directeur de la division de la coordination, Ramesh Rajasingham, informera également le Conseil par vidéoconférence pendant les consultations à huis clos. M. Rajasingham s’exprimera au nom du Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et coordinateur des secours d’urgence, M. Martin Griffiths, conformément à la résolution 2615 du 22 décembre 2021, qui prévoit une exception humanitaire au régime de sanctions de 1988 à l’encontre de l’Afghanistan et demande que le coordinateur des secours d’urgence informe le Conseil, tous les six mois, de l’acheminement de l’aide humanitaire dans ce pays.

La situation humanitaire en Afghanistan reste sombre. Selon la mise à jour humanitaire de mai de l’OCHA sur l’Afghanistan, qui a été publiée le 15 juin, le pays connaît « la plus grande crise humanitaire du monde ». La mise à jour note également que la crise s’est aggravée au fur et à mesure que l’année 2023 avançait, le nombre de personnes nécessitant une assistance humanitaire passant de 28,3 millions au début de l’année à 28,8 millions à la fin du mois de mai.

Le 5 juin, l’OCHA a annoncé que le budget du plan d’intervention humanitaire pour l’Afghanistan en 2023 avait été révisé, passant de 4,6 milliards de dollars à 3,2 milliards de dollars. La mise à jour humanitaire de mai de l’OCHA attribue cette réduction à plusieurs facteurs, notamment le sous-financement, la capacité de ses partenaires humanitaires, l’évolution de l’environnement opérationnel, les dernières projections en matière d’insécurité alimentaire et l’accent mis sur les groupes les plus vulnérables du pays.

Les politiques et les pratiques des Talibans, notamment l’interdiction faite au personnel féminin de travailler pour les ONG et le décret interdisant aux femmes afghanes de travailler pour les Nations-Unies, ont eu un impact particulièrement négatif sur la réponse humanitaire en Afghanistan. Le dernier rapport du Secrétaire général sur la MANUA, qui a été remis aux membres du Conseil le 19 juin, indique qu’il est de plus en plus difficile d’accéder aux femmes dans le besoin, et que les composantes essentielles de la promotion de l’hygiène, de la communication sur les risques et des activités axées sur l’engagement communautaire sont particulièrement touchées. Le rapport note également que la communauté humanitaire a continué à « négocier pour étendre les autorisations ». À cet égard, le Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC) a annoncé le 5 juin qu’il avait repris ses opérations dans certaines parties du pays après que les tTlibans ont accepté de permettre à son personnel féminin de retourner au travail. Dans un tweet du 5 juin, le Secrétaire général du NRC, Jan Egeland, a déclaré que le NRC « a pu reprendre la plupart de ses opérations humanitaires à Kandahar ainsi que dans un certain nombre d’autres régions d’Afghanistan » et que le travail du NRC implique « une participation égale de nos collègues humanitaires féminins et masculins ».

D’autres pratiques et politiques des Talibans ont également eu un impact négatif sur la fourniture de l’aide humanitaire. L’aperçu de l’accès humanitaire de l’OCHA pour le mois de mars, publié le 25 mai, indique que les incidents d’interférence avec les activités humanitaires, y compris le détournement de l’aide et l’interférence avec la sélection des bénéficiaires et le recrutement du personnel, ont triplé par rapport à la même période de l’année dernière. Des rapports ont également été publiés qui suggèrent que les Talibans pourraient continuer à étendre leurs politiques de perturbation des activités humanitaires. Dans une déclaration du 8 juin, Samantha Mort, porte-parole de l’UNICEF, a déclaré que « l’UNICEF est profondément préoccupée par les informations selon lesquelles plus de 500 000 enfants, dont plus de 300 000 filles, pourraient être privés d’un apprentissage de qualité grâce à l’éducation communautaire en l’espace d’un mois si les organisations non gouvernementales internationales travaillant dans le domaine de l’éducation n’étaient plus autorisées à opérer ».

Lors de l’examen de la situation humanitaire en Afghanistan demain, les membres du Conseil exprimeront probablement leur inquiétude face à l’ampleur de la crise et souligneront l’importance de faciliter l’aide humanitaire. Certains membres pourraient demander aux Talibans de se conformer à la résolution 2681 du 27 avril, qui, entre autres, réitère la demande du Conseil que toutes les parties autorisent un accès humanitaire complet, rapide, sûr et sans entrave au personnel des Nations-Unies et aux autres acteurs humanitaires, quel que soit leur sexe. Les membres pourraient également exhorter les Talibans à s’abstenir d’émettre de nouveaux décrets qui entraveraient davantage la capacité des organisations humanitaires à mener à bien leur travail.

Les membres du Conseil sont également susceptibles de se concentrer sur la menace terroriste émanant de l’Afghanistan au cours de la réunion de demain. Le dernier rapport de l’équipe de surveillance soutenant le Comité des sanctions contre l’Afghanistan de 1988, publié le 1er juin, conclut que les liens entre les Talibans et Al-Qaeda et le Tehrik-e-Taliban Pakistan (TTP) restent « forts et symbiotiques » et que « toute une série de groupes terroristes jouissent d’une plus grande liberté de mouvement sous le régime des Talibans ». Le rapport note également qu’Al-Qaida semble reconstituer ses capacités opérationnelles, que le TTP lance des attaques au Pakistan avec le soutien des Talibans et que ces derniers n’ont pas tenu les promesses de lutte contre le terrorisme faites dans l’accord de Doha.

Des attentats terroristes ont également continué à être perpétrés dans tout l’Afghanistan. Le 6 juin, le gouverneur par intérim de la province de Badakhshan a été tué dans un attentat-suicide qui a été revendiqué par l’État islamique en Irak et au Levant – Province de Khorasan (ISIL-K), la filiale afghane de l’État islamique en Irak et au Levant (ISIL/Daesh). Une autre personne a été tuée et au moins six autres ont été blessées au cours de l’attaque. Dans leurs déclarations de demain, les membres du Conseil pourraient souligner que l’Afghanistan ne doit pas devenir un refuge pour le terrorisme et appeler les Talibans à respecter les engagements qu’ils ont pris à cet égard.

La situation des droits de l’homme en Afghanistan, en particulier pour les femmes et les jeunes filles, est un autre sujet susceptible d’être abordé lors de la réunion de demain. Le dernier rapport du rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme en Afghanistan, rédigé conjointement avec le groupe de travail sur la discrimination à l’égard des femmes et des filles, et publié le 15 juin, constate que les Talibans sont responsables « des formes les plus extrêmes de discrimination fondée sur le sexe, et de censure généralisée par le biais de restrictions visant les femmes et les filles, de l’abolition des protections juridiques et des mécanismes de responsabilisation en cas de violence fondée sur le sexe, ainsi que du déni permanent des droits ». De manière plus générale, le rapport du Secrétaire général fait référence à une série de violations des droits de l’homme perpétrées par les Talibans, notamment les exécutions extrajudiciaires, les arrestations et détentions arbitraires, la torture, le recours aux châtiments corporels et les restrictions à la liberté d’expression. Les membres du Conseil peuvent condamner ces violations dans leurs déclarations de demain et exhorter les Talibans à cesser de violer les droits de l’homme. Les membres peuvent également se référer à la résolution 2681 du 27 avril, qui appelle à la participation pleine, égale et significative des femmes et des filles en Afghanistan et demande aux Talibans de revenir rapidement sur leurs politiques et pratiques qui restreignent la jouissance par les femmes et les filles de leurs droits fondamentaux.

Les affrontements frontaliers du 27 mai entre les forces de sécurité iraniennes et talibanes, qui ont fait au moins trois morts et sont survenus dans le cadre d’un différend entre l’Iran et les Talibans sur les droits d’utilisation de l’eau de la rivière Helmand, pourraient également faire l’objet d’un débat. Les membres du Conseil pourraient être intéressés par l’analyse d’Otunbayeva sur les circonstances qui ont conduit aux combats et sur la mesure dans laquelle le changement climatique a contribué à ce différend.

Le 25 avril, l’ONU a annoncé que Feridun Sinirlioğlu avait été nommé coordinateur spécial de l’évaluation indépendante sur l’Afghanistan demandée par la résolution 2679 du 16 mars. (Pour plus d’informations, voir notre article « What’s in Blue » du 16 mars.) Certains députés pourraient se réjouir de la nomination de Sinirlioğlu et exprimer leur soutien à l’évaluation indépendante dans leurs déclarations de demain. L’évaluation indépendante doit être achevée pour le 17 novembre.

Sabotage des gazoducs Nord Stream (Suite)…

La CIA aurait été mise au courant d’un projet ukrainien de destruction.

Maëlane LOAËC (avec AFP) – Publié le 7 juin 2023

– Une enquête du « Washington Post » révèle que la CIA avait été informée par une agence de renseignement d’un pays européen que des forces ukrainiennes s’apprêtaient à saboter le gazoduc Nord Stream.

– C’est ce que dévoilent des documents classifiés, divulgués en ligne au printemps.

– Les services américains auraient été informés en détail de ce plan en juin 2022, soit trois mois avant l’attaque.

Depuis plus de huit mois, le mystère reste épais autour du sabotage des gazoducs Nord Stream 1 et 2. Mais l’enquête progresse, avec de nouvelles révélations du Washington Post. Selon une enquête du quotidien américain, publiée mardi 6 juin, une agence de renseignement d’un pays européen avait prévenu la CIA en juin 2022 que des forces spéciales ukrainiennes comptaient faire exploser le gazoduc Nord Stream. Un plan présenté en détail, trois mois avant l’attaque.

Les gazoducs Nord Stream 1 et 2, devant transporter du gaz naturel de la Russie vers l’Allemagne, avaient été frappés par des explosions sous-marines le 26 septembre et ainsi rendus inopérants, privant potentiellement Moscou de milliards de dollars de revenus. Plusieurs pays, dont la Russie, l’Ukraine et les États-Unis, avaient été accusés d’en porter la responsabilité, mais tous s’en étaient défendus.

Le journal s’appuie sur des informations issues des nombreux documents confidentiels qui auraient été publiés en ligne par le jeune militaire américain Jack Teixeira, avant que la fuite ne soit découverte par l’armée et le suspect appréhendé mi-avril. Ces documents indiquaient qu’une agence de renseignement d’un pays européen non spécifié avait informé la CIA dans un rapport, quatre mois après le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, que des plongeurs militaires répondant directement au commandant en chef des forces armées ukrainiennes prévoyaient cette attaque contre Nord Stream.

« Des raisons de soupçonner Kiev d’être à l’origine du sabotage »

Toujours selon le Washington Post, les États-Unis, après avoir été prévenus du supposé projet de sabotage, en avaient averti des alliés dont l’Allemagne, d’après plusieurs fonctionnaires connaissant bien le dossier, qui ont témoigné auprès du journal sous couvert d’anonymat. « Les détails très précis, qui comprennent le nombre d’agents et les méthodes d’attaque, montrent que depuis près d’un an, les alliés occidentaux ont des raisons de soupçonner Kiev d’être à l’origine du sabotage », note le quotidien.

D’après les fonctionnaires interrogés, les auteurs présumés de l’attaque auraient été informés du fait que ces renseignements avaient été partagés avec plusieurs pays, et auraient donc modifié certains éléments de leur plan. Pour l’agence européenne de renseignement à l’origine de ces informations, l’opération était supervisée par le général ukrainien Valeriï Zaloujniï, à l’insu du président Volodymyr Zelensky, ce qui aurait ensuite permis au dirigeant ukrainien de nier l’implication de son pays dans une attaque susceptible de fissurer le soutien de ses alliés, en particulier européens.

Les révélations du journal américain corroborent des informations d’enquêteurs allemands, selon lesquelles une équipe de six personnes équipées de faux passeports, probablement des plongeurs expérimentés, aurait emprunté un voilier depuis le port de Rostock, en Allemagne, pour conduire l’opération. La société polonaise ayant loué le voilier serait en fait détenue par des Ukrainiens, et au moins un militaire ukrainien aurait participé à l’offensive.

Contactés par le Washington Post, des responsables ukrainiens, la Maison Blanche et la CIA ont refusé de commenter le rapport de l’agence de renseignement. En privé, les responsables du gouvernement de Joe Biden reconnaissent seulement ne pas disposer de preuves concluantes sur l’implication de Moscou dans l’attaque. Des médias danois ont toutefois récemment informé qu’un navire de la marine russe spécialisé dans les opérations sous-marines avait été photographié près de la zone du sabotage peu avant les explosions.

Selon le Washington Post, les services de renseignements américains s’inquiètent depuis longtemps des opérations que l’Ukraine souhaiterait diriger contre la Russie, qui pourraient faire basculer la guerre dans un conflit direct opposant Moscou aux États-Unis et leurs alliés de l’Otan. En février dernier, l’agence de renseignement militaire ukrainienne a accepté, « à la demande de Washington », de reporter des frappes prévues sur Moscou, selon un autre document classifié divulgué. Depuis, un raid de drones a été lancé sur la capitale russe le 30 mai dernier, une offensive inédite, et des incursions armées se multiplient dans la région russe de Belgorod, frontalière de l’Ukraine. Kiev continue de se défendre de toute implication dans ces attaques.

Sabotage de Nord Stream : de nouvelles pistes semblent mener à l’Ukraine.

Une interprétation plus crédible commencerait-elle à se faire un chemin ?..

Manon MICHEL TF1 26 mai 2023

Ce vendredi, l’hebdomadaire « Der Spiegel » révèle de nouvelles informations sur l’affaire du sabotage des gazoducs Nord Stream en mer baltique en septembre 2022.Les investigations policières se concentrent sur le voilier « l’Andromède », qui semblerait lié à l’Ukraine.Des traces d’un explosif fréquemment utilisé ont notamment été retrouvées dans le bateau.

De nouvelles pistes semblent mener à l’Ukraine dans l’enquête sur le sabotage des deux gazoducs Nord Stream reliant la Russie à l’Allemagne. Ce vendredi 26 mai, l’hebdomadaire allemand Der Spiegel a rapporté que les investigations policières se concentraient notamment sur un voilier, l' »Andromède », susceptible d’avoir servi au transport des explosifs utilisés pour le sabotage en septembre 2022 en mer Baltique. Les métadonnées d’un mail envoyé lors de la location du voilier mèneraient en effet à l’Ukraine.

En début de semaine, d’autres médias allemands, membres d’un consortium international de journalistes, ont remonté le fil de la location du bateau, effectuée par une société polonaise qui serait en fait détenue par des Ukrainiens. Et cette découverte n’est pas la seule. En effet, l’hebdomadaire, repris par l’AFP, fait aussi état de la découverte dans le bateau de traces d’un explosif, l’octogène, « très répandu tant à l’Ouest que dans l’ancien bloc de l’Est ».

Commando incontrôlé ? Services secrets ?

Le bateau serait parti de Rostock (port du nord de l’Allemagne) le 6 septembre, avec une équipe de six personnes à bord, dont des plongeurs et un médecin. Un des passagers du voilier, doté d’un passeport roumain, « s’est révélé être un ressortissant ukrainien » qui « aurait servi dans le passé dans une unité d’infanterie ». Tous ces indices « concordent avec les estimations de plusieurs services de renseignement, selon lesquelles les auteurs seraient à chercher en Ukraine », résume le Spiegel. La question reste désormais de savoir si « l’acte a pu être exécuté par un commando incontrôlé ou par les services secrets ukrainiens et dans quelle mesure certains éléments de l’appareil gouvernemental ukrainien étaient au courant ».

Pour rappel, quatre énormes fuites de gaz précédées d’explosions sous-marines avaient été détectées dans ces conduites reliant la Russie à l’Allemagne et acheminant l’essentiel du gaz russe vers l’Europe, le 26 septembre 2022. Une attaque avait rapidement été soupçonnée, suscitant des conjectures tous azimuts sur les auteurs de cette opération logistiquement complexe et diplomatiquement ultra-sensible. Aujourd’hui encore, la responsabilité de l’attaque sous-marine reste un mystère malgré des enquêtes criminelles dans les pays de la région (Allemagne, Suède et Danemark).

Pour une société « d’égalité et de liberté », nous soutenons les Iranien·nes

Tribune 31 mai 2023 Les invités de Médiapart

https://blogs.mediapart.fr/les-invites-de-mediapart/blog/310523/pour-une-societe-degalite-et-de-liberte-nous-soutenons-les-iranien-nes

« Seul le peuple iranien est capable d’établir les éléments fondateurs d’une société nouvelle et moderne » : en écho à une déclaration signée par vingt organisations impliquées dans le soulèvement populaire en Iran, un large collectif d’universitaires, de syndicalistes et de militants internationaux manifeste son soutien à cette proposition d’alternative.

Nous exprimons notre soutien à la déclaration parue en Iran le 15 février (reproduite ci-dessous).

Cette déclaration émane de vingt organisations de terrain impliquées dans le soulèvement actuel : syndicats indépendants du pouvoir, associations de défense des droits des salarié.es, associations de femmes, de retraité.es, d’étudiant.es et des droits humains.

Cette déclaration ne se limite pas dénoncer la répression sanglante et le despotisme religieux (ou non-religieux d’hier). Elle propose simultanément une ébauche d’alternative.

Femme, Vie, Liberté : déclaration des revendications minimales des organisations indépendantes syndicales et civiles d’Iran

Peuple iranien épris de justice et de liberté,

En ce quarante-quatrième anniversaire de la révolution de 1979, les fondements économiques, politiques et sociaux du pays sont pris dans un tel tourbillon de crises et de décomposition qu’aucune perspective n’est envisageable dans le cadre du système politique actuel.

C’est pourquoi depuis cinq mois le peuple opprimé d’Iran – notamment les femmes, et les jeunes épris.es de liberté et d’égalité – ont transformé les rues des villes de tout le pays en une arène historique et décisive du combat pour mettre fin à la situation inhumaine actuelle. Et cela au péril de leur vie étant donnée la répression sanglante de l’État.

Les femmes, les étudiant·es, les enseignant·es, les ouvriers·ères, celles et ceux qui demandent justice (familles et proches des prisonnier.es et prisonniers politiques ou des mort.es dans les manifestations), artistes, queers, écrivain·es, opprimé·es de toutes les régions d’Iran (du Kurdistan au Sistan et Baloutchistan), ont levé le drapeau des protestations fondamentales contre la misogynie, l’exclusion sexiste, l’interminable insécurité économique, l’esclavage de la force de travail, la pauvreté, l’oppression de classe, l’oppression nationale et religieuse. C’est une révolution contre les maux de notre société que le despotisme religieux ou non-religieux nous impose depuis plus d’un siècle. Les femmes et hommes qui luttent en Iran reçoivent un soutien international sans précédent.

Les protestations profondes actuelles sont issues des grands mouvements sociaux modernes, ainsi que du soulèvement d’une génération. Celle-ci n’a plus peur. Elle veut mettre fin à un siècle d’arriération et relever le défi de construire une société moderne de bien-être et de liberté.

Après deux grandes révolutions dans l’histoire contemporaine d’Iran, les grands mouvements sociaux pionniers – mouvement ouvrier, mouvement des enseignant·es et retraité·es, mouvement égalitaire des femmes, des étudiantes et des jeunes, mouvement contre la peine de mort… – veulent changer la structure politique, économique et sociale du pays en intervenant en masse et partir d’en bas.

C’est pourquoi ce mouvement veut mettre fin, une fois pour toute, à l’existence d’un pouvoir d’en haut. Il veut commencer une révolution sociale, moderne et humaine pour l’émancipation du peuple de toute forme d’oppression, d’exclusion, d’exploitation et de dictature.

Nous, les organisations syndicales et civiles signataires de la présente déclaration, sommes attachées à l’unité et la construction de liens entre mouvements sociaux et revendicatifs, ainsi qu’à la lutte contre la situation inhumaine et destructrice actuelle.

Nous considérons que les revendications minimales ci-dessous sont les exigences fondamentales des protestations de fond du peuple d’Iran. Elles préfigurent les bases de l’établissement d’une société nouvelle, moderne et humaine.

Seul le peuple iranien est capable d’établir les éléments fondateurs d’une société nouvelle et moderne. Nous demandons à tous les êtres humains épris de justice, dont le cœur bat pour la liberté, l’égalité et l’émancipation de lever l’étendard de ces revendications de l’usine à l’université, des écoles aux quartiers, et partout dans le monde :

Libération immédiate et sans condition de tous les prisonn·ières politiques. Fin de la criminalisation des activités politiques, syndicales et civiles. Jugement public des commanditaires et agents de la répression des protestations populaires ;

Liberté sans restriction d’opinion, d’expression, de pensée et de la presse. Liberté de constituer, au niveau local et national, des organisations politiques, syndicales et associatives. Liberté de rassemblement, de grève, de manifestation. Liberté des réseaux sociaux et médias audiovisuels ;

Abolition immédiate de la peine de mort, de la loi du talion. Interdiction de toute sorte de torture physique et psychologique ;

Établissement immédiat de l’égalité des droits entre les femmes et les hommes. Et cela dans tous les domaines politique, économique, social, culturel, familial. Abolition immédiate de toutes les lois et formes d’exclusion en raison des appartenances sexuelles, reconnaissance de la communauté LGBTQ+. Décriminalisation de toutes les tendances et appartenances sexuelles. Respect inconditionnel des droits des femmes sur leur corps et leur destin, interdiction du contrôle patriarcal ;

Non-intervention de la religion dans les lois politiques, économiques, sociales et culturelles : la religion est une affaire personnelle ;

Renforcement de la sécurité sur les lieux de travail, protection de l’emploi. Hausse immédiate des salaires des ouvriers·ères, enseignant·es, fonctionnaires et de tous les actifs·ves et retraités·es. Présence, et intervention de représentant·es élu·es d’organisations nationales indépendantes. Conclusion d’accords par ces derniers.

Suppression des lois basées sur l’exclusion, l’oppression nationale, et l’oppression religieuse. Création d’institutions adéquates pour soutenir et répartir égalitairement les moyens publics nécessaires au progrès culturel et artistiques dans toutes les régions d’Iran. Mise en place de façon égalitaire des moyens nécessaires à l’apprentissage et l’enseignement de toutes les langues existantes dans le pays ;

Suppression des organes de répression existants. Limitation des prérogatives de l’État. Intervention directe et permanente de tous et toutes dans l’administration des affaires du pays par le biais de conseils locaux et nationaux. Le pouvoir de révoquer à tout moment tout responsable national ou local, devrait être un droit fondamental des électeurs et électrices.

Confiscation des richesses et actifs du peuple iranien accaparés, directement ou indirectement, par toute personne, entité légale, institution gouvernementales, semi-gouvernementale et privée. Le montant des confiscations doit être utilisé immédiatement pour la modernisation et la refondation de l’éducation nationale, le financement des caisses de retraites, l’écologie, ainsi que pour les besoins des populations des régions d’Iran ayant beaucoup souffert sous les deux régimes islamique et monarchique ;

En finir avec la destruction de l’environnement. Mise en œuvre d’une politique systématique de reconstruction des structures écologiques détruites depuis un siècle. Retour à la propriété publique de tous les espaces naturels ayant été privatisés, dont les pâturages, les plages, les forêts et les montagnes ;

Interdiction du travail des enfants et garanties pour leur vie quotidienne et leur éducation, indépendamment de la situation économique et sociale de leurs familles. Création d’assurances chômage et d’une sécurité sociale fortes pour toutes les personnes en capacité de travailler ou non. Gratuité de l’éducation et du système de santé pour toutes et tous ;

Normalisation des relations extérieures au plus haut niveau avec tous les pays du monde. Celles-ci doivent être basées sur des relations justes et le respect réciproque. Interdire les armes atomiques et œuvrer pour la paix mondiale.

Nous pensons que les revendications de base ci-dessus sont réalisables immédiatement, étant donné les ressources actuelles et potentielles du pays, l’existence d’une population consciencieuse et capable, ainsi que d’une jeunesse aspirant à une vie décente, gaie et libre.

Ces revendications correspondent aux principes fondamentaux des signataires. Il est évident que la poursuite de la lutte et de la solidarité nous permettra d’apporter plus de précisions.

Les signataires iranien·nes :

Conseil de coordination des associations syndicales des enseignant.es d’Iran

Union libre des ouvriers·ères d’Iran

Union des associations étudiantes unitaires

Association de défense des droits humains

Syndicat des ouvriers/ères de la canne à sucre Haft-Tapeh

Conseil d’organisation des protestations des salarié·es non – contractuel·les du secteur pétrolier

Maison des enseignant·es d’Iran

Éveil féminin

Voix des femmes d’Iran

Voix indépendante des ouvriers métallurgistes du groupe national de l’aciérie d’Ahvaz

Association de défenseurs/es des droits des salarié.es

Association syndicale des ouvriers électriciens et métallurgistes de Kermanchah

Comité de coordination pour l’aide à la constitution des syndicats ouvriers

Union des retraité·es

Conseil des retraité·es d’Iran

Association des étudiant·es progressistes

Conseil des élèves libres-penseurs d’Iran

Syndicat des ouvriers peintres en bâtiment de la province de l’Alborz

Comité de soutien à la fondation de syndicats ouvriers d’Iran

Conseil des retraité·es de la Sécurité sociale

Les soutiens internationaux

ATTAC – CEDETIM – CGT – ENSEMBLE – ESSF – FSU – MRAP – NPA – PEPS – SSTI – UNION SYNDICALE SOLIDAIRES – UNSA – COBAS SARDEGNA (Italie) – CSP Conlutas (Brésil) – CUB (Italie) – FREIE ARBEITER UNION (Allemagne) – LABOURNET GERMANY (Allemagne) – PALESTINIAN POSTAL SERVICE WORKERS UNION (Palestine) – SYNTRASEH (Bénin) – RSISL

– Nicole ABRAVANEL, historienne, membre de la section EHESS de la LDH,

– Gilbert ACHCAR, universitaire (Grande-Bretagne),

– Basile ACKERMANN, Union Départementale CGT 93, CGT Educ 93,

– Moshiur Rahman AKASH, secrétaire général de Ghani Welfare Foundation (Bangladesh),

– Badrul ALAM, président de Bangladesh Krishok Federation (Bangladesh),

– Keemrul ALAM, Revolutionary Youth Association (Bangladesh),

– Sylvain ALIAS, commission internationale de l’Union syndicale Solidaires,

– Alain ALPHON-LAYRE, ancien secrétaire confédéral de la CGT,

– Sophie ALSIBAI, médecin Inspecteur de Santé Publique ARS Grand-Est (UNSA),

– Marcelo AMENDOLA, secrétaire général de la CUB (Italie),

– Ségolène AMIOT, députée LFI-NUPES,

– Shamim ARA, president de la Bangladesh National Workers Federation (Bangladesh),

– Béhrouz AREFI, Solidarité socialiste avec les travailleurs en Iran (SSTI),

– Sylvie AUDIN, employée de commerce CGT,

– Joël AVIRAGNET, député (PS) de la Haute-Garonne,

– Baharane Sultan BAHAR, président de la Jagobangla Sramic Federation (Bangladesh),

– Etienne BALIBAR, professeur émérite, Université de Paris-Nanterre,

– Ludivine BANTIGNY, historienne,

– Alain BARON, commission internationale de l’Union syndicale Solidaires,

– Elodie BECAM, Union Départementale CGT 27,

– Hosne Ara BEGUM, président de Bangladesh Floating Woman Labor Union (Bangladesh),

– Olivier BESANCENOT, ancien candidat à l’élection présidentielle,

– Mel BIENENFELD, membre de « Tempest Collective » (USA),

– Sophie BINET, secrétaire générale de la CGT,

– Sultan Ahmed BISWAS, dirigeant de Progotisheel Krishok Sangram Parishad (Bangladesh),

– Kazi BOHAN, président de Bangladesh Rural Intellectual Front (Bangladesh),

– Alexandra BOJANIC, co-animatrice du secteur international de la FSU,

– Mariano BONA, militant associatif et syndical (38),

– Jérome BONNARD, secrétaire national de l’Union syndicale Solidaires,

– Claire BORNAIS, secrétariat national de la FSU,

– Milan BRGLEZ, membre du Parlement européen (Slovénie),

– Rachel BRISHOUAL, secrétaire nationale de l’UNSA, secteurs Europe/International/Logement,

– Michel CAHEN, directeur de recherche émérite du CNRS à Sciences Po Bordeaux, historien de la colonisation,

– Claude CALAME, historien, directeur d’études EHESS

– Nadine CASTELLANI LABRANCHE, UD 13 Marseille, CGT-Education, Recherche, Culture, directrice de publication Educ’action,

– CGT-FAPT, activités postales et de télécommunications,

– Magali CHAILLEUX, CGT Nantes Transports Urbains,

– Jacky CHATAIGNER, commission internationale de l’Union syndicale Solidaires,

– Lou CHESNE, porte-parole d’ATTAC,

– Nara CLADERA, co-secrétaire fédérale de SUD Education (Solidaires), Réseau syndical international de solidarité et de luttes (RSISL),

– Herbert CLAROS, secrétaire aux relations internationales de CSP-Conlutas (Brésil),

– Chrystelle COLOMBAN, CGT Maison de retraite St Just St Rambert (Loire),

– Philippe CORCUFF, professeur de science politique à Sciences Po Lyon,

– Cristel COSTE, CGT Centre Hospitalier Roanne (Loire),

– Pierre COUTAZ, syndicaliste CGT – Conseiller confédéral du secteur international,

– Christian DANDRES, avocat, député au parlement suisse (Suisse),

– Jean-Claude DAVAT, UNSA Grand Annecy et Villes membres,

– Randy DAVID, Professeur émérite, Université des Philippines (Philippines),

– Guislaine DAVID, co-secrétaire générale et porte-parole FSU-SNUipp,

– Cybèle DAVID, secrétaire nationale de l’Union syndicale Solidaires,

– Christophe DENARIE, secrétaire générale UNSA Aix-les-bains,

– Antoine DETAINE, militant du NPA,

– Xavier DORLAND, ingénieur INP, UNSA,

– Mojca DRČAR MURKO, ancienne députée européenne (Slovénie) ,

– Bernard DREANO, président du CEDETIM,

– Arnaud DUCHATEAU, militant CGT Montigny-en-Gohelle (62),

– Simon DUTEIL, co-délégué général de l’Union syndicale Solidaires,

– Steve EARLY, journaliste, écrivain et syndicaliste de la New Guild/CWA (USA),

– Sabine ENDERS, militante d’Attac,

– Didier EPSZTAJN, animateur du blog « entre les lignes entre les mots » (France),

– Laurent ESCURE, secrétaire général de l’UNSA,

– Béhrouz FARAHANY, Solidarité socialiste avec les travailleurs en Iran (SSTI),

– Samuel FARBER, professeur émérite de Science politique, City University of New York (USA),

– Patrick FARBIAZ, Pour une Ecologie Populaire et Sociale (PEPS),

– Jacques FATH, chercheur indépendant, spécialiste des relations internationales,

– Nejat FEROUSE, conseiller confédéral de la CGT,

– Marina FERRERUELA, collaboratrice de député La France insoumise,

– Pierre FIALA, universitaire,

– Roland FICHET, militant de l’Union syndicale Solidaires Haute-Savoie,

– Julien FONTÉ, secrétaire général du SNUTER-FSU, secrétariat national de la FSU,

– Jacqueline FRANCISCO, secrétaire générale du SNPESPJJ-FSU, secrétariat national de la FSU,

– Samuel R. FRIEDMAN, chercheur en santé publique, poète (USA),

– Régis FRUTIER, CGT La Vie Ouvrière,

– Frank GAUDICHAUD, historien, Université Toulouse Jean Jaurès,

– Sigrid GERARDIN, co-secrétaire générale du SNUEP-FSU, secrétariat national de la FSU,

– Abdul GHANI, président de Building Construction Workers Union (Bangladesh),

– Paolo GILARDI, syndicat des services publics (Suisse),

– Nayla GLAISE, Eurocadres (Belgique),

– Suzanne GORDON, journaliste et écrivaine, co-fondatrice du Veterans Healthcare Policy, membre du syndicat News Guild/CWA (USA),

– Murielle GUILBERT, co-déléguée générale de l’Union syndicale Solidaires,

– Nawel HADJADJ, délégué syndical CGT ADP Gsi,

– Philippe HOGRAINDLEUR, CGT FAPT (poste et télécommunications) Belfort (90),

– Yves HOLLINGER, postier retraité, syndicaliste SUD PTT,

– Motahar HOSSAIN, president de Gano Chhaya Sanskritic Kendro (Bangladesh),

– Aaron JAFFE, professeur associé de philosophie à la Juilliard School, co-éditeur de Spectre (USA),

– Bruno JAFFRÉ Bruno, animateur du site thomassankara.net,

– Claire JOBIN, sociologue (Suisse),

– Stéphane JULIEN, syndicaliste, revue La Révolution prolétarienne,

– Shamsunnahar KHAN DOLI, président de Bangladesh Kishani Sabha (Bangladesh),

– Zayed Iqbal KHAN, secrétaire général de Bangladesh Krishok Federation (Bangladesh),

– Babak KIA, Solidarité socialiste avec les travailleurs en Iran (SSTI)

– Amir KIANPOUR, doctorant en philosophie, membre du comité de rédaction de radio Zamaneh,

– Omoli KISKU, président de Bangladesh Adivasi Samity (Bangladesh),

– Aurore KOECHLIN, sociologue, militante féministe et anticapitaliste,

– Zbigniew Marcin KOWALEWSKI, chercheur et éditeur (Pologne),

– Daniel KUPFERSTEIN, réalisateur,

– Dan LA BOTZ, co-editeur de New Politics (USA),

– Patrick LABRUE, secrétaire régional UNSA ferroviaire APC Poitou-Charente,

– Dharmasiri LANKAPELI, Peoples Socialist Forum (Sri Lanka),

– Patrick LAURENCEAU, NPA,

– Séverine LAURENT, secrétaire de l’Union Départementale UNSA des Deux-Sèvres (79),

– Renée LE MIGNOT, présidente honoraire du MRAP,

– Kevin LE TETOUR, co-secrétaire fédéral de Sud-Education,

– Frederic LEBARON, sociologue à l’ENS Paris-Saclay, président de l’association Savoir / Agir,

– Frederic LEPLAT, Anticapitalist Resistance (Angleterre et Pays de Galle),

– Patrick LESCURE, Union départementale CGT 30,

– Christelle LEVY, secrétaire générale CGT Mines-Energie,

– Sonja LOKAR, spécialiste freelance internationale des questions de genre (Slovénie),

– Michael LOWY, directeur de recherche émérite au CNRS (France),

– Christian MAHIEUX, syndicaliste SUD-Rail (Union syndicale Solidaires), Réseau syndical international de solidarité et de luttes (RSISL)

– Chowra MAKAREMI, anthropologue, chargée de recherche, CNRS-EHESS-Iris,

– Arnaud MALAISÉ, secrétariat national de la FSU,

– Jan MALEWSKI, rédacteur de la revue Inprecor,

– Patrick MARGATE, militant communiste pour la solidarité entre les peuples,

– Paul MARTIAL, rédacteur d’Afriques en lutte,

– Caroline MECARY, avocate,

– Moir MENSION, NPA,

– Roland MERIEUX, membre de l’équipe d’animation nationale d’Ensemble,

– Henri MERMET, commission internationale d’Ensemble,

– Nathalie METCHE, CGT Mairie de Toulouse, Services Publics,

– Suhrawardy MIAH, président de Bangladesh Bakolight Labor Union (Bangladesh),

– Arnaud MOCQUELET, CGT RATP,

– Gilles MONDON, secrétaire national UNSA,

– Robi MORDER, juriste et politologue,

– Elisabeth ORNAGO, Union départementale CGT 92,

– Jaime, PASTOR, politologue, revue Viento Sur (Etat espagnol),

– Lucien PERPETTE, syndicaliste retraité (Belgique, Slovénie),

– Elsa PETIT HASSAN, NPA,

– Alice PICARD, porte-parole ATTAC,

– Claudine PICQUART, retraitée CGT,

– Boris PLAZZI, secrétaire confédéral CGT en charge des salaires, `

– Charles POST, sociologue, City University of New York, membre du comité éditorial de Spectre (USA),

– Christine POUPIN, porte-parole du NPA,

– Philippe POUTOU, porte-parole du NPA,

– Stefania, PREZIOSO BATOU, députée au Conseil National, Ensemble à gauche (Suisse),

– Matteo PRONZINI, député au Grand conseil du Tessin (Suisse),

– Christèle RISSEL, SDEN (Educ’action) 56 Lorient,

– Philippe ROBERT, AIA (Atelier Industriel de l’Aéronautique) Clermont Ferrand, FNST (Fédération des transports),

– Gilbert RONAN, CGT Nantes – Transports Urbains FNST,

– Marie-Noëlle ROUSSE, secrétaire nationale UNSA (Union Nationale des Syndicats Autonomes),

– Pierre ROUSSET, animateur d’Europe solidaire sans frontières (ESSF),

– Henri SAINT JEAN, militant associatif,

– Abdus SALAM, Bangladesh Floating Labor Union (Bangladesh),

– Sara SALEMI, Solidarité socialiste avec les travailleurs en Iran (SSTI),

– Pauline SALINGUE, porte-parole du NPA,

– Catherine SAMARY, chercheure en économie politique, membre du conseil scientifique d’Attac,

– Saleha Islam SANTONA, président de Motherland Garment Workers Federation (Bangladesh),

– Bernard SARLANDIE, CGT-Ferc (Fédération de l’Education, de la Recherche et de la Culture), Le Haillan (33),

– François SAUTEREY, co-président du MRAP,

– Jakob SCHÄFER, syndicaliste (Allemagne),

– Houshang SEPEHR, Solidarité socialiste avec les travailleurs en Iran (SSTI),

– Nedjib SIDI MOUSSA, auteur et enseignant,

– Cécile SILHOUETTE, militante d’Ensemble,

– Milena ŠMIT, diplomate (Slovénie),

– Ashley SMITH, membre du magazine Tempest Collective (USA),

– Syndicat CGT Atlantic, SCPRO La Roche-sur-Yon, Vendée,

– Claude SZATAN, Cedetim,

– Tania TANCELIN, Union Syndicale Départementale CGT 84,

– Stéphane TASSEL, SNESUP-FSU, secrétariat national de la FSU,

– Imad, TEMIZA, secrétaire de Palestinian Postal Service Workers Union (Palestine),

– Benoît TESTE secrétaire général de la FSU,

– Kudroti Khoda TOTAN, president de Bangladesh Sramic Federation (Bangladesh),

– Catherine TRAN-PHUNG-CAU, Bureau Union Confédérale des Retraités CGT,

– Enzo TRAVERSO, historien,

– Charles-André UDRY, rédacteur du site alencontre.org (Suisse),

– URIF-UNSA, Union régionale Ile-de-France de l’Union nationale des syndicats autonomes),

– Roseline VACHETTA, ancienne députée européenne,

– Pierre VANDEVOORDE, militant de la solidarité avec les prisonniers du PAC et des CDF en Syrie,

– Christian VARIN, syndicaliste, militant de la solidarité internationale,

– Béatrice VAUTHERIN, universitaire,

– Sophie VÉNÉTITAY, secrétaire générale du SNES-FSU, secrétariat national de la FSU,

– Antoine VIGOT, co-animateur du secteur international de la FSU,

– Nicolas WALLET, co-secrétaire général de la FSU-SNUIPP, secrétariat national de la FSU,

– Mag WOMPEL, LabourNet Germany (Allemagne),

– Karen YAMANAKA, Japan Revolutionary Communist League (Japon),

– Lovely YASMIN, président de la Bangladesh Ready-made Garments Federation (Bangladesh).