Crise en Europe
Être à la hauteur du défi.
Édito de la Lettre des Relations internationales du PCF de mai 2010
« Les 3 fonctions attribuées à la construction européenne sont manifestement épuisées… »
La crise grecque retient légitimement l’attention. La réponse imposée par le
FMI et l’Union européenne soulève l’indignation, tellement la régression
sociale qu’elle comporte est d’une gravité exceptionnelle.
Mais cette crise, en réalité, est systémique, au sens où elle touche au capitalisme
mondialisé lui-même. Elle est aussi européenne, au sens où elle montre
les limites atteintes par un forme d’intégration qui n’a pas créé une communauté,
mais un grand marché où la concurrence est libre et les marchés
financiers dominants.
Ce n’est d’ailleurs pas le trio présidentiel communautaire (Barroso, Zapatero,
Van Rompuy) qui gère la crise : ce sont les gouvernements. Ils le font
en contradiction avec les règles mêmes des traités. Ils sont de toute façon
« hors traités » depuis longtemps puisque la quasi-totalité des pays de l’UE
ne respectent plus – et de loin – les critères du Pacte de stabilité. La crise
est donc financière, économique, institutionnelle, politique… C’est bien une
crise systémique.
Les plans d’austérité draconiens partout risquent de s’accompagner de
reculs démocratiques et de mises en cause des souverainetés. Ces plans
posent une double question : ne vont-ils pas surtout aggraver la crise en provoquant
un marasme économique encore plus profond ? Et puis, sont-ils
socialement et politiquement tenables ?
Cette situation inédite donne une grande responsabilité aux communistes,
aux progressistes, à toutes les forces qui veulent se rassembler et agir pour
une vraie alternative à gauche.
Les 3 fonctions attribuées à la construction européenne actuelle – Europe
« protection », Europe « puissance » et Europe comme projet d’avenir –
sont manifestement épuisées. Il faut réinventer la construction européenne.
Redéfinir un projet social, démocratique, écologique, institutionnel européen,
avec l’ambition d’installer un nouvel acteur positif dans le monde pour
la coopération, la sécurité et la paix.
Naturellement, cette approche nouvelle est inséparable d’un enjeu décisif :
celui du projet de société, de la mise en cause des règles du capitalisme et
des marchés financiers. Il y a des convergences et des solidarités européennes
à bâtir pour cela et pour montrer qu’il y a d’autres réponses possibles.
L’heure est à la résistance sociale et indissociablement à la créativité politique.
Il faut être à la hauteur du défi.